Super Mario RPG : De la plate-forme au tour par tour, il n’y a qu’un saut

Sorti initialement en 1996 sur Super Nintendo, Super Mario RPG marque la première collaboration entre Nintendo et Squaresoft et permet au moustachu de laisser ses plates-formes le temps d’un RPG. Proposition étonnante pour l’époque mais qui parviendra pourtant à mixer astucieusement les deux univers. 27 ans plus tard, le titre, peu connu du grand public occidental, s’offre une cure de jouvence via un remake aussi qualitatif que chargé de souvenirs.

S’étant brillamment affranchi du carcan de la plate-forme pour s’essayer à d’autres genres comme le party game (la saga des Mario Party), la création (Super Mario Maker, Mario Paint) ou le sport (Mario Strikers, Mario Golf), le plombier s’est lui aussi pris d’affection pour le RPG à travers différentes séries comme Paper Mario, Mario & Luigi ou Mario et Les Lapins Crétins. Super Mario RPG est donc une sorte de précurseur et il n’est pas étonnant que Nintendo se soit à l’époque tourné vers Squaresoft, avec qui la firme avait déjà noué des liens solides et qui avait déjà prouvé à de multiples reprises son savoir-faire dans le genre via des sagas comme Final Fantasy, celle des Mana ou bien encore le premier Front Mission.

Il est donc logique que dans sa structure, Super Mario RPG soit extrêmement classique, autant dans sa progression que ses combats ou son histoire. Rien n’est vraiment surprenant mais rien n’est mauvais également, et si on lui rajoute cette surcouche de mini-jeux voire de « plates-formes », la formule fonctionne parfaitement à sa sortie et encore aujourd’hui grâce à un très joli lifting et diverses améliorations (assistance pour les coups chronométrés, save automatique en plus de la save manuelle, boîte de rangement pour le surplus d’objets…).

Découvrir Super Mario RPG en 2025, c’est donc accepter ce classicisme ou même le nombre restreint de personnages jouables et de techniques à disposition. Le système de jeu est également assez sommaire puisqu’on évolue au sein d’une map en nous rendant de lieu en lieu, on y affronte les nombreux ennemis présents (bien qu’on puisse les éviter) pour gagner de l’exp et la plupart du temps, on en découd avec des boss jusqu’à récupérer les sept étoiles de la Route étoilée (où tous les vœux sont exaucés) dérobées par Forgeroi, l’antagoniste du jeu. D’un point de vue scénaristique, Super Mario RPG n’est pas à proprement parlé déroutant même si il nous permet de visiter différents lieux du royaume Champignon mais aussi et surtout de former une équipe éclectique constituée de Mallow, Geno, Bowser ou bien encore Peach, l’un des membres les plus intéressants soit dit en passant.

Dans l’absolu, on pourrait se demander qu’est ce qui a conduit Nintendo à « remaker » ce jeu disposant d’une fanbase assez limitée et d’un fond quelque peu daté. L’une des réponses est sans doute l’alchimie entre tous les éléments qui fonctionne encore très bien actuellement. Le jeu est assez court (18 heures environ pour le 100% sans compter un contenu post game permettant d’affronter des versions améliorées des boss déjà occis), ses combats au tour par tour manquent de stratégie et l’histoire est plutôt banale mais dans sa globalité, Super Mario RPG est un jeu qui s’apprécie pour toutes les petites friandises distillées ici et là, qu’elles soient synonymes d’easter eggs, de mini jeux ou de différents biomes apportant une vraie diversité fonctionnant encore mieux aujourd’hui grâce à la qualité dudit remake.

Ainsi, on aura de cesse de parcourir le titre pour dénicher toutes les mélodies de Toadofsky afin de pouvoir acheter des objets spécifiques particulièrement utiles, de réussir une chasse au trésor à travers le royaume Champignon pour obtenir un item doublant notre défense ou bien encore de parler à tous les PNJ et fouiller chaque recoin pour découvrir des secrets nous menant généralement vers des récompenses fort utiles. On citera également les épreuves s’inscrivant un peu plus dans l’ADN du plombier (la descente de la cascade, la course de la mine…) même si certaines d’entre elles s’avèrent moins réussies à l’image de la course de Boshi aussi simple à comprendre qu’extrêmement difficile à maitriser à cause d’un gameplay manquant de précision. D’ailleurs, au rayon des écueils, on citera aussi des sauts parfois très frustrants à cause de perspectives trompeuses dues à la 3D isométrique.

Cependant, l’exploration reste agréable, d’autant qu’il n’y a pas de combats aléatoires. Libre à vous d’éviter les ennemis ou non. Notons que le jeu s’avère sans doute trop simple (même en Normal) puisque en « levelant » un minimum, même les boss ne vous poseront aucun problème, hormis Jinx et Cristax, les deux boss optionnels autrement plus puissants et qui vous demanderont d’avoir les meilleurs équipements. Concernant les combats justement, on sent que le jeu a été pensé pour plaire à un large public, Super Mario RPG étant parfait pour s’initier au genre du tour par tour. Ceci tient à un système accessible, manquant de profondeur mais permettant à contrario d’utiliser toutes les facettes du jeu à commencer par la complémentarité entre les membres de votre team.

En effet, si votre équipe est constituée de cinq membres, seuls trois pourront combattre au même moment. Pour autant, si l’un de vos membres meurt au combat, ce ne sera jamais vraiment problématique pour deux raisons. La première est que vous pourrez le faire revivre avec tous ses HP en utilisant un consommable. La seconde (propre à ce remake) est qu’en cas de mort d’un coéquipier, vous aurez la possibilité de le remplacer instantanément par un autre personnage en réserve et ce sans perdre de tour. Vous devriez donc rouler sur le jeu d’autant que les consommables sont légion sans parler des équipements (d’attaque et de défense) à disposition.

Sur ce point, c’est également assez classique puisque seules quelques armes et armures propres à chaque personnage pourront être dénichées. Vous pourrez également équiper chaque membre d’un bijou lui conférant plus d’exp, de défense, de vitesse, etc. Notons une petite spécificité voulant qu’en fonction des trois personnages choisis, vous aurez accès à une super attaque différente. Il conviendra alors de tester plusieurs combinaisons pour débloquer les cinq attaques à disposition et les utiliser au bon moment en vidant la jauge appropriée se remplissant au fur et à mesure des combats. Enfin, un bestiaire vous en apprendra un peu plus sur les faiblesses des ennemis, certains étant insensibles à des types d’attaques. Tout ceci vous facilitera la composition de votre team d’autant que chaque héros dispose d’un panel d’attaques spéciales (utilisables tant que vous aurez des points de fleur) faisant de Peach la healeuse du groupe tandis que Bowser fera office de tank, Geno de «pistolero», Mallow de magicien, Mario, lui, étant relativement neutre.

En définitive, ce Super Mario RPG reste une bonne porte d’entrée pour les néophytes en matière de RPG et un vrai souffle de nostalgie pour celles et ceux ayant découvert l’original. Les efforts fournis par ArtePiazza sont visibles, la joie de (re)découvrir ce classique est constante même si il faudra aller au-delà des limitations de game design et de gameplay ancrées dans les années 90. Si vous y parvenez, vous aurez le droit à un jeu très « feel good » soutenu par des idées sympathiques et un scénario certes classique mais s’amusant avec la place de certains personnages iconiques de la saga Mario. Rien que pour ça, l’aventure mérite le détour.

Si l’approche était originale en son temps, Super Mario RPG devient un remake fait avec amour et passion bien que reposant sur un gameplay quelque peu daté. Le ressenti variera donc en fonction de vos connaissances en matière de RPG, de votre histoire avec l’original ou tout simplement de votre curiosité. La proposition est atypique, la réalisation à la hauteur et pour le reste, il ne tient qu’à vous de le découvrir.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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