Concurrente de la saga Resident Evil, Silent Hill prend, dès le départ, le parti d’être complémentaire à la série de Capcom en jouant davantage sur l’aspect psychologique de son intrigue que sur son action. En résulte un nombre important d’épisodes (dix) dont Silent Hill 2 est encore aujourd’hui le mètre étalon. S’attaquer à un tel monument n’était pas chose aisée mais Bloober Team (Layers of Fear, Observer, The Medium) a mis toute sa passion et son expertise pour ressusciter cet incontournable avec talent et respect.
Dès son introduction, Silent Hill 2 pose les bases de l’aventure à venir. Seul dans les toilettes d’un parking bordant la ville de Silent Hill, James Sunderland fait face à son propre reflet. Il passe alors la main sur son visage comme pour se persuader qu’il se trouve bel et bien là, avant d’entamer une longue descente vers la bourgade américaine afin d’y chercher Mary, sa femme disparue. Bien que plusieurs façons d’appréhender le jeu se côtoient depuis la sortie de l’original, jouer à Silent Hill 2 reste une expérience immersive et, logiquement, ceci est encore plus vrai avec ce remake.
C’est tout d’abord la forme qui permet une plus grande immersion avec des modèles 3D, des textures, des effets qui n’ont plus rien à voir avec ceux de l’original. Sur ce point, Bloober Team a fait de l’excellent travail en rendant Silent Hill plus mystérieuse, plus surréaliste que jamais, en prenant le meilleur de l’original mais aussi de la version cinématographique de Christophe Gans. Plonger dans ces rues désertes dont les accès sont bloqués par des immenses murs de toile, des gouffres béants, braver ce brouillard impénétrable au son des grésillements de notre radio annonçant la proximité d’une créature, prend encore plus aux tripes. La forme accentue le malaise et qu’on connaisse ou non l’histoire, la (re)découverte du jeu fascine toujours autant. Les développeurs ont également eu la bonne idée de faire à nouveau appel à Akira Yamaoka, dont les compositions, si typiques et indissociables de la série, habillent toujours aussi parfaitement les images influencées par les œuvres de Escher, Bosch ou bien encore Francis Bacon.
Plus insondable que jamais, Silent Hill se pare ici d’une atmosphère poisseuse, suintante, tout en se drapant parfois dans de très beaux jeux de lumière. La série se pose plus que jamais comme la saga rivale et complémentaire de celle de Capcom, déjà par le simple fait de ne jamais mettre en avant son action malgré la présence de boss (dérangeants à souhait) ou bien encore le choix d’une difficulté (Facile, Normale ou Difficile) influant également sur les puzzles bien plus recherchés que ceux de Resident Evil. Mais c’est surtout à travers son histoire que Silent Hill 2 fascine une fois de plus. Bloober Team n’a finalement pas changé grand-chose (sorti de quelques dialogues réécrits) et c’est une bonne nouvelle d’autant que l’immersion est accentuée grâce à la caméra épaule remplaçant les angles plus éloignés de l’original.
On sera par contre déçus de ne pas retrouver le scénario Born from a Wish qui offrait un peu plus de profondeur au personnage de Maria, centrale dans le récit. Néanmoins, les documents supplémentaires contribuent à densifier un scénario psychologique où l’amour côtoie les thèmes du pardon, du deuil, du déni, en transformant le tout en autant de névroses guidant un homme s’enfonçant toujours un peu plus dans sa Psyché. Si on regrettera les propos du producteur ayant récemment expliqué certains éléments du scénario (il aurait mieux fallu garder la part de mystère afin que chacun se fasse sa propre opinion), l’écriture fait encore sensation et va de pair avec le rythme lancinant ou bien encore les lieux visités revisitant les grands classiques du cinéma d’horreur : l’hôpital, l’immeuble à l’abandon, la prison et bien sûr, dans le cas présent, les rues de Silent Hill, que ce soit dans leur version altérée ou non.
Ainsi, entre un gameplay assoupli comprenant quelques ajouts (mais aussi certains défauts comme la relative imprécision des interactions avec les objets à récupérer) et des affrontements plus agréables, un visuel joliment dépoussiéré (que ce soit en mode Qualité ou Performances et ce malgré quelques reflets « glitchés »), une durée de vie rallongée (une vingtaine d’heures est nécessaire pour boucler une première run, bien plus si vous désirez voir les huit fins disponibles dont deux inédites) et le plaisir de retrouver ce ressenti délicieusement anxiogène, Silent Hill 2 Remake réussit son pari de ressusciter cette légende du survival horror qui dans sa construction s’avère classique mais toujours aussi efficace.





Vingt-trois ans après sa sortie sur PS2, Silent Hill 2 impressionne toujours autant par son atmosphère, sa narration et ses niveaux de lecture influant grandement sur l’interprétation qu’on se fait de l’œuvre. Techniquement moins impressionnant que le remake des derniers RE, n’intégrant pas le scénario Born from a Wish, Silent Hill 2 Remake parvient néanmoins à immerger le joueur, grâce à son travail sur les ambiances, les affrontements (plus souples qu’à l’époque) ou bien encore son excellent sound design épaulé par quelques nouvelles compositions d’Akira Yamaoka. Des raisons suffisantes pour (re)découvrir ce classique de l’horreur aussi envoûtant que malsain.