Uncharted : Legacy of Thieves Collection : Jusqu’au bout de l’extrême limite

Respectivement sortis sur PS4 en 2016 et 2017, Uncharted 4 : A Thief’s End et Uncharted : The Lost Legacy constituaient une sorte de pierre angulaire de l’action vidéoludique. Portés par de grandioses scènes d’action et des panoramas à couper le souffle, le 4ème volet des aventures de Nathan faisait office de conclusion alors que The Lost Legacy représentait une sorte de passage de flambeau. Cinq ans plus tard, les deux jeux n’ont rien perdu de leur puissance sur PS5.

Alors que j’évoquais il y a quelque temps la façon dont Naughty Dog avait fait évoluer le jeu d’action en offrant à la série Uncharted une qualité d’écriture héritée de celle de The Last of Us, Uncharted 4 : A Thief’s End aura également bénéficié des connaissances du studio américain qui avait réussi à pousser la PS4 dans ses derniers retranchements. Bluffant à bien des égards, ce volet se montrait aussi intelligent dans le traitement de ses personnages que généreux dans ses gunfights au point, même, des les étirer inutilement par moments.

Un an plus tard, The Lost Legacy mettait en avant Chloé Frazer (aperçue dans Uncharted 2 & 3) et l’une des antagonistes de Uncharted 4, Nadine Ross. Proposant un duo féminin, une aventure exotique à souhaits, une excellente durée de vie et un niveau en semi open world (construit sur les ruines de ce qui avait été réalisé pour le 4), le jeu avait réussi de façon très agréable à prolonger la série sans pour autant être au niveau de son plus proche parent.

Cependant, combinés, les deux titres forment toujours un incroyable diptyque qui, grâce aux capacités de la PS5 (4K, 120fps, audio 3D, temps de chargements réduits grâce au SSD ou prise en compte de la DualSense), retrouve une seconde jeunesse en se présentant plus que jamais comme un Must Have pour qui n’aurait pas eu la chance de croiser leur route.

Quand l’action n’est plus une option

Outre ses spécificités techniques, et une poignée de nouveaux Trophées, cette version PS5 a également l’avantage, comme je le disais plus haut, de transcender l’oeuvre de Naughty Dog qui n’a pas pris une ride. Uncharted 4 accumule les morceaux de bravoure et fait montre d’une parfaite maîtrise quand il s’agit de mettre en scène l’action, qu’elle soit synonyme de fusillades dantesques, de courses-poursuites éblouissantes ou même d’un duel au sabre évoquant les plus grands films de pirates. Replonger dans le costume de Nathan Drake fait un bien fou d’autant que cette aventure lui offre bien plus d’épaisseur que les autres épisodes, via sa relation avec son frère, Sam, parfaitement narrée via plusieurs flash-back renouant avec le passé de notre baroudeur, ou bien encore Elena, avec qui il mène une vie paisible de couple marié.

C’est donc à travers des remises en question, la réalité du quotidien ou son rapport à l’action que Nathan va traverser ce qui semble voué à être son dernier périple, du moins en tant qu’acteur principal. Et pour la peine, Naughty Dog a tout mis en œuvre pour flatter la rétine. Chaque tableau de jeu est plus beau que le précédent, la quantité d’armes à disposition permet de sans cesse renouveler les sensations et si le combat au corps à corps s’avère basique, l’infiltration, classique mais efficace, amène quelques légères variations dans les approches bien que le jeu reste malgré tout une ode à l’action hollywoodienne. Explosif, le rythme ne faiblit jamais et autant dans les lieux traversés que les joutes verbales entre Sam et Nath (formant un excellent duo dignes de ceux des meilleurs buddy movies), Uncharted 4 se montre éloquent.

Deux femmes ou rien

Si il était difficile de passer après Uncharted 4, The Lost Legacy se montre à la hauteur même si il va de soit que l’impression de déjà vu minimise un peu notre ressenti. Néanmoins, en optant pour une atmosphère plus homogène, proche de celle d’Uncharted 2, ce spin-off se laisse suivre même si on a un peu de mal au tout départ à croire à ce duo, pour qui on a de l’empathie mais qui sonne parfois un peu faux, surtout après avoir dépeint Nadine comme une mercenaire sans foi ni loi dans le précédent volet. Conscient de cet état de faits, les scénaristes ont donc essayé de créer une alchimie entre les deux super-women et il faut avouer que ça fonctionne plutôt bien passées quelques heures, les péripéties vécues cimentant le respect mutuel des deux femmes. A ce sujet, je ne saurai que vous enjoindre à écouter toutes les conversations optionnelles, souvent très drôles et offrant à Nadine un surplus d’humanité qui la rend plus attachante.

Visuellement, The Lost Legacy marche dans les pas d’Uncharted 4 et aligne les décors magnifiques synonyme de citées oubliées, de vastes étendues sauvages, d’une ancienne mine désaffectée ou de passages évoquant Tomb Raider, l’un des inspirations majeures de la saga. Optimisant son niveau en semi open world de façon moins artificielle que celui d’Uncharted 4, le titre alterne alors entre exploration (indispensable pour trouver l’ensemble des Trésors), énigmes bien pensées et, une fois de plus, de très bons gunfights. La formule est connue mais elle fonctionne toujours aussi bien qu’on soit en 2017 ou 2022. Mentionnons toutefois que le online d’Uncharted 4 pointe aux abonnés absents, ce qui pourra peut être faire grincer quelques dents bien que ce ne soit pas le plus important. De même, bien que leur jeu soit encore sublime aujourd’hui, Naughty Dog n’a apporté aucune amélioration graphique à son bébé qui, par exemple , ne gère pas le ray tracing. Mais ici aussi, ce n’est pas un vrai problème en soi tant les deux titres présents ont passé avec brio l’épreuve du temps.

Bien qu’on eut apprécié d’avoir droit à l’entièreté des épisodes dans une seule et même Collection, difficile de ne pas succomber une fois encore à l’appel de l’aventure tant Uncharted 4 et The Lost Legacy représentent ce qui se fait de mieux en matière d’action sur PS4 et PS5. On pourra reprocher l’absence du multi online ou de vraies améliorations graphiques mais vu que l’écrin est toujours aussi magnifique et que l’écriture offre à ces deux jeux des personnages drôles et vivants pour lesquels on ne cessera de vibrer, impossible de nier que le plaisir de jeu est toujours aussi fort.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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