Avec la profusion de shonen arrivant à intervalles réguliers, il est aujourd’hui difficile d’innover autant dans les personnages proposés que les intrigues racontées. De fait, à chaque nouvelle arrivée, la même question se pose : va-t-on enfin profiter d’une certaine once de fraîcheur et d’originalité ? Et bien, sachez que ce n’est pas Togen Anki qui brisera cette réflexion tant ce premier tome s’avère convenu et sans surprises.
Rappelant pèle-mêle les récents Jujutsu Kaisen ou Fire Force, ce premier volume met en scène le jeune Shiki, un adolescent recueilli par un père adoptif dont il n’a que faire. Fan d’armes à feu, il a quelque peu «upgradé» la supérette de son père afin de vendre ce qu’il affectionne le plus : les pétoires. Alors que Shiki et son père sont en train de se prendre la tête, un certain Samidare Momoya, membre du clan Momotaro, débarque à l’improviste et essaie d’éliminer son père. Celui-ci ne tardera à révéler à Shiki que ce dernier est en fait un Oni (une créature du folklore japonais) et que Samidare fait partie d’un clan visant à les éliminer, lui et ses pairs, de la surface de la Terre.
Si la contextualisation se fait en l’espace d’un chapitre, la suite va également très vite en se reposant malheureusement beaucoup trop sur la sacro-sainte formule du Shonen. Maito Mudano, un représentant de l’Oni Corp, qui comme son nom l’indique est une organisation composée de démons visant à éliminer le clan Momotaro, prend Shiki «sous son aile» et le met à l’épreuve pour savoir si il est digne de faire parie du groupe. Détenteur d’un énorme pouvoir qu’il ne maîtrise pas encore, Shiki fait montre de capacités étonnantes en matérialisant son sang afin que celui-ci prenne la forme d’un démon pouvant lui aussi matérialiser diverses armes à feu. Maito va alors le ramener à l’académie Rakshasa spécialisée dans la formation des Oni. Shiki y rencontrera ses futurs compagnons d’armes avec qui il va devoir faire équipe pour affronter Maito lors d’une épreuve si il ne veut pas être renvoyé de l’école.
Bien que nous n’ayons pas le temps de nous ennuyer dans ce premier volume, celui-ci demeure malheureusement extrêmement commun tant dans ses situations que ses personnages. Evoquant une sorte de mélange entre Deadman Wonderland (pour les pouvoirs liés au sang) et The Darkness de Top Cow (pour la créature protéiforme que Shiki peut matérialiser), Togen Anki ne cherche nullement pour l’instant à bousculer la formule du shonen et se borne à installer son univers de façon très conventionnelle. On ne sera donc pas étonnés devant cette galerie de personnages quelque peu stéréotypés (le héros impulsif, le mentor ténébreux, la jeune demoiselle au caractère exacerbé, un peu gauche mais recelant un immense pouvoir, le camarade badass avec qui Shiki finira sans doute par former le meilleur des duos…) et on imagine que la suite tournera autour des facultés des Oni afin d’amener un peu d’originalité, dans les affrontements notamment.
Sur ce point, ceux de ce premier tome témoignent d’une belle énergie et d’une certaine maîtrise de Yura Urushibara (dont il s’agit du premier manga) dans le découpage même si ici aussi, ils s’avèrent assez convenus. Il faudra donc attendre quelques tomes de plus pour voir si l’auteur a suffisamment d’idées pour se renouveler et ne pas s’enfermer dans une trop grande routine. C’est tout ce qu’on souhaite en espérant que Togen Anki parvienne également à se démarquer à travers son univers.