The Art of James Cameron : Entre souvenirs d’ado et blockbusters

Regrouper plus de 25 ans de carrière d’un homme comme James Cameron n’est pas chose aisée tant il a apporté au cinéma, tant il a eu une vie riche, tant ses passions (pour les fonds marins notamment) respirent l’aventure. La Cinémathèque française s’est penchée sur la question et avec l’aide du maître a réussi à en extraire la substantifique moelle à travers une exposition passionnante malgré quelques manques.

Visiter L’Art de James Cameron revient à rentrer dans la tête d’un géant, à naviguer dans son monde et à constater que l’homme n’a pas attendu d’être adulte pour commencer à illustrer ses univers de prédilection tout en concevant les siens, la plupart du temps issus de ses rêves. La qualité ses œuvres à l’âge de 14, 15 ans a de quoi étonner autant dans la maitrise de son trait (qui lui vaudra de remporter plusieurs concours) que sa propension dès son adolescence, à coucher sur papier ses thématiques de prédilection.

Ainsi, si l’exposition n’est pas conçue de manière totalement chronologique (plusieurs œuvres comme Aliens ou Terminator sont présentes comme une sorte de fil rouge), on y trouve malgré tout une sorte de continuité nous permettant de suivre le parcours de Cameron, de son adolescence donc, à son passé d’illustrateur (avec quelques magnifiques affiches très ancrées dans le cinéma Bis) à sa rencontre avec Roger Corman puis à sa carrière cinématographique, de Terminator à Aliens en passant par Abyss ou bien encore Avatar. Si on sera surpris de ne pas avoir une seule ligne concernant l’excellent True Lies, on appréciera en revanche la pluralité des documents (plus de 300) avec un bon équilibre entre les nombreux croquis, concept arts, props (issus pour certains du magnifique Musée Cinéma et Miniatures de Lyon) et vidéos.

Bien que la scénographie soit assez classique, mentionnons toutefois quelques décors donnant vie à certains dessins de Cameron ou bien encore une pièce dédiée à Titanic avec, en son centre, le script tel un manuscrit sacré, ainsi que des rambardes et portes utilisées sur le tournage. Bien que le film soit important dans la filmographie du réalisateur ainsi que pour l’industrie (avec un record au box-office invaincu pendant plus de 12 ans avec plus de 1,8 milliards engrangés) et qu’on puisse y glaner quelques anecdotes (concernant, notamment le carnet de dessins de Jack dont Cameron s’occupera lui-même), on pourra être déconcerté par le fait que le long-métrage soit finalement sous-représenté tout comme le côté aventurier du réalisateur ayant effectué de nombreuses plongées sous-marines en vue de réaliser/produire plusieurs documentaires sur les fonds marins. Certes, on sort ici du cadre du cinéma (bien que cette passion lui ait été profitable pour ledit Titanic) mais sorti d’une caméra conçue pour filmer dans les grands fonds, pas d’autre véritable mention concernant ce point.

Toutefois, comme je le précisais au-dessus, les déambulations dans l’exposition restent très agréables grâce à une scénographie bien pensée laissant respirer les œuvres (ainsi que les visiteurs) tout en ne nous donnant jamais l’impression qu’on nous jette le plus d’éléments possibles à la figure sans aucune réflexion derrière. Au contraire, The Art of James Cameron décrit parfaitement le parcours du Canadien, ses centres d’intérêt, sa passion pour la science-fiction, la technologie, les femmes fortes, tout en truffant l’ensemble de diverses anecdotes qu’elles soient sous forme écrite, vidéo ou via une timeline interactive regroupant l’ensemble de ses films.

Il est ainsi passionnant de (re)plonger dans l’imaginaire d’un tel conteur qui dès 1978 avec son court métrage Xenogenesis, avait posé un grand nombre de concepts et d’idées qu’il exploitera des années après dans divers longs-métrages. Gourmande sans pour autant donner la nausée, réfléchie, accessible (le tarif de 14 euros est très abordable pour les 2 à 3 heures nécessaires pour en faire le tour), The Art of James Cameron est une échappatoire pour qui aimerait comprendre le parcours du cinéaste, se rappeler aux bons souvenirs de toutes ces œuvres cultes ou tout simplement découvrir de passionnants documents autour du processus créatif d’un homme connu pour son savoir faire et son intransigeance. Cerise sur le gâteau, pour accompagner cette exposition (se tenant jusqu’au 05/01/2025), on pourra acheter le magnifique ouvrage Tech Noir, dans une version, certes, allégée par rapport à son homologue anglais, mais entièrement traduit, comprenant une somme incroyable d’informations et servant de parfait complément à une exposition aussi riche qu’indispensable à tout amateur de cinéma.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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