Bien qu’Apple Tv+ soit en retrait par rapport à ses concurrents directs que sont Netflix, Disney+ ou même Prime, la plate-forme n’en comporte pas moins quelques pépites comme Servant (malgré une S03 décevante) et surtout Ted Lasso qui en l’espace de deux saisons, propose une telle bouffée d’air frais et de bonne humeur qu’il serait criminel de passer à côté.
Initialement, le personnage de Ted Lasso existe depuis 2013. C’est en effet à cette époque qu’il apparaît dans des publicités pour la chaîne NBC Sports qui venait d’acquérir les droits de retransmission de la Premiere League anglaise. Déjà interprété par Jason Sudekis, ce dernier incarnait alors l’entraîneur-chef du Tottenham Hotspur F.C. de Londres. C’est sur cette base que la série d’Apple sera ensuite créée avec quelques ajustements. Cette fois Ted Lasso, officiant aux Etats-unis comme entraineur de football américain, est recruté par Rebecca Welton (Hannah Waddingham) qui dirige l’équipe fictive de l’AFC Richmond. Ne connaissant absolument rien au soccer, Ted va compenser ces lacunes par son indéfectible positivisme, son sens de l’écoute et ses conseils pour souder son équipe et la mener aux sommets.
Welcome to England
Bien que l’ensemble baigne dans une ambiance sportive, le football est finalement presque secondaire tant la série s’attarde davantage sur les relations entre les membres de l’équipe plutôt que les matchs dont on ne verra finalement que quelques actions ici et là afin de maintenir le fil rouge consistant à savoir si Richmond parviendra à conserver sa place en Premiere League à l’issue de la S01. Tout en jouant avec beaucoup d’humour (et sans trop en faire) sur les différences culturelles entre l’Amérique et l’Angleterre, ladite saison permet à Jason Sudekis de donner de l’épaisseur à Ted qui, envers et contre tous, garde le cap grâce à son indéfectible bonne humeur et son empathie naturelle. Face à lui, Rebecca ne tarde pas à dévoiler ses cartes en avouant à Higgins (le gestionnaire du club) qu’elle a embauché Ted afin que le club soit relégué en seconde division, ceci dans un unique but de vengeance vis à vis de son mari Ruppert (ex propriétaire du club auquel il est toujours très attaché) qui l’a trompé avec une midinette et avec qui elle est depuis divorcée.
En comptant sur la méconnaissance totale de Ted à propos du foot (élément sans doute le moins crédible du show d’autant qu’au terme de la S02, cet état de faits est toujours vrai), Rebecca espère bien lui faire autant de mal que Ruppert ne lui en a fait. Cependant, elle se rendra compte très rapidement de la bonté d’âme de Ted et mettra petit à petit en doute ses motivations, aidée en cela par Higgins mais aussi Keeley (la copine du joueur star Jaimie Tartt) avec qui elle se liera d’amitié.
De prime abord, Ted Lasso est une comédie gentillette jouant sur les personnalités de ses protagonistes. En soit, c’est ce qu’elle est et de ce point de vue-là, c’est tout simplement brillant tant chaque personnage est utile à l’équilibre du show et à l’avancée de l’histoire. Entre l’égocentrique Jaimie, le vétéran taciturne Roy Kent, l’énergique Keeley, l’ambitieux Nathan ou le coach Beard, bras droit de Ted, aussi laconique qu’à l’affût de tout ce qui se passe autour de lui, la S01 virevolte entre des scènes toujours drôles, aux dialogues savoureux et jouant notamment avec beaucoup de tendresse sur les clichés des supporters. C’est aussi l’une des grandes forces de la série qui sait toujours quand il faut s’arrêter en oscillant entre comédie pure et moments plus émouvants. La S01 ne perd jamais de temps et, grâce à la durée fluctuante de ses épisodes (entre 30 et 45 minutes), va à l’essentiel en offrant à son casting une succession de scènes servant aussi bien le récit dans sa globalité que chacun des joueurs pour leur donner un peu plus de personnalité. La fin est d’ailleurs parfaitement orchestrée en dévoilant les faiblesses de Ted tout en ouvrant la voie à une Saison 02 bien plus profonde qu’on ne pouvait l’espérer.
Droit au but
Plus longue de deux épisodes que la première saison (soit une douzaine), la S02 étonne à plus d’un titre. Dévoilant les anxiétés de Ted, optant parfois pour un côté Love Actually à travers des relations amoureuses charmantes à souhait grâce à des dialogues mettant une fois encore dans le mille, elle prend davantage son temps afin d’approfondir chacun des protagonistes jusqu’à offrir un incroyable et hilarant épisode centré sur le coach Beard.
Gardant toujours l’avenir du club en toile de fond, la série prend bien plus d’assurance dans ses situations en se reposant toujours sur des moments parfaitement maîtrisés que ce soit à travers la relation entre Roy et Keeley, l’intrigue amoureuse entre Rebecca et son mystérieux prétendant ou bien encore l’arrivée de la psychologue Sharon offrant une dimension plus profonde au show. Bien que cette dernière soit au tout départ prétexte à quelques moments savoureux de par son rôle et la place qu’elle occupe dans le club (dans tous les sens du terme), elle ne tardera pas à devenir plus centrale en révélant les problèmes se cachant derrière la bonhomie de Ted et ce jusqu’à un très émouvant face à face entre les deux personnages, ici aussi sans trop en faire, sans trop en dire. C’est bien là la force majeure de Ted Lasso qui sait toujours où se situer pour piquer au vif, faire rire ou bien encore émouvoir ses spectateurs. Inutile de dire que la Saison 03 aura la lourde tâche de succéder à deux saisons quasi parfaites mais on a envie de faire confiance aux scénaristes, acteurs et producteurs pour faire aussi bien si ce n’est mieux.
Ted Lasso est une série formidable, portée par ses acteurs, ses dialogues, ses situations et son côté bienveillant. Parfaitement complémentaires, les deux saisons exposent puis approfondissent les personnages afin de leur offrir une personnalité marquée par l’amour, la générosité ou bien encore l’ambition. Généreuse, portée par ce subtil mélange d’humour anglais et américain, le show met constamment dans le mille et ce jusqu’au dernier plan de sa S02 annonçant d’ores et déjà une suite des plus excitantes.