S’inscrivant dans une longue liste de mangas s’étant intéressés au jeu vidéo, à leurs univers ainsi qu’à leurs joueurs, Shangri-La Frontier leur embraye le pas en ne souhaitant pas nécessairement réinventer la roue. Pour autant, ce premier tome montre déjà une excellente maîtrise du sujet et une exécution graphique des plus plaisantes.
Débutant de façon somme toute classique, ce premier volume nous présente le bien nommé Sunraku, passionné de jeux vidéo mal finis, au gameplay maladroit et au game design inexistant, en somme : des belles bouses. Accro à ces titres buggés, l’adolescent passe son temps à acheter les pires jeux qu’il puisse trouver avec comme objectif de les terminer en contournant tous leurs soucis de conception. Un jour, alors qu’il vient de terminer un énième titre sans intérêt, sa route croise celle du MMORPG Shangri-La Frontier, titre plébiscité par plus de 30 millions de membres. Va alors commencer une nouvelle aventure virtuelle pour le jeune homme qui devra mettre à profit les talents acquis après avoir déjoué les pièges de centaines de jeux finis à la va-vite.
Ce premier tome de Shangri-La Frontier ne perd pas une seule seconde et, à peine a-t-on le temps de faire la connaissance de Sunraku, qu’il est déjà à pied d’oeuvre dans le MMORPG en découvrant petit à petit les rouages du gameplay. Une très bonne chose permettant au titre de nous immerger dès les premières pages dans ce monde rempli de gobelins, gigantesques serpents ou de PNJ à l’IA des plus développées. En parallèle, le scénariste Katarina a eu la bonne idée d’expliquer les termes techniques pour les néophytes et d’intégrer, à l’image du manga Versus Fighting Story, un guide pour expliquer les rouages du jeu et ce qui le constitue. D’ailleurs, au rayon des bonus, on citera également en fin de volume une nouvelle se déroulant avant les événements du manga ainsi qu’un aperçu du prochain tome. Fort appréciable.
Concernant l’histoire en elle-même, comme je le disais, l’ensemble s’avère très convenu mais son rythme associé au dessin très dynamique de Ryosuke Fuji (L’Attaque des Titans : Lost Girl) procurent un plaisir de lecture bien réel. Notons que si vous êtes joueurs, nombre de passages devraient grandement vous parler, de la création d’avatar au dispatch des points de compétence sans oublier les premiers combats contre des ennemis faiblards pour engranger facilement de l’EXP ou bien encore la rencontre avec le premier boss. Qu’on aime ou non les genres du MMO ou du RPG, Shangri-La Frontier sait parler à notre fibre de gamer et c’est donc tout naturellement qu’on suit Sunraku dans ses pérégrinations qui le mèneront rapidement à rencontrer l’une des Sept suprêmes, autrement dit des monstres uniques surpuissants, cibles des guildes de Top players. D’ailleurs, cette première rencontre débouchera sur un élément ici aussi assez commun pour un shonen mais conférant au héros une aura plus impressionnante qui devrait bien entendu déboucher sur une évolution rapide de ses capacités.
De fait, on se retrouve vite en terrain connu et si les personnages secondaires sont assez limités dans ce volume (qui privilégie encore une fois les phases de levelling de Sunraku, la découverte du MMO ainsi que les rudiments régissant le genre), certains d’entre-eux, intégrés fugacement mais bien entendu des plus classes, devraient également prendre de l’ampleur dans les volumes suivants. Amis ou ennemis ? Seul l’avenir nous le dira.
Pour l’heure, la place laissée à l’action l’emporte et ces premières planches regorgent d’affrontements très bien mis en scène, dynamiques, lisibles et mettant en avant les connaissances du héros, dont l’équipement rudimentaire (un simple short et un masque d’oiseau) s’avère inversement proportionnel à ses capacités en combat et sa connaissance des jeux vidéo.
A ce titre, signalons que l’ambiance reste légère, même si on aurait apprécié un peu plus d’humour, et que les dernières planches nous convient à une rapide excursion dans une partie cachée du jeu plutôt savoureuse d’où Sunraku devrait ressortir encore plus puissant.
Sans atteindre la qualité d’un Outlaw Players, Shangri-La Frontier a donc de sacrés arguments en sa faveur et on attend désormais avec grande impatience le prochain volume afin de vérifier si les auteurs auront suffisamment d’idées pour varier leur récit (notamment en alternant un peu plus entre le monde réel et virtuel) tout en conservant l’excellent dynamisme de ce Tome 01.