Premier épisode de la franchise à ne pas être réalisé par le regretté Wes Craven, Scream se devait d’aller aussi loin que le quatrième épisode, imparfait mais qui avait réussi à faire oublier le troisième volet aussi timoré que poussif. C’est tout ce qu’on était en droit d’attendre d’autant que la gestation de ce volet aura pris autant que celle de Scream 4, autrement dit 11 ans. Malheureusement, fidélité ne rime pas toujours avec efficacité.
Dès sa première scène, calquée sur celle du premier volet, Scream assume pleinement son aspect référentiel tout en modernisant son approche à travers la technologie mais aussi et surtout ses références cinématographiques. Tout en citant des films comme It Follows ou Mister Babadook, le long métrage se positionne d’entrée de jeu comme leur parfait contraire afin de ne pas faire oublier aux spectateurs qu’ils sont toujours devant un slasher et non pas un film de «smart horror» possédant notamment plusieurs niveaux de lecture et des sous-textes sociétaux. Le message est donc clair : Scream est le digne héritier de la franchise et sera constitué de tout ce qui faisait le sel des précédents épisodes : des meurtres perpétrés par Ghostface et un aspect meta à travers ses personnages. Logique sauf qu’ici, le tout tourne vite au vinaigre.
Ce n’est pourtant pas tant le fait de retrouver un groupe d’adolescents (parmi lesquels se cache a priori le tueur) qui agace que l’impression que ce dernier ne soit finalement que le porte parole des scénaristes lorsqu’il s’agit de pointer du doigt les franchises et les attentes des fans. L’aspect meta, cher aux précédents films, prend ici une tournure très hautaine dès lors qu’il s’agit d’analyser le genre horrifique mais aussi la saga Scream. Ironiquement, alors que les scènes se suivent, ledit aspect meta passe de moins en moins bien. En effet, Scream n’est rien d’autre qu’un fac-similé du premier opus bien qu’il ne surprenne plus, si ce n’est dans le traitement des personnages récurrents qui survolent le film comme des âmes en peine. Sydney, Gale, Dwight représentent ainsi les gardiens de la série sauf que leur place au sein de l’intrigue est traitée par dessus la jambe. De femme forte, Syd devient ici un personnage quasiment secondaire tandis que Gale, toujours à la recherche d’une bonne histoire, revient à Woodsboro et tombe sur son ancien amour, Dewey. La rencontre des trois comparses s’avère forcée et les événements futurs consolident cet état de faits aussi bien dans les réactions des protagonistes que leurs attitudes.
Si Dwight fait office de sensei auprès du groupe d’adolescents en rappelant scrupuleusement les règles à suivre pour qui désire rester en vie, il rappelle aussi combien les personnages du premier volet étaient plus intéressants que ceux de cet opus voués à être trucidés les uns après les autres jusqu’à ce que la vérité éclate. Le côté mimétique de ce cinquième film se retourne alors contre lui, autant dans les apparitions de Ghostface, prévisibles ou jouant maladroitement sur un humour forcé lorsqu’il s’agit de «placer» les prochains jump scares, et les meurtres brutaux mais sans aucune originalité. Si on s’amusera à repérer tous les easter eggs et références (d’une musique du premier épisode passant ici à un élément diégétique pour renforcer l’aspect meta, au lieu du troisième acte, malheureusement spoilé dans les trailers), le fait est qu’on ne vibre jamais pour les nouveaux protagonistes, aussi plats que convenus. Oui, le côté whodunit est toujours présent et si l’excitation de découvrir qui se cache derrière le masque de Ghostface est là, la révélation finale sonne tellement faux qu’on en sera presque gêné.
Scream illustre donc à merveille le fait que la fidélité à une œuvre ne fait pas tout, surtout qu’ici, elle ressemble plus à une façade n’arrivant jamais à masquer l’ambition de ses auteurs plus occupés à pointer du doigt toutes leurs références en nous faisant un clin d’oeil pour être sûrs que nous avons bien compris où ils veulent en venir. Il n’en ressort au final qu’un épisode vide de sens parsemé de personnages pour lesquels nous n’avons jamais aucune empathie. Triste constat pour un opus à titre posthume.
Cherchant constamment à nous prendre de haut en jouant avec nos souvenirs et nos attentes, ce Scream se montre aussi lourdeau dans son aspect meta que peu imaginatif dans ses meurtres. N’assumant jamais vraiment ses prises de position et manquant au final de respect pour ses personnages, ce cinquième volet s’avère aussi référentiel que maladroit dans sa construction singeant celle des précédents volets au point de ne pouvoir assumer la comparaison.