Bien que Resident Evil ait depuis très longtemps cédé aux sirènes du cross media à travers quantité d’adaptations, la saga horrifique de Capcom n’avait jamais eu le droit aux honneurs d’une série d’animation. C’est désormais chose faite grâce à Netflix même si dans le cas présent, on aurait pu s’en passer.
Disons le tout de go, alors que Resident Evil : Infinite Darkness tente de s’adresser aussi bien aux fans qu’aux profanes, aucun des publics visés ne s’y retrouvera vraiment. La série de TMS Entertainment et Quebico accumule tellement de poncifs qu’elle réussit l’exploit de n’être qu’une sorte de parodie ringarde de l’univers du jeu de Capcom en se basant sur l’un de ses points faibles, son scénario. Ce dernier fait état d’une cyber-attaque à la Maison Blanche à la suite de quoi, le Président des Etats-Unis fait à nouveau appel à Leon S. Kennedy pour enquêter et savoir d’où provient le problème. L’ensemble n’étant composé que de quatre épisodes de 25 minutes, Leon ne tarde pas à faire la rencontre de Claire Redfield (comme le monde est bien fait), membre de l’ONG TerraSave. Très rapidement, ils vont se mettre en quête de vérité qui fera état, oh surprise, d’un complot et d’expérimentations diverses.
Le principal problème du scénario d’Infinite Darkness ne vient pas tant du fait qu’il tente de se situer à la croisée des chemins du film de guerre et du thriller mais bel et bien de son envie de traiter son sujet le plus sérieusement possible en n’assumant jamais le côté «nanaresque» de son intrigue à l’inverse des précédents films en CGI. Guère aidé par une écriture désarmante de médiocrité, le tout en devient involontairement drôle et kitsch. Certains dialogues (notamment entre Leon et Jason, ancien militaire traumatisé par son passé et depuis mandaté par la Maison Blanche) accumulent les lourdeurs, qui plus est renforcées par une musique symphonique, les flash-backs de Shen May (elle aussi agent fédéral) sont mal amenés et ne permettent jamais d’offrir une quelconque épaisseur au personnage voué à n’être que le pâle reflet d’Ada Wong, et Claire Redfield est si effacée que la série aurait aisément pu se passer d’elle. D’ailleurs, son traitement devrait agacer plus d’un fan puisque qu’après nous l’avoir présenté comme le pendant féminin de Leon dans Resident Evil 2, la femme forte devient ici une sorte de fantôme survolant le show jusqu’à moment où, piégée et incapable de faire un saut de plus d’un mètre pour s’en sortir, elle devra patiemment attendre que le beau mister Kennedy vienne la sauver.
Inintéressant, prévisible et manquant de dramaturgie, le scénario n’en oublie pas pour autant d’incorporer quelques clins d’oeils aux fans ainsi que diverses scènes d’action pour maintenir un certain rythme. Malheureusement, ces dernières doivent composer avec une animation très inégale (ou, au choix, totalement dépassée) ainsi qu’une réalisation n’étant jamais au niveau de celle d’un Degeneration/Damnation/Vendetta. Eiichirō Hasumi ayant la manie de toujours laisser sa caméra en mouvement, le tout devient difficile, voire extrêmement désagréable à suivre, le gunfight de l’épisode 3 (de nuit et simplement éclairé par les tirs d’armes à feu) étant un véritable cas d’école à déconseiller aux épileptiques. Tout le temps rattrapé par sa durée limitée, la série accélère grandement les choses dans le dernier épisode et finit par complètement s’emmêler les pinceaux à travers un retournement de situation tellement mal utilisé que les scénaristes se sont par la suite sentis obligés d’inclure une séquence supplémentaire pour amener une éventuelle Saison 02 qui aura la lourde tâche de nous faire oublier ces quatre épisodes aussi décevants qu’inutiles.
Que vous connaissiez ou non la saga vidéoludique, difficile de conseiller Resident Evil : Infinite Darkness. Cherchant à développer une intrigue complète à travers quatre épisodes, la série ne fait que mettre en avant son écriture abominable, une intrigue datée et un niveau technique inégal. Accumulant les clichés, minimisant le rôle de Claire Redfield au profit de Leon, Infinite Darkness ne parvient à convaincre ni dans son histoire, ni dans son action et encore moins dans sa réalisation.