Lucrative bien que conspuée par les fans, la première série de films Resident Evil avait au moins le mérite, au plutôt l’audace, de s’affranchir assez rapidement de la série de jeux vidéo bien qu’y piochant régulièrement des passages cultes pour faire du gringue à la fanbase. Il était donc logique que ce reboot prenne le contre-pied de ce qui avait été fait avant en se présentant dès le départ comme le digne héritier cinématographique de la licence de Capcom. Intention louable malgré un cafouillage assez dérangeant.
Alors qu’on aurait pu imaginer ce reboot de Resident Evil prendre son temps, c’est tout le contraire qui a lieu. Passée, une introduction nous présentant les jeunes Chris et Claire Redfield dans l’orphelinat de Raccoon City, le film opère un rapide bond en avant pour se dérouler de nos jours. Outre le fait que l’origin story des Redfield ait été modifiée, ladite introduction choisit de faire la lumière sur la jeune Lisa Trevor, qu’on pouvait apercevoir dans le remake du jeu original. Idée intéressante sauf qu’au final, elle ne servira pas vraiment la narration, si ce n’est dans le troisième acte, et ce, de façon assez convenue pour ne pas dire naïve.
Pour autant, Johannes Roberts (les réussis 47 Meters et The Strangers : Prey at Night) soigne ses plans et parvient même à créer une certaine ambiance horrifique qu’on ne pensait pas retrouver dans cette nouvelle adaptation. Le constat est d’ailleurs similaire durant la première demi-heure de métrage, entre l’arrivée de Claire à Raccoon et l’exposition de la bourgade américaine (retrouvant taille humaine après la transformation en mégalopole dans le remake de Resident Evil 2), plutôt habilement emballées et laissant espérer une atmosphère beaucoup plus anxiogène que celles des précédents films. Malheureusement, c’est à partir de ce moment-là que rien ne va plus.
En effet, plutôt que d’adapter le premier jeu en prenant son temps pour présenter la situation et les enjeux (aussi bis soient-ils), le réalisateur, et scénariste, choisit de mixer les deux premiers titres, sans doute pour étendre sa narration à Raccoon, au delà du manoir Spencer. On ne sera donc pas surpris de retrouver Leon S. Kennedy côtoyant les Redfield, Albert Wesker, Jill Valentine ou bien encore le chef Brian Irons. Bien que l’idée ait du sens pour proposer davantage d’action, elle s’avère ici catastrophique tant le film ne prend jamais son temps pour vraiment creuser ses personnages. De fait, chacun d’entre eux survole le film, la palme revenant à Wesker dont les motivations ne justifient jamais son retournement de veste.
Dans sa globalité, Bienvenue A Raccoon City est donc un gigantesque gloubi-boulga d’idées écrites à la va-vite et de références aux jeux ne donnant jamais l’impression de vouloir réellement raconter quelque chose de cohérent. Pire, le long-métrage démontre durant toute sa durée qu’aussi référentiel soit-il, il ne semble pas avoir compris la série de Capcom. Les Cerbères, les corbeaux, les Lickers, la transformation de William Birkin, l’apparition du tout premier zombie, rien ne manque vraiment, mais tout s’avère fade et convenu, comme posé là, pour faire plaisir aux fans.
Si sur le fond, cette adaptation a donc du mal à convaincre, la forme n’est pas nécessairement mieux, le tout oscillant entre le bon (la représentation du manoir Spencer) et le navrant (l’explosion du camion-citerne devant le commissariat de Raccoon City). Une fois encore, il est étonnant de constater les différences entre le premier acte, soignant ses éclairages et l’apparition de certains zombies, et les suivants enchaînant les maladresses de réalisation. Difficile en effet de pardonner à Roberts les séquences d’action à l’intérieur du manoir, aussi désastreuses que dangereuses pour les épileptiques. Peu aidé par ses comédien.nes, le real choisit alors d’enclencher la seconde en bardant son métrage de jump scares, d’explosions et de gunfights. Maladroit, car autant sur le tableau de l’horreur que de l’action, le film se prend méchamment les pieds dans le tapis, et ce, jusqu’à son final d’une navrance et d’un kitch à toute épreuve bien qu’ici aussi directement inspiré de celui de Resident Evil 2. Pour la peine, on en viendrait presque à regretter Paul W.S. Anderson et Milla Jovovich.
En essayant de faire rentrer au chausse-pied le scénario des deux premiers jeux dans un film d’1h45, Bienvenue A Raccoon City échoue sur à peu près tous les tableaux malgré une première demi-heure plutôt efficace. Malheureusement, en survolant complètement son scénario, Johannes Roberts semble avoir baissé les bras dès le deuxième acte. Réalisation brouillonne, manque total d’empathie pour les personnages, easter eggs intégrés à la truelle, l’ensemble s’écroule comme un château de cartes, et ce, jusqu’à sa scène post-générique aussi référentielle que mal amenée. On aurait aimé frémir, au final, le film nous fait simplement hurler de dépit.