Ratchet and Clank : Rift Apart, un épisode aux dimensions cosmiques ?

Sans être la série la plus plébiscitée de l’univers Playstation, Ratchet and Clank n’en reste pas moins une saga d’importance pour Sony qui comptabilise déjà (en comptant les portages) pas moins de 13 épisodes. Rift Apart était donc doublement attendu, par les fans de la licence qui se rongeaient les sangs depuis 2016, date du remake du premier volet, et les possesseurs de PS5 censés pouvoir profiter d’un jeu usant au mieux des capacités de leur console. Bien que le titre soit effectivement un incroyable représentant des possibilités de la machine de Sony, que vaut l’aventure en elle-même ?

Rien ne va plus, le Docteur Nefarious, notre rival de toujours, a encore fait des siennes. Cette fois, il a volé le Dimensionateur et il entend bien s’en servir pour régner en maître sur une dimension parallèle. Bien entendu, notre sympathique duo va devoir court-circuiter ses plans en voyageant de planète en planète afin de trouver le moyen de réduire à néant les ambitions du démoniaque robot. Toutefois, pour les aider dans leur tâche, ils pourront compter sur Rivet, une Lombax avec qui Clank, amoché et séparé de Ratchet, va faire équipe. De son côté, notre intrépide Lombax trouvera en Glitch, une IA capable de pirater des systèmes, et Kit, l’alter ego dimensionnel de Clank, de précieuses alliées, jusqu’à ce que tout ce petit monde se retrouve pour botter les fesses métalliques de Nefarious. Bien qu’assez quelconque, le scénario de Rift Apart a le mérite de mettre en avant de nouveaux personnages à la personnalité complémentaire, la nature enjouée de Rivet s’harmonisant par exemple parfaitement avec celle plus contrastée de Ratchet. Une bonne idée même si on aurait apprécié que le concept de doubles dimensionnels soit plus creusé.

Cherchant davantage à en mettre plein les mirettes qu’à innover, la formule de ce nouvel épisode s’avère convenue pour celles et ceux qui connaîtraient la série ou le genre action/plates-formes. Pour autant, ce qui fait ici la différence tient à la maîtrise du rythme d’Insomniac Games qui dès le départ prévient le joueur que l’aventure va être hors normes. Tout dans cet opus suinte l’envie d’être «Bigger, better, stronger», à commencer par la représentation de son univers composé de planètes aussi diverses que variées. Chaque biome a ainsi bénéficié d’un soin particulier afin d’accentuer l’envie d’explorer pour y trouver les matériaux nécessaires à l’achat et l’upgrade d’armes ou bien encore pour y dénicher quelques quêtes annexes venant gonfler la durée de vie. De l’introduction sur Corson V, avec son Nefarious sacré Empereur, évoquant fortement le passage de Marty dans un futur alternatif où Biff règne en maître (Retour vers le Futur 2) à la planète de Sargasso, sauvage et composée de vastes étendues naturelles, en passant par la mine de Molonoth de Torren IV, Rift Apart propose une virée incroyable ponctuée de moments mémorables.

Alors que dans sa structure extrêmement classique (sans doute l’un des points faibles du jeu), ce nouveau Ratchet and Clank offre une très grosse impression de déjà-vu, il compense ce ressenti grâce à ses somptueux décors et sa pluie d’effets spéciaux. Vitrine technique d’une PS5 en mal de blockbusters, le jeu d’Insomniac Games parvient toutefois à légitimer ce flot d’effets spéciaux à travers l’usage de ses nombreuses armes, l’utilisation des failles temporelles ou bien encore l’héritage de la série synonyme de multiples éléments destructibles recelant une pluie de boulons. De fait, cette abondance d’explosions, de créatures et autres vaisseaux zébrant le ciel s’intègre parfaitement à un ensemble visuel très riche et ne dénote jamais à cause d’un aspect «too much» à l’instar par exemple d’un titre comme Kameo : Elements Of Power sur Xbox 360.

Bien qu’ayant soigné son gameplay, on trouvera tout de même frustrant que les fameuses failles évoquées plus avant n’aient finalement pour autre ambition que de remplacer un grappin. Le concept se montre donc beaucoup moins excitant qu’initialement vendu bien qu’il soit timidement utilisé lors d’une course. On pourra également reprocher au jeu sa profusion d’armes (électrique, «à pompe», grenades, etc.) d’autant que la sélection rapide n’est pas vraiment adaptée et demandera très souvent d’utiliser une roue disposant de deux volets distincts tant les pétoires sont nombreuses. Un détail cependant même si on reviendra rapidement à certains combos d’armes très efficaces pour venir à bout des innombrables vagues d’ennemis (parfois désespérément longues à l’image de ce qu’on trouvait déjà dans les Spider-Man du studio) et des quelques boss épars, agréables à appréhender.

On appréciera aussi la volonté des développeurs d’avoir essayé d’apporter un peu de variété à l’ensemble via quelques séquences plus originales. Citons par exemple celles de Clank, d’inspiration «Lemmingsesque», durant lesquelles vous devrez user d’orbes pour activer des mécanismes et ainsi amener à bon port plusieurs ghosts afin de débloquer le chemin. Bien qu’on aurait aimé que les phases de piratage avec Glitch ne soient pas simplement synonymes d’action, on saluera au final la variété des situations alternant courses-poursuites dignes d’une attraction de Disneyland, les décors disparates influant parfois sur le gameplay (sous-marin, usant de la gravité zéro à la manière d’un Dead Space) ou bien encore les quelques défis, certes centrés autour des mêmes éléments, mais produisant néanmoins des montées d’adrénaline, surtout lors de la Coupe Or.


En somme, si on retrouve dans Rift Apart, cet agglomérat d’éléments qui ont fait leur preuve, ici magnifiés par une technique impressionnante offrant aux cinématiques un aspect proche du film d’animation, le fait qu’Insomniac Games maitrise parfaitement leur sujet fait toute la différence. Que ce soit dans les différents modes proposés, privilégiant le rendu ou les fps, plonger dans ce nouveau Ratchet and Clank procure autant d’émerveillement que de plaisir, soit deux des fondamentaux d’un bon jeu vidéo.

La générosité est sans doute le mot qui caractérise le plus Rift Apart. Généreux dans sa durée de vie, dans son gameplay, dans ses situations, le titre d’Insomniac Games ne lésine jamais sur rien et se présente comme un incroyable roller coaster autant technique que ludique. Affichant de sa première à sa dernière seconde une envie absolue de divertir, le jeu multiplie personnages comme planètes et offre à ce nouveau volet une dimension de gigantisme où action et humour forment un joyeux mélange auquel il sera difficile de résister.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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