Encore aujourd’hui, Louis de Funès reste le plus grand acteur comique français, souvent imité, jamais égalé. Perfectionniste, l’acteur s’investira de plus en plus au fil des années dans le choix de ses rôles, l’écriture des scénarios ou de façon plus large, dans la production de ses films. Homme de théâtre, pianiste de jazz, de ses débuts à sa rencontre fusionnelle avec Gérard Oury, l’homme aura connu une riche carrière que la Cinémathèque française nous propose de suivre à travers une exposition inversement proportionnelle à la petite taille de l’homme.
Déambuler dans les allées de l’exposition Louis de Funès fait du bien au moral ! Fermée par la pandémie de COVID-19, l’expo a rouvert ses portes le 19 mai dernier et propose une très belle rétrospective jusqu’au 01 août prochain. Afin de lui rendre hommage, La Cinémathèque a mis les petits plats dans les grands en présentant aussi bien l’homme que l’acteur à travers toutes ses facettes. L’exposition est à l’image de De Funès : grandiose, sérieuse et drôle à la fois. Replonger dans sa filmographie fait un bien fou et si on a beau connaître ses répliques cultes par cœur, difficile de ne pas rire aux éclats en revoyant certains passages de La Grande Vadrouille ou des Aventures de Rabbi Jacob. La filmographie de De Funès défie le temps avec une grâce évidente et s’avère un incroyable remède lorsque l’actualité ambiante n’est pas au beau fixe.
A travers plusieurs sections, l’exposition met ainsi en parallèle l’évolution de la France à travers des dates historiques et le succès de la carrière de l’acteur entre 1945 et 1975, sur fond des Trente glorieuses, synonymes de croissance économique et de l’augmentation du niveau de vie des Français. Reflet de cette situation sans précédent, la carrière de De Funès, de Bonniface Somnambule (1951) à La Soupe aux Choux (1981) aura été émaillée de quelques déconvenues mais aussi et surtout d’immenses succès comme La Grande Vadrouille (17,28 millions de spectateurs), Le Corniaud (11,74 millions) ou bien encore Le Gendarme de Saint-Tropez (7,8 millions). C’est par le biais de nombreuses lettres et notes manuscrites, photos et accessoires de tournage (originaux et reproductions), costumes, story-boards et bien entendu, de multiples extraits et interviews, que l’exposition dresse un savoureux portrait de celui dont la notoriété aurait largement dépassé les frontières de l’Hexagone. On appréciera ce voyage dans le temps représentatif d’une certaine époque à travers des publicités un brin machistes, un poste de télévision des plus vintages ou du mobilier Seventies des plus bigarrés.
Que ce soit à travers un écran tactile permettant d’afficher l’impressionnante palette d’expressions faciales de De Funès, certains objets personnels démontrant son amour absolu pour la comédie et plus particulièrement Laurel et Hardy ou Charlie Chaplin, plusieurs photos de son enfance, l’exposition prend également le temps pour dresser le portrait de l’homme aussi facétieux à l’écran que perfectionniste dans son travail au point «de faire peur» à certains producteurs et acteurs en devenant toujours plus pointilleux et en s’intéressant à tous les aspects de ses films. On le comprend car Louis de Funès aura dû batailler pour parvenir au sommet et passer à un nom parmi tant d’autres, qui plus est mal orthographié, en 1950 dans l’annuaire professionnel, à une pleine page avec photo, en 1954.
S’étalant sur une large surface permettant de déambuler à son aise, n’ayant jamais cet aspect étouffant que peuvent avoir certaines expositions, celle de La Cinémathèque française choisit intelligemment les objets présentés, des plus populaires (une partie de la voiture de Fantômas, la fausse barbe de Rabbi Jacob, le costume de Jacques Villeret dans La Soupe aux Choux) à ceux moins connus. Saviez-vous par exemple que les pièces de la cassette de l’Avare étaient frappées à l’effigie à l’acteur ? Qu’une BD de Lucky Luke présentait un personnage, portrait craché de De Funès ? Que vous le sachiez ou non, cette exposition sera le moyen idéal de se le remémorer ou de le découvrir en survolant une vie, personnelle comme professionnelle, aussi remplie et entièrement dédiée à l’humour. Une invitation qui ne se refuse pas.