Alors que le premier Horizon s’était aventuré dans des contrées gelées avec son DLC The Frozen Wilds, Forbidden West opte de son côté pour la chaleur de la Californie en déplaçant son action de San Francisco à Los Angeles. Une fois de plus, Aloy aura fort à faire dans la Cité des Anges même si on ne se fera pas prier pour jouer les touristes.
Tout exceptionnel que soit Burning Shores, il met paradoxalement en avant l’un des principaux problèmes de la licence Horizon, autrement dit son incapacité à proposer un scénario solide, prenant et original. Étonnant, mais démontrant à quel point les scénaristes de Guerrilla Games sont parvenus à créer un univers foisonnant (existant principalement à travers des centaines de logs écrits et audio) sans pour autant réussir à le faire véritablement exister à travers ses personnages et l’aventure d’Aloy. Burning Shores n’échappe pas à la règle et s’il est passionnant de parcourir la nouvelle aire de jeu mise à disposition, son histoire est aussi clichée que magnifiquement mise en scène.
C’est l’histoire d’un mec…
Ce contenu s’articule donc autour du dénommé Walter Londra qu’Aloy va devoir retrouver. Ce dernier, ancien Zenith, va très vite révéler ses motivations qui ne sont pas aussi vertueuses que sa propagande sectaire veut bien le faire croire. Comme précisé plus haut, la progression de ce DLC est des plus plaisantes car, elle propose, à l’image de Forbidden West, une gigantesque map regorgeant de somptueux panoramas, d’endroits iconiques et de lieux à la gloire de Londra et de sa mégalomanie. On retiendra à ce sujet une visite des plus délectables dans une sorte de musée dédié à ce bon Walter où gigantesques posters et projections de talk-show interactifs avec notre star ne font que mettre en avant le melon du bonhomme. Si la découverte du culte de Londra passera donc par de savoureux moments, ils ne feront que mettre l’accent sur le peu d’originalité de son plan dont on vous laisse toutefois le plaisir de la découverte.
C’est l’histoire d’une meuf…
Cependant, comme disait Robert Louis Stevenson, «L’important, ce n’est n’est pas la destination, mais le voyage». Ce concept, Burning Shores, à l’image de Zero Dawn et Forbidden West, l’embrasse du début à la fin en permettant à Aloy de vivre ledit voyage avec l’énergique Seyka. Cette Quen est sans doute le plus bel apport de ce contenu qui pourtant n’en manque pas. Disposant d’un caractère enjoué, vive, toujours prompte à asticoter Aloy, elle forme le duo parfait avec notre rousse préférée, aussi bien durant les phases de gameplay que d’un point de vue scénaristique. Ainsi, Seyka sera notre guide durant les premières heures de jeu en nous décrivant le contexte mais aussi et surtout son histoire trouvant écho dans celle d’Aloy. Les dialogues sont intelligents, la personnalité de Seyka en fait quelqu’un de très attachant et c’est un régal de suivre ce duo dans l’exploration de la région mais aussi et surtout celle des sentiments des deux jeunes femmes. Notons malheureusement qu’après The Last of Us : Part II, c’est Burning Shores qui a fait les frais de la morale bien-pensante de certains idiots estimant qu’une histoire d’amour entre les deux héroïnes n’avait pas lieu d’être. Un constat aussi désespérant que la vision étriquée de personnes allant jusquà review bomber le contenu pour de mauvaises raisons.
Hollywood nous ouvre ses portes
D’ailleurs, au-delà de sa famélique trame scénaristique, Burning Shores a-t-il de vrais défauts ? Oui et non. Oui dans le sens où on retrouve bien entendu certains défauts de Forbidden West à l’image de ce loot omniprésent et donc très intrusif et non, car le studio néerlandais s’est évertué à peaufiner chaque aspect du contenu pour satisfaire les joueurs. Certes, on aurait pu s’attendre à davantage de nouvelles créatures (sur les 4 nouvelles, le Batracide et l’Horus étant finalement les deux seules véritables nouvelles machines intéressantes), mais ceci est contrebalancé par plusieurs ajouts de gameplay ainsi qu’une nouvelle arme énergétique qui sera d’ailleurs mise à profit dans la dernière ligne droite du DLC.
Bien sûr, vous pourrez ajouter plusieurs quêtes inédites (5 principales et 3 secondaires) dans la veine de celles de Forbidden West, 18 nouvelles compétences ainsi que divers équipements (armures, types d’arcs), mais c’est surtout la visite de Los Angeles et ses environs qui finiront de vous envoûter. Que ce soit sur terre, dans les airs ou en mer (grâce à un nouveau moyen de locomotion et la capacité de l’Aile-d’hydros à plonger), l’enchantement sera constant. Chaque lieu a bénéficié d’un soin tout particulier dans cette représentation post-apo, elle aussi assez classique (végétation luxuriante, épaves de véhicules, buildings en ruines…) mais offrant des plans magnifiques (le panneau Hollywood) et des endroits fabuleux à découvrir comme ce musée, sorte de mixe entre celui du flash-back de The Last of Us : Part II (tiens, tiens) et le Jurassic Park de Michael Crichton.
Enchaînant les idées plus belles les unes que les autres, cette visite a également le mérite de raccrocher, d’une certaine façon, les wagons entre le monde d’avant et sa représentation cybernétique au cœur de la licence. Un moment magique, suspendu dans le temps avant que celui-ci ne s’accélère à travers d’innombrables combats contre humains, machines et l’Horus mentionné quelques lignes plus haut, autrement dit une gigantesque machine de guerre, malheureusement spoilée dans le launch trailer, mais légitimant à elle seule l’achat de Burning Shores afin de profiter de l’un des combats de boss les plus impressionnants jamais vus. Autant dans son approche démesurée que dans l’usage de toutes les facettes du gameplay d’Horizon, cet affrontement est un incroyable morceau de bravoure, intelligemment mené de bout en bout en plus d’être à la hauteur de ce que nous font miroiter les développeurs dès le départ. C’est donc le sourire aux lèvres qu’on quittera Aloy en imaginant d’ores et déjà la suite de ses aventures dans le prolongement de cette extension plus inspirée visuellement que scénaristiquement, mais préfigurant sans doute l’un des futurs possibles de la saga.
Généreux au possible, Burning Shores fait montre d’une maîtrise artistique totale lorsqu’il s’agit de représenter ce Los Angeles post-apo fief de panoramas magnifiques, mais aussi de fantastiques intérieurs réussissant habilement à mélanger passé, présent et futur. Si on pourra une fois encore être déçu par le manque d’originalité du scénario et des motivations de l’antagoniste principal, la présence de Seyka (l’un des meilleurs personnages vus dans la franchise), les divers ajouts de gameplay ou bien encore un combat de boss hallucinant devraient vous convaincre de la qualité indéniable de ce DLC.