S’inscrivant dans une longue lignée de mangas «lsekai Tensei» propulsant ses héros dans un monde virtuel, Final Fantasy : Lost Stranger débute à l’intérieur même de la société Square Enix où travaillent ses deux personnages principaux, Shogo et sa petite sœur Yoko. Pour autant, le but n’est pas, à l’inverse de certains titres, de nous dépeindre le quotidien des employés. Dommage car on aurait grandement apprécié un manga se déroulant dans les deux univers afin de vivre au rythme des péripéties de nos aventuriers tout en en sachant un peu plus sur la conception des jeux. Toutefois, si là n’est pas le sujet, Lost Stranger se démarque des précédentes adaptations de Final Fantasy en étant bien plus référentiel.
Tout débute tragiquement alors que Shogo et Yoko se font renverser par un camion. Comme par miracle, les deux comparses se retrouvent dans le monde de Final Fantasy à leur réveil. Comment ? Pourquoi ? Nous n’en savons rien pour l’instant et si on ne doute pas que le scénariste trouvera un subterfuge pour nous expliquer cette situation, toujours est-il que quelques pages plus loin, Yuko se fait tuer lors d’un affrontement. Shogo n’a alors d’autre solution que de découvrir le sort légendaire Vie afin de ramener sa sœur d’entre les morts et quitter ce monde de fantasy. Partant de ce postulat, Final Fantasy : Lost Stranger emprunte des chemins relativement balisés pour un manga d’action/aventure.
Classique mais efficace
Bien qu’il soit difficile de dire après seulement deux tomes si Lost Stranger tiendra la route en nous proposant des situations variées oscillant entre humour et action, ce qu’on retient surtout du manga pour l’instant est sa faculté à nous replonger avec délice dans nos souvenirs de joueur. En effet, par l’intermédiaire de Shogo, énorme fan de Final Fantasy ayant travaillé sur les bibles Ultimania, le lecteur/joueur se remémorera, à l’instar du personnage, certaines scènes des divers jeux auxquels le manga fait directement référence. Et c’est grâce à ces multiples renvois que Lost Stranger tire clairement son épingle du jeu. Shogo, par exemple, se voit doté d’une capacité d’analyse lui permettant d’avoir des informations sur les objets qu’il utilise durant son aventure. Grâce aux bonus attribués en consommant certains plats et aux caractéristiques des armes et des matériaux récupérés sur les ennemis, l’ancien coordinateur de Square Enix en apprendra davantage sur le monde qui l’entoure au fur et à mesure de sa progression et va ainsi mettre à profit son « pouvoir » avec ses connaissances encyclopédiques de l’univers de Final Fantasy pour maximiser ses chances de réussite. Et ça tombe bien puisque comme dans n’importe quel manga du genre, Shogo ne tardera pas à rencontrer des compagnons qui le suivront dans sa quête, la mise en place de l’univers et la présentation de ses amis se faisant tout au long du Tome 1.
On suit alors avec intérêt le récit qui, à travers un fan service omniprésent, ne perd jamais une occasion de confronter ses personnages à des créatures et invocations issus du folklore FF. Ainsi, le Dragon des brumes, les Bombos, Coeurls et autres Mogs ne tarderont pas à pointer le bout de leur nez. Le deuxième tome se permet même le luxe de s’offrir une confrontation face à trois adversaires bien connus des fans de la célèbre franchise. Si on évitera de trop s’attarder sur le design de l’un d’entre-eux, trop cliché et un peu ridicule (même sous couvert de beaucoup d’ironie), avouons qu’on se frotte les mains à l’idée de voir ce que donneront les prochains tomes de ce point de vue-là.
Néanmoins, comme précisé quelques lignes plus haut, il faudra attendre un peu pour voir comment évoluent les choses en espérant que les auteurs aient suffisamment d’idées pour ne pas uniquement se reposer sur ces références. Alors que Shogo s’avère être un héros très sympathique, bien qu’assez classique, le fait de profiter d’un groupe soudé dès le premier volume est un plus, les caractères des autres membres étant très complémentaires à l’image de leurs capacités. Ici aussi, on ne sera pas surpris de retrouver Sharuru, une Healeuse désirant plus que tout aider son prochain, Duston, un mage Noir adepte de cuisine, ou bien encore une guerrière ayant baroudé aux côtés de Sharu. Le Tome 2 étant lui aussi très généreux en nouvelles rencontres, alors que notre groupe vient d’arriver dans la cité de Mysidia, on ne doute pas que le volume suivant versera tout autant dans ce mélange humour/action dans lequel baigne l’histoire. Trop peut-être diront certains d’autant qu’en fonction des situations (comiques ou sérieuses), le trait de Kameya a tendance à passer du «Très soigné» au «Très moyen», le switch de l’un à l’autre, finissant au bout d’un moment par décontenancer et un peu agacer.
Croisons les doigts pour que le manga trouve donc un meilleur équilibre en faisant en sorte que chaque trait d’humour ou situation cocasse ne ternisse pas trop l’ensemble visuel. Vu les détails de certaines planches, il serait dommage que la dessinatrice n’exploite pas pleinement son talent. C’est tout le mal qu’on souhaite à Final Fantasy : Lost Stranger qui, sans révolutionner le genre, se montre fort plaisant à suivre en nous faisant vibrer pour ses héros tout en ravivant nos souvenirs de RPGiste.