Alors que la série Dragon Quest continue d’être adaptée, notamment en mangas, Dragon Quest : La Quête de Daï garde une place particulière dans le coeur des fans, bien qu’elle soit très librement inspirée du jeu d’Enix. Sortie en 1989 au Japon, cette adaptation (qui arrivera chez nous, grâce aux éditions J’ai Lu, en 2001, sous le nom de Fly puis rééditée par Tonkam en 2007) s’arrêtera avec son 37ème tome en 1996. Après une première série animée inachevée (et ayant eu le droit aux honneurs d’une diffusion au Club Dorothée), il aura fallu attendre 28 ans pour voir arriver une toute nouvelle adaptation. Disponible sur ADN et Crunchyroll depuis octobre 2020, cette série s’avère être une excellente surprise et il nous a semblé judicieux de vous expliquer pourquoi il faut absolument la découvrir sans attendre.
Les raisons de l’arrêt brutal de la première série animée
Comme c’est souvent le cas au Japon, dès qu’un manga acquière suffisamment de succès, son adaptation animée ne tarde pas à pointer le bout de son celluloïd. Celle de Dragon Quest, produite par la Toei Animation, débarque le 17 octobre 1991 sur la chaîne TBS. Moins d’un an après, en septembre 1992, elle s’arrêtera après avoir seulement couvert les 10 premiers volumes du manga. Etait-ce dû à un manque d’audience ? Du tout et si diverses rumeurs parlent du fait que les auteurs Riku Sanjō et Kōji Inada n’étaient pas très satisfaits de l’anime, ce dernier fonctionne pourtant très bien.
Notons que trois films d’animation seront d’ailleurs produits entre 1991 et 1992. Bref, tout roule pour cette série sauf que ses sponsors quittent brusquement le navire et sans eux, il est malheureusement hors de question de poursuivre. Sachant que ce sont ces derniers qui financent les animes au Japon, si ils décident de lever le camp du jour au lendemain, la sanction est sans appel. Etonnant d’autant que plusieurs produits dérivés verront bien le jour comme vous pouvez le vérifier sur cette vidéo de collectionneur.
Une nouvelle adaptation qui va droit au but
Outre le fait de toucher un nouveau public tout en profitant des technologies d’animation actuelles, cette nouvelle adaptation permettra également aux orphelins de la première série de voir l’intégralité du manga. N’y allons pas par quatre chemins, après 21 épisodes, le charme opère pleinement et ce grâce à un rythme plus maîtrisé, un design réussi et une épopée qui fonctionne toujours autant malgré une base très classique.
La Quête de Daï ressemble à s’y méprendre à quantité de Shonen avec son histoire débutant de façon convenue. Celle-ci fait intervenir un jeune garçon du nom de Daï vivant tranquillement, reclus sur une île, entouré de monstres gentils (non, rien à voir avec qui vous savez). Il ne tardera pas à se découvrir un destin bien plus ambitieux et avec l’aide de nouveaux alliés, à partir en guerre contre les Forces du Mal menées par Vearn, l’Empereur du Mal, épaulé par ses légions commandées par Hadlar.
S’articulant autour des grands préceptes régulant le genre depuis des années (le courage, le dépassement de soi, l’amitié…), La Quête de Daï profite pourtant d’une évolution de ses personnages parfaitement équilibrée en ne faisant jamais de Pop et Maam de simples faire-valoir de Daï. Ils formeront au contraire une équipe soudée tout au long de l’aventure et chacun d’entre-eux gagnera en puissance mais aussi en sagesse à travers, notamment, un changement de classe pour Maam, dans la plus pure tradition des RPG. Enfin, l’intégration de deux anciens ennemis (Crocodine et Hyunckel) apportera un élan d’éclectisme à l’ensemble tout en permettant d’ajouter des personnalités très différentes au petit groupe de base.
On retrouve bien entendu toutes ces caractéristiques dans la nouvelle série, une fois encore produite par la Toei. Sur la question de l’intégration d’éléments 3D, nous n’atteignons pas le niveau qualitatif de certaines séries récentes mais n’oublions pas qu’on parle ici d’un anime qui devrait adapter les 37 tomes via un nombre conséquent d’épisodes s’enchaînant à raison d’un par semaine. Pour l’heure, l’animation s’avère donc plutôt homogène, les monstres en 3D s’intègrent bien à l’ensemble et les mouvements de caméra profitent également de cette technologie pour apporter un élan de dynamisme lors de certaines passes d’armes.
On appréciera également que cette nouvelle série aille encore plus à l’essentiel en évitant le piège de l’étirement. N’étant pas soumise au rythme de parution du manga, l’histoire va vite (à l’image d’un Dragon Ball Z Kaï) et ceci se ressent d’épisode en épisode grâce à plus de vitalité, d’énergie et d’intérêt. Les puristes reprocheront peut être certains manques par rapport au manga mais rien de vraiment notable ou crucial. A titre de comparaison, l’Episode 20 de la nouvelle série voit la défaite de Flazzard là où dans la première, cet événement n’intervenait que lors de l’Episode 37. Ce constat est d’ailleurs similaire jusqu’à la fin de l’anime qui adapte l’entièreté de l’œuvre originale en 100 épisodes. Dès lors, quel plaisir d’apprécier à sa juste valeur le dernier acte de la série enchainant les passages cultes, les rebondissements (autour de Vearn et Myst Vearn notamment) se succédant à un rythme effréné, les scènes d’action devenant de plus en plus folles. N’oublions pas également l’excellente évolution des personnages à commencer par Popp qui, jusqu’au bout, sera l’ami sur lequel Daï pourra se reposer et qui gagnera en maturité, en puissance et en assurance. Vous aurez donc compris que cette adaptation est bien celle qu’on était en droit d’attendre et que sa qualité rend amplement mérite au manga de Riku Sanjo et Koji Inada. Une oeuvre inespérée après tant d’attente et qui au delà de son statut de remake se montre avant tout respectueuse du matériau de base en permettant à ses personnages de nous faire à nouveau rêver à travers ces moments épiques mélangeant grands sentiments et force de caractère.
Cette adaptation 2020 de Dragon Quest : La Quête de Daï réussit donc haut la main son pari et si les plus jeunes pourront peut être la trouver trop conventionnelle, il n’en reste pas moins qu’au-delà de la bouffée de nostalgie générée par ce reboot, l’exercice de style est parfaitement orchestré. 32 ans après la parution du premier volume du manga, cette aventure parvient à générer autant d’émotions en démontrant à quel point ses auteurs avaient parfaitement su saisir l’essence même du RPG d’Enix tout en conjuguant le meilleur du shonen et de la Fantasy made in Japan. Une raison de plus pour découvrir cette œuvre culte !