Quel que soit le media, la licence reste un moyen facile et sûr pour toucher un large public tout en amortissant de lourds frais de production liés à son utilisation. Loin d’être une science exacte, l’adaptation vidéoludique (cinématographique ou toute autre) d’une licence, permet de profiter d’un lore établi et de pouvoir davantage se concentrer, dans le cas de notre univers de prédilection, sur le gameplay pour ne citer que ce dernier. Dans l’absolu, on pourrait donc se dire qu’adapter une licence ne présente que des avantages. Comme vous le verrez, ce n’est pas aussi simple.
La licence, une arme à double tranchant
En premier lieu, profiter d’une licence revient cher, très cher même, le prix découlant de la notoriété de celle acquise. Ensuite, certains contrats se négociant sur un nombre précis d’années, il y a très rapidement une logique de rentabilité, ceci pouvant inciter l’acquéreur à multiplier les adaptations afin de capitaliser au mieux sur son achat, quand ce n’est pas induit par le contrat lui-même. Ainsi, dans le milieu cinématographique, le contrat entre Marvel Studios et Sony signé en 1998 concernant le rachat de Spider-Man aura énormément de répercutions par la suite. En 2015, ledit contrat est renégocié avec Disney (qui a entre temps racheté Marvel Studios) et stipule que le personnage peut avoir droit à trois films du MCU le mettant en vedette et trois apparitions dans d’autres longs-métrages, ceci obligeant alors Marvel à renégocier le contrat pour chaque nouvelle apparition du Tisseur dans le MCU, le héros étant toujours la propriété de Sony. Un incroyable sac de nœuds découlant d’un système intéressant et lucratif mais pouvant se révéler pernicieux surtout lorsqu’on y intègre la notion de précipitation n’étant que rarement compatible avec celle de qualité. Le jeu vidéo ne fait pas exception à la règle et si pendant longtemps, l’adaptation de licences (qu’elle fut issue du cinéma, de comics, mangas ou romans) a privilégié la quantité à la qualité, la situation a évolué depuis quelques années, les majors et éditeurs étant aussi soucieux de l’image véhiculée par ces adaptations que des revenus qu’elles vont pouvoir générer.
Il faut en effet comprendre que dans l’industrie du divertissement, et plus spécifiquement dans tout ce qui touche aux licences fédérant une forte communauté, le respect des fans devient de plus en plus crucial, ces derniers étant ceux qui dépensent le plus en merchandising. Il convient donc de ne pas les froisser. Au contraire, on aura plutôt tendance à les brosser dans le sens du poil en leur offrant un produit calibré et attentionné vis à vis de l’univers utilisé en le développant de manière intelligente.
Si ceci peut sembler logique, les impératifs commerciaux sont autant de barrières parfois incompatibles avec la notion artistique ou du moins la volonté de bien faire. En résulte forcément des échecs mais aussi de grandes réussites qui ont émaillé l’univers du jeu vidéo et ce depuis le début des années 70.
Le cas des adaptations ciné
Adapter un film en jeu vidéo ne date pas d’hier. En effet, la toute première adaptation, ou devrait-on dire, inspiration cinématographique, faute de droits, remonte à 1975, lorsqu’Atari sort la borne d’arcade Shark Jaws qui profite du succès fulgurant du chef-d’oeuvre de Steven Spielberg, Jaws (Les Dents de la Mer).
C’est en 1979 qu’apparaît la première véritable adaptation vidéoludique à savoir Star Trek. A partir de ce moment-là, les liens entre cinéma et jeux vidéo se renforceront, le matériau cinématographique étant une source inépuisable pour le jeu vidéo (l’inverse étant moins vrai, du moins du point de vue d’Hollywood) au delà d’une logique mercantile évidente. On notera ainsi qu’à partir de l’adaptation de Star Trek, chaque année verra au moins l’arrivée d’une adaptation vidéoludique. Cela n’a rien d’étonnant, le public visé par les blockbusters américains (genre servant principalement de support aux adaptations vidéoludiques) s’intéressant également, dans un fort pourcentage des cas, aux jeux vidéo. Il est donc logique que dès le début des années 90, les adaptations vidéoludiques sortent en simultané des films, voire en amont. Cette tendance prendra d’ailleurs de l’ampleur au fil des ans jusqu’à devenir la norme dans quasiment 100% des cas.
Ainsi, l’adaptation de Jurassic Park sort durant l’été 1993 alors que le film n’arrivera que quelques mois plus tard. Bien que le jeu reprenne une partie de l’histoire originale en nous faisant incarner le professeur Grant, il intègre aussi un second scénario où l’on peut incarner… un vélociraptor. Original et surtout à même de proposer une alternative au sempiternel héros humanoïde. Précisons d’ailleurs que l’idée d’incarner la «bête» sera reprise en 2005 avec l’adaptation du King Kong de Peter Jackson par Michel Ancel puisqu’il était permis de jouer avec les héros du film mais aussi Kong. Mentionnons à ce sujet l’implication du réalisateur dans le processus de développement, Ancel et Jackson ayant collaboré afin de créer un jeu aussi respectueux du film que des joueurs. Pour autant, dans un cas comme dans l’autre, malgré de la bonne volonté, le résultat s’avérera sympathique sans être transcendant, à cause d’une difficulté mal calibrée pour l’un, afin de masquer une durée de vie réduite et une trop grande redondance, et des déséquilibres pour l’autre.
Bien qu’à partir de 1984, le nombre d’adaptations sortant simultanément soit multiplié par trois par rapport aux autres années, on note aussi qu’en 1994 et 2006, les adaptations de films sont bien plus importantes, ceci n’étant que le reflet du nombre de longs-métrages sortis en salle. Si l’on se fie aux données chiffrés de l’étude de l’Ina datant de 2012, entre 1975 et 2010, 547 films exploités en salles de cinéma ont donné lieu à environ 2 000 jeux.
Entre le début des années 80 et les années 2000, les adaptations de films représentent 10% de l’offre liée à chaque machine de jeu. Comme on peut l’imaginer, la qualité des œuvres est extrêmement fluctuante. Si tout le monde connaît aujourd’hui l’histoire autour de l’adaptation d‘E.T (1982), avec ses millions de cartouches invendues enterrées au Nouveau-Mexique, il suffit de jeter un œil à la très longue liste des adaptations sorties sur cette période pour se rendre compte que nombre d’entre-elles étaient perfectibles. Néanmoins, celles-ci ont côtoyé quelques petites perles à l’image du jeu d’arcade Star Wars (1983), l’excellent point & click Indiana Jones et la Dernière Croisade de LucasArts (1989), Le Roi Lion (1994) et bien d’autres.
Sans surprise, la majorité écrasante des films (9 sur 10) adaptés sur la période s’étalant du milieu des seventies à 2010 vient d’Hollywood. Pour autant, ce ne sont pas des adaptations au sens propre puisque les scénarii de ces dernières sont en majeure partie (46%) originaux. Notons également qu’à partir de 1995 (date de sortie de Toy Story), la quasi totalité des films en CGI, dont les Pixar, auront droit à leur adaptation oscillant, pour ces derniers, entre le Bon (Toy Story justement) et le Passable (Monstres & Cie, Les Indestructibles, Cars, Wall-E).
Du côté des productions françaises, les films les plus ambitieux profitent eux aussi d’une adaptation. Malheureusement, la qualité pointera souvent aux abonnés absents et ce ne sont pas Le Cinquième Element (1998), Astérix & Obélix contre César (1999) ou Arthur et la Vengeance de Maltazard (2009) qui nous feront mentir. Cependant, reconnaissons qu’Asterix se rattrapera par la suite grâce au sympathique Astérix aux Jeux Olympiques (2007) qui arrivera également avant le film sorti en janvier 2008. Ce cas reste aussi intéressant pour plusieurs raisons. En effet, bien que le jeu accompagne le film, il n’en prendra finalement que la trame (similaire à celle du 12ème album sorti en 1968) en intégrant quelques images digitalisées des acteurs (comme Benoît Poelvoorde) tout en reprenant le gameplay d’Astérix & Obélix XXL 2 : Mission Las Vegum (2005). De fait, bien que l’adaptation profite de l’engouement pour le film, elle n’en reste pas moins indépendante en restant avant tout un véritable jeu vidéo plus qu’une simple resucée du film.
En 1994, la série Street Fighter donnera lieu à un film de triste mémoire avec Jean-Claude Van Damme qui lui-même sera adapté en jeu vidéo en 1995 sous le titre Street Fighter : The Movie, avec les acteurs digitalisés issus du film. Une sorte de serpent se mordant la queue.
De très mauvaise facture, cet exemple représente à peu près tout ce qu’il ne faut pas faire en termes d’adaptation d’autant que dans le cas présent, le jeu ne profite pas vraiment du savoir-faire de Capcom même si le gameplay se base sur celui de Super Street Fighter II Turbo (1995). Au final, le titre ne fera que mettre en avant les immenses qualités de Street Fighter Alpha : Warriors’ Dreams sorti la même année.
Un autre cas représentatif de cette émulsion entre jeux vidéo et cinéma, qui ne débouchera malheureusement pas toujours sur un produit de qualité, n’est autre qu’Aliens Vs Predator. Bien qu’on dénombre quatre jeux sortis entre 1993 et 1994 (sur SNES, en Arcade ou bien encore sur la Jaguar d’Atari), le titre le plus emblématique sorti en 1999 et réunissant ces deux figures du cinéma d’action/science-fiction s’avère être un excellent FPS plébiscité par la critique et les joueurs. Ce cross-over vidéoludique donnera ensuite lieu à une adaptation cinématographique (classique mais pas désagréable) en 2004 puis une seconde en 2007, bien moins appréciable, qui profitera de la sortie simultanée d’un jeu PSP de qualité équivalente à celle de son modèle. Suivra quelques années plus tard (2010) un nouvel épisode, développé par Rebellion et qui s’avérera être de qualité très moyenne lui aussi.
Cet exemple montre bien que l’opportunisme est encore bel et bien présent et que les moyens mis à disposition des développeurs pointent souvent aux abonnés absent dans ces cas de figure.
Outre le manque de moyens, il s’avère parfois que le manque d’idées et de talent soit la source principale du problème. On se souvient ainsi d’Enter The Matrix (2003) qui partant pourtant d’un très bon postulat cross-media faisant le lien entre Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, s’avérera être une vraie déception autant dans sa finition que sa très grande redondance. Difficile de savoir précisément à quoi est dû ce résultat (manque de temps, désaccords avec les Wachowski…) d’autant que Shiny Entertainment nous avait offert trois ans avant l’excellent Messiah.
Si on aurait pu penser que la Xbox 360 et la PS3 allaient permettre de voir plus grand grâce à leur puissance, cette génération de machines sera paradoxalement symptomatique d’une baisse de qualité générale, les 3/4 des adaptations étant mauvaises ou passables. Terminator Renaissance (2009), SAW (2009), Le Choc des Titans (2010), la liste est extrêmement longue et plutôt représentative d’un vrai laisser-aller même si quelques titres, X-Men Origins : Wolverine (2009), S.O.S. Fantômes : Le Jeu Vidéo (2009), arriveront à tirer leur épingle du jeu. Néanmoins, si on prend un peu de recul sur ces centaines d’adaptations de films, force est de constater que le nombre de bons jeux est loin d’être exceptionnel. Le fait que la tendance commence à doucement s’inverser avec l’arrivée de la PS4 et la Xbox One n’est pas innocent. Premièrement, la proportion de «petits jeux vite développés» est moins importante que sur les deux précédentes générations de machines, ceci étant notamment dû aux coûts de développement et surtout à la difficulté de dompter l’architecture de la PS4 réputée pour être difficile d’accès. L’aspect positif de tout ceci est que les quelques adaptations qui sont sorties sur les Current Gen dénotent d’une certaine prise de conscience des éditeurs et majors tant dans le choix des films que la façon de les adapter le plus intelligemment possible en surfant, le cas échéant, sur ce qui fonctionne dans le jeu vidéo.
Le Mad Max (2015) d’Avalanche Studios profite ainsi de la sortie du Mad Max : Fury Road de George Miller la même année. Mais plutôt que d’adapter bêtement le film (difficile vu la matière narrative à disposition), les suédois optent pour une intrigue, certes basique, mais néanmoins originale afin de l’adapter à l’open world à disposition et ses nombreuses quêtes. En axant le jeu autour de l’action (logique vu le sujet), les développeurs visent juste grâce à un excellent gameplay, en véhicules ou à pied, et un univers visuellement réussi. Une très bonne surprise pour un produit qui aurait simplement pu se baser sur un nom et le retour de la franchise cinématographique après 20 ans d’absence sur les écrans.
L’autre exemple très intéressant concerne la saga Alien déjà mentionnée à travers son cross-over avec Predator. Son évolution est assez notable et très représentative de ce que nous venons d’évoquer. Entre 1982 et 2019, on compte environ une quinzaine de jeux adaptant plus ou moins directement l’intrigue des films, bien plus si on y intègre les titres s’inspirant de l’univers en place. Si la première adaptation sobrement titrée Alien (1982) est une sorte de Pac-Man dans lequel on doit détruire les œufs de la reine Alien, le deuxième titre, lui aussi répondant au nom d’ Alien, propose deux ans plus tard une sorte de jeu basé sur le premier film dans lequel on doit gérer l’équipage du Nostromo devant fuir le Xénomorphe. Original et se calquant parfaitement sur l’intrigue du film. On passera rapidement sur Aliens : The Computer Game (1986) qui reproduira l’intrigue du deuxième film mais de manière assez approximative. En résultera un shooter assez basique malgré quelques séquences dialoguées et un passage où l’on dirige le Sulaco.
Aliens, encore lui, sera à nouveau adapté en 1990 par Konami dans un jeu d’arcade en scrolling horizontal, typique des années 90. Autant dire que l’on y retrouve plus grand chose de l’ambiance du film de Cameron, le côté poisseux et sombre cédant ici sa place à une DA colorée et des vagues d’ennemis parmi lesquels des Xénomorphes roses et des sortes de zombies. Alien 3 (1992) reprend la formule du jeu d’action à scrolling horizontal et s’il n’est pas non plus raccord avec l’ambiance du film de David Fincher, il s’avère être une bonne surprise tant dans son gameplay que son atmosphère profitant d’un visuel maîtrisé, de belles animations et d’un rendu sonore parvenant à rendre certains passages plutôt angoissants. Un an plus tard, c’est Sega qui adapte en arcade le troisième film de la saga à travers un rail shooter du nom de Alien 3 : The Gun. Comme on le voit, les orientations diffèrent complètement en fonction des publics visés et fort logiquement, le matériau de base sert totalement le propos ou au contraire n’est qu’un prétexte pour produire un nouveau titre qui profitera du nom de la série.
L’histoire se répète et si Alien Trilogy (1994) prendra quelques éléments des trois premiers films, il s’enferme lui aussi dans le genre action (en vue subjective) puisqu’on y incarne Ripley qui va devoir retrouver des colons sur la planète LV426. En soi, le jeu ne révolutionne pas le genre mais profite habilement du background des films afin de proposer une aventure nerveuse et glauque à souhait. Beaucoup moins connu, Aliens Online (1998) propose des instances pour une trentaine de joueurs permettant d’incarner des marines ou des Aliens. Etonnant et décevant au final à cause de nombreux déséquilibrages et d’un level design loupé. Alors qu’en 2000, l’adaptation de Alien : La Résurrection se heurte à des problèmes de conception et une difficulté mal calibrée, 2013 verra l’arrivée de Aliens : Colonial Marines, l’un des jeux les plus mauvais issus de la franchise et qui paiera cher un « development hell » dont rien ne ressortira. Échaudé par cet échec (autant public que critique), la franchise ne mettra pourtant pas longtemps à remettre le pied à l’étrier puisque un an plus tard, l’excellent Alien : Isolation renoue avec brio avec l’ambiance du premier long-métrage à travers une histoire originale bien que reprenant les meilleurs éléments du film de Scott. Un véritable cri d’amour qui ne fera que mettre en avant les défauts et l’absence d’ambition du jeu mobile Alien : Blackout sorti en 2019 pour les 40 ans de la saga.
James Bond n’est pas en reste. Entre 1983 et 2018, on dénombre 25 jeux, un peu plus en comptant les parodies comme James Pond, les excellents No One Lives Forever ou le point & click Operation Stealth qui sera renommé aux USA James Bond : The Stealth Affair. En effet, Interplay, détentrice de la licence James Bond et éditrice du jeu aux Etats-Unis, en profitera pour changer le titre afin de profiter de la notoriété du héros de Ian Fleming. Logique sachant que le jeu de Delphine Software s’inspirait grandement de cet univers jusque dans la représentation visuelle de son héros, John Glames. Le cas de ces adaptations est assez intéressant puisque de façon régulière, les jeux profiteront des films ou se baseront sur des histoires inédites. L’adaptation des longs-métrages ne sera donc pas automatique puisque sur les 24 films sortis à ce jour, seuls 10 seront adaptés. En résultera une majorité de titres honorables mais aussi d’excellents titres (GoldenEye 007, 007 : Quitte ou Double) ainsi que quelques déconvenues (GoldenEye : Au Service du Mal, 007 Legends).
Comment terminer cette revue des troupes, loin d’être exhaustive, sans citer Star Wars, la sacro sainte saga de George Lucas. S’il faudrait un article entier pour parler de toutes les adaptations vidéoludiques qu’elle a engendrées, rien que quelques chiffres donnent le tournis. Si on prend simplement en compte les adaptations directes des films, on en dénombre pas moins de 23, la dernière trilogie ayant simplement été « adaptée » à travers LEGO Star Wars : Le Réveil de la Force et le futur LEGO Star Wars : La Saga Skywalker, prévu pour 2020. Pour ce qui est de ceux usant de l’univers de la licence, on se retrouve avec 74 titres et beaucoup beaucoup plus si on y intègre les jeux éducatifs, les extensions ou ceux proposant de jouer avec un personnage de la saga en guest star. Forcément, avec un tel nombre, inutile de préciser qu’à l’instar des autres grosses séries pré-citées, le meilleur (Star Wars Rogue Squadron II : Rogue Leader, Star Wars : Knights of the Old Republic) a côtoyé le plus mauvais (Star Wars : Masters of Teräs Käsi, Star Wars : Clone Wars Adventures). Néanmoins, grâce à la pluralité des genres abordés (action, RPG, stratégie, combat, course…), difficile de ne pas ressentir l’appel de la Force.
De plus, avec un univers étendu comme celui de Star Wars, les scénaristes ont souvent pû s’en donner à coeur joie et proposer des histoires originales complexes permettant aux joueurs de rencontrer des personnages inédits ou de vivre de l’intérieur des événements iconiques mentionnés dans les films, BDs, romans. Peu surprenant en somme que depuis 1982, la licence ne se soit jamais vraiment reposée. Toujours est-il que si la franchise est restée vivante dans notre microcosme, principalement grâce aux jeux LEGO et autres Battlefront, il aura fallu attendre un petit moment avant d’avoir un nouveau AAA construit autour d’un vrai scénario. Tous les regards sont désormais tournés vers Star Wars Jedi : Fallen Order, prévu pour le 15 novembre 2019, bati sur les cendres du regretté Star Wars 1313 et, on l’espère, annonciateur de beaux lendemains vidéoludiques pour cet immense récit de science-fiction.
Mangas, comics et BDs sur un pied d’égalité ?
Alors que le cinéma sert de base à une très grosse partie des jeux à licences, il ne faut néanmoins pas oublier les mangas et animes qui représentent un nombre incalculable d’adaptations sur plus de 30 ans. Comme pour le cinéma, l’adaptation d’anime/mangas se voit souvent confrontée aux problèmes évoqués quelques lignes plus haut, ceci expliquant la qualité extrêmement versatile de celles-ci.
Soucis de temps, de budget, de choix de studios, adaptations opportunistes pressant une licence afin de surfer jusqu’à la dernière goutte sur une côte de popularité, le constat est parfois significatif surtout si on compare avec les adaptations animées de jeux vidéo débouchant régulièrement sur de bonnes surprises à l’image des films du Professeur Layton, ceux en CGI de Resident Evil, Street Fighter II Le Film, etc.
Il suffit de jeter un œil sur l’impressionnante liste d’adaptations d’animes (eux mêmes adaptant pour la plupart des mangas) pour se rendre compte que les japonais ont très rapidement compris l’intérêt du cross-media afin de proposer quasi systématiquement un jeu vidéo accompagnant un anime populaire.
Mieux, avec des concepts transmedia comme Dot Hack, l’anime et le jeu vidéo deviennent complémentaires en se renvoyant constamment la balle à travers des séries d’animations, des OAV, etc. Pour autant, si le concept a ici beaucoup de sens, la qualité des premiers jeux vidéo (découpés en RPG plutôt lambda et répétitifs) sera assez fluctuante.
Alors que d’autres projets transmedia (Sword Art Online, God Eater…) verront le jour, le gros des adaptations venant du Japon concerne néanmoins des licences iconiques, fortes, qui plus est transgénérationnelles. Les deux plus importantes restent sans doute Gundam et Dragon Ball. Jugez plutôt, la première a jusqu’à présent profité de plus de 200 adaptations tous supports confondus. Le premier titre, Mobile Suit Gundam Part 1 : Gundam Stands on the Ground!!, apparaît en 1983 sur le micro 8 bits Fujitsu Micro 7 et adapte les trois premiers épisodes de la toute première série animée datant de 1979. Mélange de visual novel, de RPG et saupoudré de quelques éléments de shoot, le titre ne convainc pas vraiment à l’époque. Toutefois la série aura le temps d’évoluer et de proposer diverses expériences à travers plusieurs genres comme le RPG, le jeu d’aventure, le musô, etc. Gundam peut être assimilée à une sorte de Star Wars nippon émaillant le quotidien des japonais depuis sa création. Il est donc logique de constater que les adaptations vidéoludiques de la saga n’ont jamais été mises en pause, la demande étant constante depuis 36 ans.
Bien que Gundam ait réussi son internationalisation, Dragon Ball reste cependant le manga le plus populaire au monde. Créé en 1984 par Akira Toriyama, il se voit adapté en série TV deux ans plus tard, en février 1986. Le tout premier jeu (un shoot’em up où on incarne Goku sur son nuage magique), débarque quelques mois après, en septembre de la même année, sur la console japonaise Super Cassette Vision. Quasiment en parallèle, en novembre 1986, sort Dragon Ball : Le Secret du Dragon qui arrivera en 1990 en France. Bien que le titre soit fraîchement accueilli par la presse à cause d’une réalisation déplorable et d’un gameplay problématique, le jeu se vend néanmoins à 1 200 000 exemplaires au Japon. Les joueurs répondent à l’appel et cet amour inconditionnel pour la licence, et ce qui en découle, ne se démentira pas pendant plus de 33 ans et expliquera en partie la centaine d’adaptations toutes machines confondues. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est l’attrait du public et le succès de la franchise qui tireront parfois la qualité des jeux vers le bas. En effet, la demande étant tellement forte, la licence arrivera dans les mains de développeurs qui n’auront, ici aussi, parfois pas le temps, ni l’argent ou encore le talent, pour l’utiliser à bon escient.
Ces 33 années seront ainsi synonymes de jeux qu’on qualifiera poliment de supplices (rappelez-vous Dragon Ball : Final Bout, Dragon Ball GT : Transformation) mais aussi d’excellentes surprises à l’image de la saga Butoden, des Tenkaichi ou du récent Dragon Ball FighterZ, succès autant critique que commercial. L’engouement étant sans cesse renouvelé, grâce à de nouvelles séries et des films, la saga traverse le temps avec aisance et profite qui plus est de jeux gagnant en qualité. S’il est encore trop tôt pour juger de celle du futur Dragon Ball Z Kakarot, notons que la saga reviendra au RPG, preuve de son envie (besoin) de s’ouvrir au plus grand monde et d’opter pour une complémentarité des genres en fonction du support. Néanmoins, il est intéressant de noter qu’hormis Le Secret du Dragon, seul le premier Butoden, sur Famicon, dépassera au Japon le million de ventes et générera plus de 15 millions de yens de chiffre d’affaires sur l’Archipel. De fait, bien que les titres continuent à affluer, la moyenne des ventes baisse sensiblement, du moins dans leur pays d’origine, à quelques exceptions près. Pour autant, la licence reste forte et se construit autant sur le petit que le grand écran et ce aussi bien à travers l’animation que le jeu vidéo.
A l’instar des adaptations cinématographiques, l’adaptation d’animes s’inscrit donc dans un process marketing immuable, l’un n’allant quasiment pas sans l’autre, surtout dans un pays où l’animation et le jeu vidéo entretiennent des liens très étroits depuis de nombreuses années. On ne sera donc pas surpris de retrouver dans cette grande valse transmedia des séries comme Doraemon, Yu-Gi-Oh !, Naruto et consorts.
A l’inverse, les BD franco-belges et, dans une moindre mesure, les comics, n’ont jamais eu le droit au même traitement. Bien que ceci vienne en partie de différences culturelles, on peut toutefois s’étonner de cet état de fait, surtout aux Etats-Unis où le merchandising est sacré. Néanmoins, en proportion, les adaptions de comics restent loin derrière les adaptations de mangas/animes. Attardons-nous par exemple sur le cas de deux icônes de la pop culture américaine, Spider-Man et Batman.
Alors que le premier comics de Spidey (Amazing Fantasy #15) date de 1962, le premier jeu arrive en 1990. En 28 ans, on dénombre 33 adaptations, ici aussi de qualité diverse. Si quelques films profiteront d’adaptations vidéoludiques pour proposer une sorte de relecture plus ou moins complémentaire au long-métrage dont elles s’inspirent, la plupart des jeux proposent des aventures inédites, parfois basées sur des arcs existants ou utilisant simplement les personnages à travers des histoires plus convenues. Cependant, on voit que l’idée de proposer à intervalles réguliers des jeux surfant sur le succès des comics, et surtout de celui des films du MCU, n’est pas ancrée dans la mentalité américaine. Pour autant, notons que le dernier Spider-Man, développé par Insomniac Games, dénote clairement d’une prise en conscience de Marvel, aussi présent dans la conception du jeu que dans celle du film Iron Man qui, en plus de marquer le début de la Phase 1, avait surtout été synonyme d’un renouveau des licences de la société au cinéma, aussi bien dans la forme que dans le fond. D’ailleurs, ce n’est pas innocent si Bryan Intihar, Game Director chez Insomniac, avait précisé lors de la sortie du jeu :
A l’instar du premier hit du MCU (NDR : Iron Man), Spider-Man sur PS4 représente une nouvelle étape pour les jeux Marvel sur consoles.
Les chiffres de ventes lui ont donné raison puisqu’avec ses 8,76 millions de ventes, Marvel’s Spider-Man est devenu le jeu de supers-héros le plus vendu de l’histoire. On s’orienterait donc davantage vers de la qualité que de la quantité, ce qui permettrait à l’Homme-Araignée d’obtenir ses lettres de noblesse vidéoludique à l’image du Dark Knight dont les derniers jeux ont redéfini le genre super-héroïque tout en influençant fortement quantité d’autres jeux. Pourtant, si l’on prend un peu de recul pour voir ce qui s’est passé avant l’excellente trilogie Batman Arkham de Rocksteady, le constat est identique pour le personnage de DC Comics dont la première apparition dans un comic-book date de mars 1939. Tout comme Spider-Man, il faudra logiquement attendre de nombreuses années avant de voir le premier jeu vidéo entièrement dédié au vigilante de Gotham, 47 ans plus exactement avec l’arrivée du sobrement intitulé Batman sur Amstrad CPC, en 1986. Bien que le super-héros soit régulièrement présent sur nos machines depuis plus de 33 ans, en profitant ici aussi de plusieurs films pour proposer à moindre risque, une nouvelle aventure, on ne démontre «que» 39 adaptations, dont certains titres éducatifs. Un constat quelque peu étonnant compte tenu de la popularité et surtout du public visé. Malgré tout, difficile de pester surtout que les derniers titres se sont montrés qualitatifs. Il y a donc fort à parier que tout comme Marvel, Warner ait compris l’intérêt de proposer aux fans des titres mieux calibrés quitte à faire dormir la licence durant de nombreuses années.
Les adaptations de comics restent donc pendant une petite période dépendantes de l’actualité cinématographique et surfent logiquement sur les sorties de blockbusters. Étonnamment, la plupart du temps, ces dernières se montrent plus ou moins de qualité (Captain America, Deadpool et surtout l’excellent X-Men Origins : Wolverine), même si nous avons eu droit à de nombreux ratés (Iron Man, Wanted : Les Armes du Destin…).
Du côté de l’Europe, cet état de fait est le même mais dans des proportions différentes, cela va de soi. Il faut en effet se rappeler que bien que nous ayons quelques «icônes» nationales, ce n’est néanmoins pas comparable avec le marché japonais et américain. Il suffit de prendre les exemples les plus parlants pour s’en convaincre. Si l’on s’en tient aux créations purement françaises, comme nous l’évoquions plus haut, il est indéniable qu’Astérix et Obélix tient le haut du pavé. La bande dessinée d’Uderzo et Goscini est pour ainsi dire ce qui se rapproche le plus pour nous d’un Gundam ou d’un Spider-Man, du moins dans sa propension à avoir traversé les âges pour accompagner différentes générations. Le premier album datant de 1961, on devra attendre 1983 pour voir apparaître le premier jeu. Bien que la licence soit toujours d’actualité aujourd’hui, notons que 37 jeux (soit à peine moins que Batman) ont vu le jour au fil du temps soit une moyenne d’un jeu par an. Une vraie régularité qui malheureusement s’accompagnera d’une qualité assez moyenne. Seuls quelques jeux, dont la série des XXL, sortent du lot même si le gameplay du récemment remastérisé XXL 2, très ancré dans les années 90, sera bien moins adapté aux standards de qualité actuels. Il sera donc intéressant de voir ce que donnera Astérix & Obélix XXL 3, volet inédit attendu pour cette année.
De fait, il est logique que les autres jeux dérivés de bandes-dessinées moins populaires en France se comptent, la plupart du temps, sur les doigts d’une main. Entre Thorgal qui n’aura droit qu’à une adaptation, Black & Mortimer qui se paiera le luxe d’en avoir trois fois plus (de piètre qualité malheureusement) ou Les Tuniques Bleues qui ne profitera lui aussi que d’un titre en 1989 (porté en 2012 sur mobiles et PC), la récolte est assez faible. Rajoutons tout de même 14 jeux pour Lucky Luke (de 1987 à 2008) avec, certes beaucoup de productions moyennes voire mauvaises mais aussi quelques bonnes surprises comme le Lucky Luke d’infogrames en 1987 ou Lucky Luke : Le Train des Desperados (sorti en 2000 sur Gameboy). Mentionnons également l’excellente adaptation de XIII qui aura d’ailleurs bientôt le droit à un remake qu’on espère lui aussi à la hauteur de l’oeuvre culte de William Vance et Van Hamme. N’oublions pas non plus LastFight qui, à travers un Power Stone-like, réussira à rendre un bel hommage au manga éponyme. On surveillera aussi de près la future adaptation de Blacksad, série multi-primée, mais qui aura dû attendre plus de 19 ans pour se voir enfin adaptée en jeu vidéo. Et Tintin dans l’histoire ? On pourrait logiquement se dire que notre cher reporter, né en Belgique mais bénéficiant d’une aura internationale, aurait eu droit à moult adaptations. Contre toute attente, on est loin des 37 jeux d’Astérix puisque seuls 5 titres sont sortis entre 1989 et 2011. Et si certains, comme Tintin Au Tibet, ont acquis une certaine notoriété, grâce à leur réalisation mais aussi et surtout leur difficulté, reste que les titres dédiés au reporter s’avèrent simplement corrects, l’univers n’ayant jamais vraiment dépassé le cadre du jeu de plates-formes/action.
Qu’en est-il pour le dernier en date, Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, sorti en 2011 pour accompagner le film de Steven Spielberg ? Et bien, aussi étonnant que cela puisse paraître, le jeu d’Ubisoft a bénéficié d’une réalisation de qualité et d’un gameplay très agréable. Comme quoi, l’association film/jeu peut aussi servir à redorer le blason vidéoludique d’un personnage quelque peu oublié par le cinéma et le jv. Notons toutefois que les ventes du jeu ne seront pas vraiment à la hauteur des espérances d’Ubi avec moins d’un million d’unités écoulées (environ 990 000) toutes plates-formes confondues. Cependant, elles ne sont finalement que le reflet du film qui avait rapporté plus de 373 millions de dollars, un score honorable bien que très en dessous de celui de la plupart des productions Pixar.
Et les romans dans tout ça ?
Concernant les adaptations littéraires, le constat est aussi très intéressant. Entre 1975 et 2010, les scénarii des films, adaptés d’oeuvres littéraires, ayant servi à une adaptation vidéoludique sont de l’ordre de 30%. Le jeu vidéo s’est ainsi emparé de ce matériau mais en adaptant, très souvent, davantage le long-métrage qui est lui même une adaptation du roman, à travers les modélisations des acteurs, la représentation de certains décors, voire même une intrigue plus condensée. Il n’en reste pas moins que le roman représente pour les créateurs de jeux vidéo une source d’idées à même d’aguicher le fan. Il n’est donc pas surprenant que les adaptations d’ Harry Potter aient repris le travail des longs-métrages, déjà connus des fans auxquels s’adressent majoritairement le jeu. Récupérer le visuel d’un film, mais aussi et surtout le visage des acteurs, est donc une bonne porte d’entrée pour s’attirer les faveurs d’un public plus large.
On voit d’ailleurs que la réaction des fans peut parfois être très vive s’ils ne retrouvent pas ce qu’ils ont l’habitude de voir au cinéma, et ce même si le jeu ne propose nullement une adaptation du film. Crystal Dynamics en a fait les frais lors de l’E3 2019 en présentant leur Marvel’s Avengers. Cependant, bien que le fait de s’appuyer sur des éléments qui ont fait leurs preuves soit rassurant, il est parfois frustrant de devoir se plier à la vision d’un autre réalisateur pour de simples questions d’accessibilité. Ce n’est bien entendu pas le cas de toutes les adaptations. Pour revenir à Harry Potter, pas moins de 17 jeux ont vu le jour entre 2001 et 2019. Si certains (la série des LEGO notamment) se sont fortement inspirés des films en sortant en parallèle, d’autres sont des créations originales s’inspirant davantage de l’univers des livres à l’image du petit dernier, Wizards Unite, sorte de Pokémon Go proposant des affrontements contre créatures et autres sorciers.
Le constat est fortement similaire avec Le Seigneur des Anneaux. Bien que les deux derniers films de la trilogie de Peter Jackson (Les Deux Tours et Le Retour du Roi) aient bénéficié de très bonnes adaptations sous forme de jeux d’action sur les machines de l’époque (PS2, Xbox, GameCube…), la trilogie suivante (celle du Hobbit) n’aura droit qu’aux honneurs d’adaptations sur navigateurs et smartphones. Une sorte de désaveu vis à vis de l’oeuvre de Tolkien remplacée dans les esprits par d’autres épopées aussi épiques et plus « actuelles » (surtout en matière de ton) comme le Game of Thrones de George R. R. Martin ? Pas vraiment mais il est vrai que bien que l’univers des romans de Tolkien ait donné quantité de titres, les derniers en date n’ont pas vraiment boxé dans la catégorie des AAA à l’exception des très réussis La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor (2014) et sa suite, La Terre du Milieu : L’Ombre de la Guerre (2017).
Pour autant, de 1982 (date de sortie de The Hobbit, premier jeu basé sur la licence) à 2018, les adaptations n’ont cessé de nous accompagner et ce à travers des genres aussi variés que la stratégie, l’action ou bien encore le RPG. 14 jeux adaptés des romans verront ainsi le jour durant la période et ce devrait être également le cas du prochain de Daedalic (Deponia) prévu pour 2021, Lord of the Rings – Gollum. 21 autres titres, réutilisant pour beaucoup le visuel des films du réalisateur néo-zélandais, débarqueront également entre 2002 et 2017. Bien que pas mal d’adaptations s’avéreront simplement honnêtes, on y trouvera tout de même très bonnes surprises comme Le Seigneur des Anneaux : La Bataille pour la Terre du Milieu, LEGO Le Seigneur des Anneaux ou Le Seigneur des Anneaux Online.
Bien qu’on trouve d’autres adaptations de livres, elles restent néanmoins plus confidentielles. Pour autant, ces dernières restent souvent de qualité à l’image des jeux Discworld, aussi drôles et décalés que les œuvres de Terry Pratchett dont ils s’inspirent. On citera également les excellents Dune et Dune II : La Bataille d’Arrakis, sortis en 1992 et 1993, officiant dans des genres différents (aventure et stratégie) et profitant chacun à leur manière de l’incroyable matériau de base de Frank Herbert, le livre pour l’un, le film pour l’autre. Bien entendu, Sherlock Holmes n’est pas passé entre les mailles du filet du jeu vidéo et c’est fort logiquement qu’on dénombre pas moins d’une vingtaine de titres mettant en vedette le fin limier de Baker Street. Étonnamment, la plupart des jeux n’utilisent que le personnage et proposent davantage des aventures inédites en mixant même certains univers à l’image du Sherlock Holmes Contre Arsène Lupin de Frogwares sorti en 2007. Bien que la plupart des jeux disposent d’histoires intéressantes, leur qualité globale reste très fluctuante, souvent plombée par un gameplay maladroit ou des idées alourdissant la progression. Retenons aussi qu’en 1987, sort l’adaptation du film Young Sherlock Holmes qui lui-même s’inspirait des romans de Doyle afin de proposer une aventure inédite basée sur l’adolescence de Sherlock, jamais abordée dans les livres. Ironiquement, le jeu prit le pari de proposer une intrigue totalement différente de celle du film.
On citera également Da Vinci Code (mai 2006), qui reprend la trame du livre en s’émancipant du film de Ron Howard sorti la même année. Toutefois, ici aussi, les scénaristes ont intégré par moments quelques énigmes ou lieux absents de l’ouvrage original afin d’offrir quelques surprises scénaristiques à celles et ceux ayant lu le roman. De bonnes intentions qui ne suffiront malheureusement pas à faire de ce titre une adaptation à la hauteur. Notons qu’un mois avant, sort un certain The Secrets of Da Vinci : Le Manuscrit Interdit, qui n’a rien à voir avec le livre ou le film mais qui profite néanmoins de la sortie de ce dernier pour tenter de séduire les fans.
Ironiquement, ce jeu, qui s’attarde principalement sur la vie de De Vinci en visitant son époque à travers les yeux d’un des apprentis du maître, s’avère de bien meilleure qualité que l’adaptation officielle en proposant une vision différente du sujet tout en s’adressant à un public similaire.
Quel avenir pour le jeu à licence ?
La franchise, qu’elle soit cinématographique, littéraire, issue de l’animation japonaise ou des bandes-dessinées devrait encore alimenter pendant un bon moment le jeu vidéo. Normal puisque au delà du fait que l’ensemble de ces medias aient toujours été interconnectés en s’inspirant mutuellement, elle a également l’avantage de minimiser la prise de risques ou du moins de pouvoir toucher, rapidement et facilement, un vaste public. Toutefois, comme nous l’avons vu tout au long de cet article, la franchise n’est pas le Saint Graal et ne cumule pas systématiquement qualité et bonnes ventes.
Les coûts investis par les développeurs étant de plus en plus élevés, il convient donc d’assurer ses arrières afin de rentabiliser l’investissement. Et pour ce faire, pas de secret, il faut s’assurer l’attrait des fans, surtout à notre époque où un bad buzz sur les réseaux sociaux ou un downvote sur Steam peut véritablement mettre en péril l’avenir d’un jeu, qu’il soit ou non basé sur un univers connu. Certes, sortir un jeu dans la foulée d’un film attendu est un atout majeur mais n’oublions pas que le gamer reste une personne exigeante qui y regardera à deux fois avant d’investir 60 euros dans un titre et ce malgré l’amour qu’il porte à la franchise initiale.
- Sources :
- INA : Adaptation des films de cinéma en jeux vidéo : une analyse statistique
- ComicsBlog : Sony et Spider-man : A quel moment a-ton perdu trace du Tisseur ?
- Le Monde : Quand un jeu vidéo est adapté en film…
- Sens Critique : Les bons jeux à licence
- Wikipedia : Video games based on films
- Wikipedia : List of video games based on anime or manga
- Wipikedia : List of Star Wars video games
- Wikipedia : Liste des séries de jeux vidéo les plus vendues