Rampage & The Rock hors de contrôle

Après avoir traîné ses guêtres en 2005 dans une adaptation, de sinistre mémoire, de Doom, The Rock avait renoué avec notre univers de prédilection dans le très sympathique Jumanji : Bienvenue dans la Jungle, bien plus attentionné vis à vis du jeu vidéo qu’un certain Ready Player One. Pour autant, dire que nous attendions avec impatience l’adaptation de Rampage serait un peu excessif tant tout le monde ou presque a oublié ce titre datant du début des années 80. Toutefois, l’optimisme à toute épreuve de Dwayne Johnson sur les réseaux sociaux à propos de la qualité du film avait réussi à nous faire lever un sourcil interrogateur… Qui est rapidement revenu en position normale.

Petit cours d’histoire. En 1986, Midway sort sur la plupart des ordinateurs et consoles du marché un jeu d’arcade répondant au doux nom de Rampage. Son principe nous demande d’incarner l’un des trois humains disponibles qui ont été transformés en animaux géants et qui n’ont qu’une idée en tête : détruire des quartiers entiers en gobant des civils et en évitant l’armée tentant de les arrêter. Si le principe politiquement incorrect semblait marrant sur le papier, il faut avouer que le concept perdait de son intérêt après quelques niveaux, plombé par une redondance excessive et un intérêt plus que limité. On pouvait donc se demander ce que Warner allait bien pouvoir tirer de cette franchise tant le script tient sur un timbre poste plié en quatre. Si vous avez jeté un coup d’oeil à l’affiche du film, vous savez déjà qu’il s’agit des trois créatures, autrement dit le gorille George, le loup du nom de Ralph et enfin Lizzie, une sorte de gigantesque crocodile. Seulement voilà, comme le soft ne disposait pas vraiment d’histoire, il a fallu pas moins de 4 scénaristes pour s’attaquer à cet épineux problème. Et le moins qu’on puisse dire est qu’ils semblent s’être arrachés les cheveux afin d’en sortir quelque chose qui arrive à tenir la route.

Un film qui a du chien ?

Le problème de Rampage : Hors de Contrôle n’est donc pas qu’il prend comme point de départ un titre sans scénario, mais plutôt sa propension à accumuler les clichés sans jamais essayer d’aller plus loin que ses modèles. Autant dans ses situations, ses dialogues ou même le jeu d’acteur de ses stars, l’ensemble reste tellement convenu qu’une vingtaine de minutes nous suffit pour savoir comment va s’articuler le récit. Ce dernier débute en compagnie du primatologue David Okoye (The Rock), plus à l’aise avec les singes que ses semblables. Suite à la destruction d’une station spatiale (lors d’une séquence étonnamment gore qu’on la croirait issue de Life), un virus expérimental est expulsé vers la Terre dans plusieurs capsules. Ces dernières croiseront la route de trois animaux (dont George) qui ne tarderont pas à se transformer. Rendues folles, les créatures entameront une immense croisade de destruction poursuivies par l’armée et Okoye. Ce dernier, bien décidé à trouver un antidote afin de sauver son ami, trouvera de l’aide en la présence de la généticienne Kate Caldwell incarnée par Naomis Harris.

Si le pitch pouvait augurer un film bas du front mais diablement jouissif, il se perd malheureusement dans son envie de creuser ses personnages sans jamais y parvenir. En résulte des dialogues tombant à plat, se voulant néanmoins poignants mais ne réussissant qu’à provoquer gloussements incontrôlés. Et ce n’est pas le duo des frères et sœurs Wyden qui relèvera le duo tant ces derniers, à la base du virus et avides de profits, manquent d’épaisseur. On était également curieux de voir ce qu’allait donner Jeffrey Dean Morgan (The Walking Dead) dans la peau de l’agent Russell. Force est de constater qu’au delà de son jeu reprenant plusieurs mimiques de son personnage de Negan, le rôle semble avoir résulté de plusieurs réécritures. Ce dernier se montre transparent jusqu’à une ridicule scène de précognition et assez révélatrice du projet ne sachant jamais où se situer entre gore, action et rigolade. On alterne alors entre scènes plutôt légères saupoudrées d’humour à de l’action hollywoodienne en passant par une séquence étonnamment gore voyant un commando de mercenaires passant du statut de chasseurs à celui de chassés.

Les démolisseurs de l’extrême

Néanmoins le film était principalement attendu pour ses scènes de destruction massive, mises en avant dans les différents trailers et surtout sève du jeu de Midway. Malheureusement, ici aussi, il y a de quoi être déçu. En effet, jamais Rampage ne parvient vraiment à convaincre et ce jusqu’à son final apocalyptique et ses immeubles s’écroulant autour des créatures s’affrontant en plein centre ville. Toutefois, impossible de ne pas comparer avec Kong : Skull Island ou même le somptueux remake de King Kong par Peter Jackson, bien plus généreux et maîtrisé que le film de Brad Peyton, responsable de San Andreas et de la future adaptation de Just Cause. On évitera également de trop s’attarder sur le design disgracieux des créatures et de l’illogisme voulant que le loup et le crocodile aient certains des attributs des créatures utilisées dans l’élaboration du virus à l’inverse de George restant le même du début à la fin, histoire d’amener l’émotion voulue par le réalisateur.

Rampage reste un spectacle regardable, voire appréciable, pour peu qu’on le prenne au douzième degré et qu’on lui pardonne toutes ses errances scénaristiques et ses approximations autant dans sa réalisation peu inventive ou ses effets spéciaux pas toujours à la hauteur. Reste les biceps de l’ami Dwayne se contractant au rythme de ses exploits dont le pilotage de deux hélicoptères en l’espace de 45 minutes.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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