Rien ne prédisposait véritablement Dragon’s Dogma, Action-RPG de Capcom sorti en 2012, à être adapté par Netflix. Pour autant, c’est en septembre dernier que cette série est arrivée sur la plate-forme de SVOD en se présentant comme une sorte de palliatif à la dernière adaptation de Berserk à laquelle elle emprunte un univers de Dark Fantasy et une animation 3D.
S’étalant sur sept épisodes, chacun étant associé à l’un des Péchés capitaux, Dragon’s Dogma nous livre un court récit centré autour de la vengeance. Se reposant sur l’univers et le scénario du jeu, auquel elle emprunte d’ailleurs son compositeur, Tadayoshi Makino, la série fait sans doute l’erreur d’adapter de façon trop clinique le scénario du jeu sans en expliquer les contours. En effet, là où le jeu pouvait se reposer sur sa durée de vie pour étoffer son histoire (qui n’était d’ailleurs pas son point fort), le show de Netflix va vite, très vite, trop vite. Ainsi, à peine a-t-on le temps de découvrir Ethan, le protagoniste principal, que ce dernier vit une tragédie orchestrée par un dragon qui lui vole son cœur. Ethan n’aura alors d’autre choix que de retrouver la créature pour récupérer son dû.
Il rencontre rapidement Hannah, un Pion dont on ne connaîtra finalement pas grand chose et destinée à l’aider dans sa quête. Élément central du titre de Capcom, Hannah n’est finalement que le reflet des NPC du jeu et se révèle sans âme et manquant cruellement d’épaisseur. Sorte de guerrière renvoyant, dans son design, à la Claire de Claymore, le personnage ne dévie jamais de sa tâche et se retrouve donc prisonnière de son équivalent de pixels qui n’était finalement là que comme soutien du joueur. Un problème pour une série aussi courte et recelant très peu de personnages.
Difficile dans ce cas de créer une véritable empathie pour ce couple destiné à évoluer d’épisode en épisode, tels deux fantômes et ce malgré les péripéties qu’ils vivront.
Shinya Sugai (animateur sur diverses séries dont la magnifique Seirei No Moribito) aura alors à cœur de compenser ce manque de matière narrative par un mélange de gore, d’érotisme ou d’action faisant intervenir Ogre, Liche et autre Griffon. Le problème est que le tout s’enferme de lui-même dans un classicisme à travers des situations maintes fois vues et revues et qu’il est difficile de développer une histoire différente et intéressante à chaque épisode d’une vingtaine de minutes en définissant des tenants et des aboutissants qui se tiennent. Logique donc que la construction des chapitres soit calquée sur un seul modèle présentant enjeux et nouveaux protagonistes puis s’articulant autour d’un affrontement contre un monstre avant de déboucher sur une conclusion liée à un péché.
Malheureusement, bien que le rendu cel-shadé des personnages soit très réussi et que certains passages s’avèrent assez bluffants (l’affrontement contre l’Hydre) voire supérieurs à la plupart des scènes d’action de Berserk, notamment grâce à des cadrages dynamiques, le rendu global est assez inégal, avec des mouvements manquant parfois de fluidité ou des créatures s’intégrant très mal aux décors. On regrettera à ce titre que Sugai Shinya (Ghost in the Shell: Stand Alone Complex: Tachikomatic Days, la série Shikizakura), pourtant spécialiste de l’animation 3D, ait sciemment opté pour un rendu différent entre humains et monstres, ceci conférant à la série une identité manquant d’homogénéité ne lui permettant malheureusement pas de se hisser au niveau de ses concurrentes.
En ne pouvant s’appuyer sur une histoire suffisamment forte, à des lieux de celle de l’oeuvre de Kentaro Miura, Dragon’s Dogma loupe un peu le coche, et ce, jusque dans son final synonyme d’une morale très convenue. Sans être désagréable à suivre, entre autres grâce à son format court, la série de Shinya Sugai n’a simplement pas les moyens de se détacher suffisamment du lot. Reste une adaptation qui paradoxalement s’avère trop fidèle au jeu dont les carences scénaristiques s’avèrent encore plus problématiques dans le cadre d’une série d’animation.