Après une Saison 03 désireuse de faire avancer tous les personnages afin de mettre en place le grand final, la Saison 04 se devait de conclure avec les honneurs l’épopée de Trevor, Syphas et Alucard. Toujours chapeautée par Warren Ellis et Adi Shankar, Castlevania aura peu à peu gagné ses galons en proposant une adaptation péchant parfois au niveau de son animation mais résolument sombre et adulte. Cette nouvelle saison ne déroge pas à la règle. Mieux, elle en reprend tous les éléments pour les compiler et en sortir une fin admirable en tout point.
Reprenant là où la précédente saison s’était arrêtée, la Saison 04 de Castlevania entreprend toutefois un retour en arrière, à rebours, en dévoilant ce qui s’est passé pour Trevor et Syphas ces quatre dernières semaines. A bout de souffle après avoir empêché la résurrection de Dracula à Lindenfeld, continuellement assaillis par les démons, nos deux héros trouvent refuge dans la ville de Targoviste également en proie aux forces du Mal commandées par le massif Ratko et le loquace Varney, l’un des suppôts de Dracula, doublé par le grand Malcolm McDowell (Orange Mécanique, Star Trek Générations), qui s’avérera plus important que le vantard qu’il donne l’impression d’être.
Plus travaillé que dans la Saison 3, le scénario d’Alucard revient sur le vampire mélancolique qui, après avoir été trahi par deux humains dont il s’était entiché, va ranger sa rancœur (sans doute un peu trop rapidement) et venir en aide aux habitants de Danesti où il rencontrera Greta, la chef du village. Tiraillé entre sa nature vampirique et humaine, Alucard n’aura de cesse se questionner sur ce à quoi il aspire et ce à quoi il peut réellement prétendre.
En plus de faire revenir tous les anciens protagonistes dont Saint Germain qui prend ici beaucoup plus d’importance, cette saison s’enrichit de nouveaux personnages auxquels on ajoutera à ceux déjà cités, Zamfir, Garde en chef de la cour Souterraine de Targoviste. Bien que tous ne soient pas traités sur un pied d’égalité, ce casting enrichi est notamment synonyme d’un joli trio de femmes fortes pour une saison bien plus généreuse en action.
En effet, là où les saisons précédentes avaient du mal à trouver le juste milieu, cette Saison 04 intègre dans chaque épisode un ou plusieurs affrontements, à l’animation, une fois encore, plus aboutie et aux chorégraphies virevoltantes faisant le jeu de mouvements stylés, à l’aide de la 3D, de déformations des corps et d’un gore omniprésent. Corps démembrés, décapitations, éviscérations, Castlevania n’hésite jamais à faire couler le sang en profitant au passage d’un bestiaire beaucoup plus varié à travers une galerie de démons à l’allure angélique ou au contraire bien plus sexualisés. On sent bien que les artistes et animateurs ont cherché à élever le niveau, ceci se ressentant notamment dans l’incroyable affrontement de l’épisode 3 avec Mirana, revêtue d’une superbe armure de combat. Femme à abattre, l’imposante guerrière, sorte de Brienne de Torth (Game of Thrones) vampirique, laissera parler sa rage durant une séquence d’action violente, sanglante et renvoyant à de nombreuses reprises à ce qu’a pu nous offrir Berserk. Ce combat trouvera d’ailleurs écho dans de nombreux autres mettant en scène nos trois héros et ce jusqu’à un final impressionnant et très influencé par la série vidéoludique.
Au terme des 10 épisodes, chaque intrigue trouve une conclusion plus ou moins convaincante, tout comme l’ensemble des destins de chaque protagoniste, qu’ils soient du bon ou du mauvais côté de la barrière. Isaac et Carmilla se feront face pour savoir quelle idéologie prévaut, Hector devra choisir son camp et Saint Germain démontrera que malgré le charlatan qu’il semble être, il sait se montrer ambitieux, guidé par son ego ou des motivations plus personnelles. Servis par de très bons dialogues, les personnages principaux profiteront chacun d’un moment privilégié, qu’il soit synonyme d’une scène d’action à couper le souffle ou d’un passage plus profond, plus intime, plus émouvant.
Distillant quelques rebondissements, saupoudrant le tout de diverses touches d’humour, profitant de superbes décors et de plans impactants (à l’image de cet escalier ruisselant de sang qu’emprunte Isaac pour parvenir à Carmellia, prologue à l’une des meilleurs scènes d’action de toute la série), cette saison s’avère supérieure aux précédentes grâce à son rythme trépidant allant crescendo jusqu’à son épisode 10, plus posé et offrant une fin baignée de lumière.
En renvoyant davantage à la série de Konami que par le passé (à travers des personnages, son bestiaire, certains lieux, les pouvoirs d’Alucard, une map holographique qu’on croirait issue d’un des jeux), l’ensemble des épisodes forme un tout plus homogène, référentiel et plus que jamais désireux de se poser comme l’adaptation de qualité que la série n’a jamais cessée d’être.
La quatrième saison de Castlevania réussit le pari de conclure toutes les intrigues en proposant quelques beaux rebondissements ainsi qu’une action omniprésente. Plus dynamique que jamais, plus profonde, servie par un design de haute volée, de très bons dialogues et un casting vocal anglais toujours aussi impeccable et accueillant, excusez du peu, Malcolm McDowell, cette ultime saison s’avère aussi énergique que posée, aussi généreuse qu’équilibrée, aussi brutale qu’émouvante. Une conclusion soignée pour une adaptation qui se sera montrée de plus en plus brillante au fil de ses saisons.