American Horror Stories S02 : Des histoires qui finissent mal

Après une première saison qui n’avait nullement réussi à faire aussi bien que sa proche parente, American Horror Story, American Horror Stories se devait de redresser la barre pour cette deuxième saison. Reprenant le concept d’anthologie, cette deuxième salve d’épisodes s’avère malheureusement aussi peu inspirée qu’exempte de la moindre frayeur. Un comble pour une série placée sous le signe de l’horreur.

Alors que la première saison d’American Horror Stories n’avait pas réussi à suffisamment s’émanciper de sa grande sœur, American Horror Story, afin de proposer quelque chose d’attrayant, la Saison 02 évite cet écueil en proposant 8 nouvelles histoires décorrélées de la série originale (à une exception près). Toutefois, si il y avait donc matière à voler de ses propres ailes en arpentant les différentes voies qu’offre le genre horrifique, cette saison ne décolle jamais vraiment quel que soit le sujet, le lieu ou la mise en scène. En effet, si le tout aborde aussi bien la technologie (Aura), les légendes urbaines (Drive & Bloody Mary) ou le refus de vieillir (Le Lifting), la plupart des histoires bifurquent la plupart du temps vers un Fantastique aussi classique qu’éculé, aussi barbant que peu effrayant.

Tout dans cette saison offre une impression de déjà-vu. Rien ne surprend, rien ne donne matière à réflexion. Le plus ironique vient sans doute du fait que le meilleur épisode (La Nécro) est celui qui ne comporte pas une once de Fantastique et qui s’intéresse le plus à ses personnages même si ici, le tout aurait mérité un meilleur traitement à travers deux épisodes pour approfondir la psychologie de Sam. Il est donc frustrant de constater à quel point cette saison se complaît dans des histoires sans nuances ne se rattrapant même pas par leurs ambiances ou, a minima, quelques effets gores ou autres jump scares. Ceci est particulièrement visible dans le dernier épisode, Le Lac, très inspiré de Creepshow, mais préférant nous conter une histoire lisse et mal jouée plutôt que de verser dans un bis rigolo à la manière du segment Le Radeau de Creepshow 2. Une nouvelle déception donc pour une série qui aura bien du mal à sortir de l’ombre de sa grande soeur qui débarque ce mois-ci avec sa onzième saison.

  • Episode 01 : Dollhouse
  • Durée : 42 minutes

Alors qu’on aurait pu imaginer une sorte de mixe entre La Maison de Cire et Puppet Master, le premier épisode de la S02 d’American Horror Stories se montre peu dérangeant et inventif. La jeune Coby Dellum, prisonnière du très select (et dérangé) Mr. Van Wirt qui s’est construit une maison de poupées à échelle humaine, va devoir passer plusieurs épreuves en compagnie de ses infortunées camarades (elles-mêmes kidnappées) afin de prouver à leur geôlier qui est la meilleure candidate pour s’occuper du jeune Otis. Trop long pour ce qu’il a à raconter, l’épisode s’avère peu intéressant en ne sortant jamais des sentiers battus afin de surprendre le spectateur. Le résultat est assez laborieux à l’image de sa conclusion une fois encore plus occupée à intégrer le récit dans la mythologie AHS qu’à proposer un véritable twist.

  • Episode 02 : Aura
  • Durée : 43 minutes

Venant d’emménager dans leur nouveau quartier, les Taylor achètent un système de sécurité du nom d’Aura. Peu de temps après, Jasylyn va recevoir la visite d’un étrange personnage venant toquer à sa porte la nuit venue. Egalement trop long pour son sujet, l’épisode tourne en boucle en se reposant sur les mêmes gimmicks horrifiques tout en essayant d’entretenir un certain suspens grâce à son «boogeyman». Malheureusement, cette histoire de fantômes est tellement classique que le scénario fait du surplace pendant plus de 40 minutes, là où il aurait été judicieux de diviser la durée par deux pour davantage d’efficacité. La conclusion s’avère elle-même brouillonne, expédiée et un tantinet ridicule. Next !

  • Episode 03 : Drive
  • Durée : 39 minutes

A mi-chemin entre Urban Legend et Duel, Drive nous conte les mésaventures de Marci qui vit une union libre avec son époux Chaz. Un soir, alors qu’elle vient de s’envoyer en l’air à la sortie d’un night club, elle est poursuivie par une voiture lui faisant des appels de phare. Après l’avoir semé, elle rentre chez elle et sent une sorte de présence dans sa demeure en pleine nuit. Afin de ne pas vous gâcher de la surprise, je n’en dirais pas plus si ce n’est que l’épisode s’avère être le meilleur de ce début de saison. Optant pour une approche intéressante entre tension et suspens, Drive bifurque à un moment pour mieux surprendre le spectateur. Si il y avait sans doute matière à un peu plus creuser la personnalité des protagonistes, l’ensemble fonctionne plutôt bien jusqu’à sa révélation finale.

  • Episode 04 : Les Laitières
  • Durée : 48 minutes

Direction l’année 1765 pour cet épisode s’intéressant davantage aux dérives religieuses et la place des femmes à cette époque qu’à l’horreur pure qui n’existe ici que par le biais des réactions de ses personnages confrontés à la variole sévissant dans le village où se déroule l’action. Confrontant la science à la religion, l’épisode se perd malheureusement dans ce qu’il souhaite raconter, en se focalisant sur les relations entre le révérend Walters et le dénommé Thomas puis entre Celeste et Deliah dont l’histoire d’amour n’est jamais vraiment correctement traitée. Bien que les éléments s’assemblent afin que tout ce beau monde s’oppose dans la façon de traiter la maladie, ce segment peine à creuser sa thématique centrale (le mensonge sous couvert de message divin légitimant tout acte, aussi horrible soit-il) et si certains plans renvoient au pur cinéma d’horreur gothique (à l’image de la profanation du cimetière par l’ensemble des villageois), le message, aussi intéressant soit-il, finit par se diluer d’autant qu’on note plusieurs longueurs peu aidées par des dialogues redondants.

  • Episode 05 : Bloody Mary
  • Durée : 46 minutes

A l’image de Drive, Boody Mary prend comme point d’ancrage une légende urbaine voulant qu’en récitant trois fois devant un miroir le nom de Bloody Mary, on la fait apparaître. Bien entendu, c’est ce que vont réaliser quatre copines. Se faisant, la bien nommé Mary apparaît aux adolescentes et leur demande à chacune d’effectuer une mauvaise action afin d’obtenir ce qu’elles désirent le plus. S’en suit alors une suite d’apparitions (jamais effrayantes) de Bloody Mary et de vagues réflexions morales sur la notion de bien et de mal, quitte à punir (ou non) une cheerleader agressive, dénoncer une personne cocufiant une amie, etc. Vous l’aurez sans doute compris, l’épisode se déroulant dans un milieu estudiantin, on est loin de l’ambiance salle et poisseuse d’un Candyman (qui reprend un type similaire de légende urbaine) et sorti d’un twist acceptable, même si il aurait gagné à être bien plus pervers, ce nouvel épisode d’American Horror Stories roule sur des rails bien huilés sans jamais chercher à changer d’aiguillage pour surprendre son audience.

  • Episode 06 : Le Lifting
  • Durée : 39 minutes

Alors qu’il avait déjà largement abordé le thème de la chirurgie esthétique à travers sa série Nip/Tuck, Ryan Murphy y plonge à nouveau à travers un scénario de Manny Coto, omniprésent dans cette saison. Virginia Mallow , une riche veuve qui refuse de vieillir, va voir le docteur Perle qui lui propose, moyennant finances, une méthode révolutionnaire pour retrouver sa peau d’antan. L’épisode aborde ici une thématique somme toute classique synonyme d’éternelle jeunesse (Le Portrait de Dorian Gray y faisait déjà référence en 1891) qui s’avère également être un sujet d’actualité, surtout aux Etats-Unis où la chirurgie est quasiment une religion. Malheureusement, là où il y avait sans doute moyen de rebondir sur les dérives du bistouri, l’épisode opte pour la facilité en se reposant principalement sur le moment où les bandages de Virgina seront enlevés, nous révélant ainsi le résultat de son opération. D’ailleurs, si le twist oscille entre Get Out et l’épisode Eye of the Beholder de The Twilight Zone, celui-ci ne conserve ni la critique sociale du premier ni l’ironie du second. A la place, Coto préfère une conclusion sans âme, facile et dénotant d’un message quelque peu naïf.

  • Episode 07 : La Nécro
  • Durée : 44 minutes

Paradoxalement, alors que La Nécro est l’un des seuls épisodes de cette saison à ne pas intégrer de fantastique, c’est celui qui fonctionne le mieux en s’intéressant au cas de Sam, jeune femme travaillant dans une morgue et entretenant un rapport à la mort assez singulier après avoir vécu le meurtre de sa mère alors qu’elle était plus jeune. Tiraillée entre sa vie amoureuse qu’elle juge morne et fade et son travail dans lequel elle s’épanouit, elle va néanmoins se retrouver face à une nouvelle tragédie résultant d’un choix malencontreux. Sans jamais atteindre (ni même rechercher) le côté anxiogène d’un film comme L’Autopsie de Jane Doe, l’épisode se revendiquerait davantage d’une série comme Six Feet Under dans l’approche de son thème qui aurait mérité un épisode un peu plus long pour éviter un certain empressement pour arriver à son twist. Néanmoins, La Nécro reste un épisode intéressant qui se hisse sans peine au dessus de la mêlée.

  • Episode 08 : Le Lac
  • Durée : 40 minutes

Alors Jake et sa sœur Finn plongent dans un lac censé abriter une ville immergée, Jake se noie, emporté par une curieuse apparition. S’en suit alors de mystérieux événements qui vont forcer Finn et sa mère Erin à enquêter sur la construction d’un barrage et les zones d’ombre entourant ce dernier. Cette deuxième saison de l’anthologie se termine par une histoire de fantômes fortement inspirée par les pages de Creepshow. Malheureusement, le tout est encore une fois d’un classicisme éhonté. La révélation finale tombe à plat et le twist est si prévisible qu’on se demande pourquoi il a fallu plus de 40 minutes pour en arriver là. Aucun frisson, des actrices assurant le strict minimum, à commencer par Alicia Silverstone (Souviens-toi l’Eté Dernier), un scénario paresseux, triste constat pour une conclusion de saison.

La principale erreur de cette deuxième saison d’American Horror Stories vient sans doute du fait d’avoir laissé la plupart des scénarios à un Manny Coto peu inspiré voire paresseux. Trop sage, trop classique, jamais surprenante ni effrayante, cette saison s’avère encore plus dispensable que la précédente et nous fait dire que Ryan Murphy et Brad Falchuck feraient bien de s’investir un peu plus dans la potentielle Saison 03 si ils ne veulent pas que leur création ne perde définitivement pied.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

À lire aussi...