American Horror Stories S01 : Peurs sur la ville ?

Rien ne semble arrêter Ryan Murphy et Brad Falchuk. Alors que la Saison 10 d’American Horror Story est actuellement diffusée, sort en parallèle la première saison de son spin-off sobrement intitulée American Horror Stories. Sept épisodes, sept histoires se suffisant à elles-mêmes, sept raisons de jeter un coup d’oeil à cette anthologie hésitant pour l’instant entre l’envie de voler de ses propres ailes et son héritage auquel elle est sans doute trop attachée.

Marchant dans les pas de sa grande sœur, American Horror Stories affiche dès le départ la couleur en proposant un double épisode se déroulant dans la Murder House qui servait de lieu principal à la première saison d’American Horror Story. Une entrée en matière assez maladroite puisqu’au delà du lien de parenté (qu’on retrouve déjà dans le titre de la série), l’intrigue s’avère finalement assez classique et un peu forcée en allant jusqu’à faire apparaître certains personnages de la Saison 01 d’AHS.

Par la suite, cette première saison affiche la couleur en abordant des thèmes assez récurrents de l’horreur à travers des intrigues mettant en scène serial killers, monstres et autres démons. Bien que la série ait l’intelligence de varier la durée de ses segments en fonction de ce qu’ils ont à raconter, ils ne sont malheureusement pas tous égaux et s’ils profitent chacun d’un superbe générique d’ouverture dédié (l’une des marques de fabrique d’American Horror Story), le reste s’avère finalement sans surprise même si certains opus disposent de quelques twists sympathiques, sombres ou fortement teintés d’ironie.

Une première saison qui se laisse voir malgré tout même si on attendra beaucoup plus d’originalité de Murphy et Falchuck pour la d’ores et déjà annoncée Saison 02.

  • Episode 01 : Rubber(wo)Man – Partie 1
  • Durée : 48 minutes

Se déroulant dans la Murder House de la Saison 01 d’American Horror Story, l’intrigue tourne autour de Scarlett emménageant avec ses deux pères. Bien entendu, elle na va pas tarder à être confrontée à ses phénomènes paranormaux liés au lieu, réputé pour être le plus hanté de Los Angeles. Bien que le couple de parents soit sympathique, que la relation entre Scarlett et Maya soit correctement traitée et que le tout ne manque pas d’humour, cette histoire de vengeance souffre d’un gros sentiment de déjà-vu, surtout pour celles et ceux connaissant AHS, et s’avère très timide en frayeurs et meurtres gratinés.

  • Episode 02 : Rubber(wo)Man – Partie 2
  • Durée : 46 minutes

La seconde partie de l’histoire développe un peu les personnages de Scarlett et Maya et s’articule autour de la fête d’Halloween durant laquelle les fantômes piégés dans la Murder House peuvent sortir. L’occasion d’offrir quelques aérations bienvenues au récit et de varier un peu les lieux et meurtres avant de conclure de manière plutôt poétique ce double épisode oscillant entre vengeance et histoire d’amour tragique. Une mise en bouche non dénuée d’intérêt mais bien trop classique au point de réutiliser personnages et fantômes de Murder House, sous couvert d’un fan service un peu trop marqué.

  • Episode 03 : Drive In
  • Durée : 41 minutes

Evoquant fortement l’épisode 8 de la première saison de Masters of Horrors, La Fin Absolue du Monde, Drive In s’intéresse à un film censé rendre fou ceux qui ont le malheur de le regarder. Ici aussi, l’histoire reste assez convenue mais la mise en scène ménage ses effets jusqu’à la tuerie annoncée avant de bifurquer vers la traque de son réalisateur pour une conclusion qu’on sent arriver mais qui n’en reste pas moins réjouissante en se permettant même une petite once d’ironie.

  • Episode 04 : The Naughty List
  • Durée : 37 minutes

A force de vouloir repousser les limites du bon goût pour engranger toujours plus de followers, quatre influenceurs vont aller trop loin et perdre petit à petit leur communauté. Décidant alors de revenir à un humour plus basique, ils vont s’en prendre à un serial killer déguisé en Père Noël. Outre la critique de certains YouTubers (comme Logan Paul) et des dérives de certains pour atteindre coûte que coûte la notoriété, l’épisode profite du visage buriné de Danny Trejo, toujours à l’aise quand il s’agit de camper des personnages déviants. Si le tout s’offre un joyeux jeu de massacre, l’ensemble manque de piquant pour vraiment marquer les esprits.

  • Episode 05 : BA’AL
  • Durée : 49 minutes

Comme son titre l’indique, le cinquième épisode troque meurtriers et autres fantômes pour un démon. Liv Whitley, qui n’arrive pas à avoir un bébé avec son mari, obtient un jour une statuette censée améliorée la fertilité. Le résultat est plus que probant puisque neuf mois plus tard, Liv accouche d’un petit garçon. Malheureusement, alors qu’elle est en pleine dépression post-partum, elle ne va pas tarder à être confrontée à des phénomènes étranges qui vont la faire douter de son état mental. Evoquant dans ses grandes lignes La Malédiction, cet épisode distille une atmosphère bien moins anxiogène mais propose de bonnes idées de réalisation, ainsi que quelques frayeurs et un twist plutôt réussi.

  • Episode 06 : Feral
  • Durée : 39 minutes

Dix ans après avoir perdu leur fils lors d’une promenade, Jay et Addy retournent sur le lieu de la disparition après qu’un chasseur leur ait rapporté des preuves de la survie de leur enfant. Outre le fait de troquer les environnements urbains pour un lieu plus ouvert, Feral lorgne du côté de The Descent en évoquant des prétendues créatures qui vivraient recluses dans ces grands espaces américains. Si l’idée avait de quoi exciter, l’exécution se montre un peu timorée malgré un dernier acte plus percutant. Dommage que la conclusion soit un peu facile et manque clairement de substance.

  • Episode 07 : Game Over
  • Durée : 48 minutes

Retour pour la troisième fois dans la Murder House en compagnie d’une mère de famille qui y séjourne pour s’imprégner des lieux dans l’optique de concevoir un jeu vidéo usant de la notoriété de la fameuse battisse. Si on ne peut s’empêcher de penser que les scénaristes ont beaucoup trop tiré sur la corde en intégrant ici un aspect «meta», l’épisode s’avère également beaucoup trop redondant en ressassant une énième fois les mêmes histoires de fantômes prisonniers et de malédiction. Une conclusion plutôt décevante à l’image de cette première saison bien trop occupée à aligner les clins d’oeil aux fans d’American Horror Story au détriment du sentiment de peur.

Ne parvenant jamais à acquérir une véritable personnalité, cette première saison d’American Horror Stories provoque peu de frissons et se montre plus occupée à citer sa grande soeur qu’à proposer des scripts originaux. Sans être désagréable, elle se montre simplement trop classique pour susciter un véritable intérêt et ce malgré quelques bonnes idées et une esthétique léchée.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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