Si Astro avait déjà fait sensation avec son épisode VR ou Astro Playroom (proposé gratuitement sur toutes les PS5), il n’avait jamais eu le droit à un jeu plus conséquent, pensé comme une véritable expérience, complète et vendue au prix fort. C’est désormais chose faite avec Astro Bot qui parvient à conjuguer aspect kawai, level design millimétré et immense plaisir de jeu.
Débutant par une parodie du plan d’ouverture de Star Wars : A New Hope, Astro Bot donne le La de l’aventure à venir. Melting pot ultra référentiel, le nouveau bébé de la Team Asobi entend brasser des années de jeux vidéo et de culture geek à travers son univers plus mignon et inspiré que jamais. Pensé à la base pour mettre en avant les fonctionnalités de la DualSense, Playroom aura donc servi de terreau pour Astro Bot et de terrain d’expérimentation pour la petite équipe d’une 40aine de développeurs. De fait, le titre ne cherche jamais à repenser un concept mais bel et bien à l’améliorer jusqu’au boutisme. Le résultat est d’autant plus surprenant car si dans sa construction, il reste finalement très académique, c’est bel et bien à travers ses situations, son visuel, sa technique même, qu’il parvient à subjuguer le joueur.
Se reposant sur un script servant de prétexte au voyage à venir, le titre se découpe désormais en plus de 80 niveaux (de longueur variable) répartis à travers six galaxies. Les principales, pensées sur un modèle similaire, vous inviteront à arpenter plusieurs niveaux afin de récupérer suffisamment de Bots pour débloquer l’accès aux boss, gigantesques et aux patterns assez faciles à appréhender. De son côté, la galaxie secrète vous permettra « simplement » de profiter de onze niveaux bonus dont l’accès est disséminé dans ceux principaux. Ainsi, tout vous incitera à l’exploration, ne serait-ce que pour récolter les 173 Bots spéciaux, chacun renvoyant à une licence phare ayant élu domicile sur l’une des consoles Sony. Resident Evil, Journey, Metal Gear Solid, Persona, Wild Arms, autant de nostalgie condensée en un seul jeu n’est pas chose courante.
Si on aurait aimé un glossaire avec des informations sur les personnages/licences récoltés, cette chasse en devient presque l’élément central, celui procurant une excitation certaine, d’autant que chaque personnage dispose de sa petite animation, craquante et retranscrivant parfaitement un passage/gimmick culte du jeu dont le Bot est issu. On comprend alors mieux pourquoi la Team Asobi en a caché autant et inondé son bébé de collectibles synonymes de couleurs différentes pour notre vaisseau, différents skins & animations, etc. Pourtant, au-delà de ce fan service, se cache bel et bien un grand jeu de plates-formes, aussi beau que maitrisé techniquement, aussi accessible dans sa progression principale qu’exigeant dans ses niveaux bonus.
Tout dans Astro Bot semble avoir été pensé pour ne jamais créer la frustration chez le joueur. En premier lieu, il convient donc de saluer la gestion de la difficulté. En effet, si dans son ensemble le jeu s’avère simple et sans prises de tête, le terminer à 100% sera un peu plus complexe. L’aspect die & retry s’invitera même dans les challenges les plus corsés, qu’ils consistent à éliminer des ennemis sur une arène s’effritant sous nos pas ou à terminer des parcours truffés de pièges demandant une connaissance parfaite pour être terminés. Si mourir en boucle n’est jamais réjouissant pour qui que ce soit (hormis les fans des From Software), le fait de retenter un niveau n’est jamais vraiment punitif ou frustrant (jusqu’à un certain point) dans Astro Bot, ne serait-ce que grâce au SSD qui efface quasiment tout loading en nous proposant de recommencer le niveau avant même qu’on ait pu vraiment s’énerver. L’autre élément vient également du fait qu’on tire partie de nos échecs en progressant un peu plus à chaque essai, l’erreur nous incombant davantage qu’au gameplay à proprement parlé qui reste d’une grande précision.
A ce sujet, les développeurs japonais ont agrémenté ce nouvel épisode de quelques ajouts bienvenus. Si la maniabilité de base reste identique autant dans la gestion des sauts que du move set, la palette s’agrandit en utilisant divers costumes ou à travers les niveaux spéciaux dédiés à certaines des franchises de PlayStation. Bien qu’on retrouve le costume de singe pour faire de l’escalade (moyennant une utilisation de la gyroscopie et des gâchettes adaptatives de la DualSense), d’autres (le vaisseau spatial, la grenouille) ont été mis de côté et remplacés par de nouveaux. On pourra ainsi utiliser un chien fusée pour foncer sur nos adversaires, rapetisser, ralentir le temps, créer des gouttelettes pour atteindre des endroits inaccessibles, se transformer en éponge géante, etc. Les possibilités sont nombreuses tout comme les niveaux pensés autour de ces nouvelles capacités. C’est d’ailleurs ce qui fait la richesse d’Astro Bot qui, bien que reprenant des univers déjà exploités, donne l’impression de se réinventer au fil de la progression.
La redondance des situations n’est donc jamais présente car bien que des capacités soient réutilisées au grès de divers niveaux, ces derniers changent constamment de lieux en nous transportant d’un univers japonais à un autre gothique, flower power, en pixel art, sous-marin, etc. La cerise sur ce copieux gâteau reste bien entendu les niveaux dédiés à des licences PlayStation à l’image de Ape Escape, God of War, Horizon ou bien encore Uncharted. Ces derniers jouent encore plus sur la corde nostalgique tout en proposant un gameplay spécifique. On pourra ainsi utiliser le gun de Nathan Drake ou la hache de Kratos dans des stages condensant à merveille les éléments les plus iconiques des jeux qu’ils parodient, jusque dans leur excellente bande-son réadaptant les morceaux les plus iconiques.
S’inspirant ouvertement des ténors du genre à commencer par les Mario 3D, Astro Bot est un jeu exceptionnel, ouvertement feel good et remettant constamment une pièce dans la machine afin de ne jamais lasser le joueur. Sans être parfait (certains rares sauts manquent de précision à cause d’une profondeur pas toujours parfaitement gérée, le déblocage des niveaux bonus nous sortant automatiquement du niveau en cours est agaçant), le titre de la Team Asobi transpire tellement l’amour du travail bien fait, en plus de celui de la marque PlayStation, qu’il en devient subjuguant en plus d’être terriblement addictif. Comme toutes les bonnes choses, on aurait aimé qu’il dure davantage que ses 15h (pour atteindre le 100%) mais le relancer rien que pour profiter des centaines d’animations de Bots procurera un plaisir instantané. Un aspect qui ne trompe en attendant le DLC gratuit synonyme de quelques niveaux/Bots supplémentaires. On en trépigne d’impatience.
Astro Bot reprend le concept de ses aînés en l’amplifiant, en le bonifiant. En résulte un jeu extraordinaire, s’inspirant notamment des Mario tout en proposant un excellent level design et une parfaite gestion de la difficulté afin de ne jamais frustrer le joueur. Beau à pleurer, parfaitement maniable, brassant quantité de licences cultes à travers ses Bots tous plus kawai les uns que les autres, le jeu de la Team Asobi se savoure durant la 15aine d’heures nécessaires pour le boucler à 100% et devrait encore se bonifier dans les semaines à venir avec le contenu gratuit d’ores et déjà annoncé.