WHAT IF… S02 : Un petit pas pour l’originalité, un bond de géant pour le MCU

Faisant suite à une très bonne, bien qu’inégale, première saison, What If… revient avec une nouvelle salve d’épisodes. Poursuivant certaines histoires tout en intégrant de nouveaux personnages, cette nouvelle saison reste sur ses acquis tout en altérant le concept même de l’anthologie pour le meilleur … et pour le pire ?

Après une première saison qui modifiait joyeusement les événements du MCU tout en usant de certains arcs moins connus du grand public (Marvel Zombies), What If… réitère le concept tout en étant prisonnier de ce que Marvel construit depuis des années grâce à ses multiples phases. En effet, là où il aurait été excitant d’explorer ce que la société américaine nous a offert en comics depuis les années 60/70, la firme doit se restreindre à son MCU pour parler au plus grand nombre afin que les spectateurs connaissent la version originale de l’histoire. Logique mais terriblement frustrant à l’image de l’absence de Spider-Man ou des X-Men pour des questions de droits ou d’entrée officielle dans ledit MCU.

Pour palier à ces contraintes, What If… doit donc se raccrocher à ses figures connues les plus populaires. Le résultat est synonyme d’une certaine redite car si les univers, styles et époques changent, revoir encore et encore les Avengers ou une partie des Gardiens a tendance à lasser. Pire, on sent bien que Marvel n’a pas «osé» taper dans ses séries moins appréciées (Miss Hulk, Moonknight, Miss Marvel) pour apporter un peu de sang neuf à cette nouvelle saison. En résulte un entre-deux étrange, très agréable à regarder mais n’exploitant jamais totalement ce qu’une anthologie permet de plus fou. Frustrant surtout qu’au détour de quelques épisodes, la série s’aventure vers des chemins moins balisés (Et si… Les Avengers se rassemblaient en 1602 ?), ou référentiels (Et si… Happy Hogan avait sauvé Noël ?) avec une bonne humeur communicative.

Malheureusement, le multivers étant au centre de la nouvelle Phase, on imagine également la volonté de Marvel de progressivement construire quelque chose de plus cohérent en racontant une histoire sur plusieurs épisodes. Ici aussi, le concept initial de l’anthologie est amoindri et bien que l’agent Carter soit un excellent personnage, créer un fil rouge autour d’elle (elle intervient dans 6 des 18 épisodes des deux saisons) n’était sans doute pas la meilleure idée en termes d’originalité. Compte tenu de la fin ouverte de cette saison faisant penser à une sorte de rencontre entre Code Quantum et le MCU, on imagine déjà que la Saison 03 continuera dans ce sens. Espérons que cela n’entrave en rien la fantaisie et l’excentricité dont devrait faire preuve la série qui a également du travail devant elle en termes d’animation pour faire jeu égal avec les canons du genre.

  • Episode 01 : Et si… Nebula avait rejoint les Nova ?
  • Durée : 28 minutes

Cette nouvelle saison débute par un épisode très cyberpunk puisque se déroulant uniquement dans la patrie des Nova corp, Xandar. Suite au meurtre de Yondu, Nebula va devoir enquêter dans une citée vivant en autarcie depuis qu’un gigantesque bouclier l’entoure afin d’assurer sa sécurité vis à vis de Rohan, plus puissant que jamais après avoir éliminé Thanos. Bien que l’ambiance s’accorde avec la personnalité ténébreuse et renfermée de Nebula, l’histoire s’avère un peu trop classique en nous amenant vers un dénouement plutôt quelconque, tout comme l’apparition un peu gratuite de Howard The Duck en tenancier de bar clandestin. On citera également un manque d’action assez flagrant ou bien l’absence de Nova (car non encore introduit dans le MCU ?) bien que la promesse de l’épisode ne soit pas là.

  • Episode 02 : Et si… Peter Quill avait attaqué les plus grands héros de la Terre ?
  • Durée : 29 minutes

S’inspirant de l’intrigue des Gardiens de la Galaxie Vol. 2, l’épisode 2 débute comme une sorte de Brightburn mettant en scène un jeune Peter Quill qui débarque sur Terre pour tout détruire. Il va alors affronter une partie des Avengers essayant de contenir sa puissance nucléaire. Si on soupirera de retrouver une énième fois l’équipe des supers-héros, ce segment subit de plein fouet l’orientation grand public de Marvel. Tout est absolument prévisible et convenu, on ne doute jamais que certains personnages (Le Soldat de l’Hiver notamment) n’iront jamais au bout de leur mission et la grande bataille entre Nego et les Avengers s’avère plutôt ennuyeuse car bien trop générique.

  • Episode 03 : Et si… Happy Hogan avait sauvé Noël ?
  • Durée : 27 minutes

Bien que le pitch de départ n’ait pas grand chose d’excitant (Justin Hammer prenant en otage la tour des Avengers), cet épisode de Noël s’avère être le meilleur de ce début de saison. Déjà, en mettant en scène Happy Hogan, le chef de la sécurité de Tony Stark, ce segment l’oriente implicitement vers un ton plus léger bien que non dénué d’action, surtout après que Justin ait piraté plusieurs robots de sécurité qui vont servir de défouloir à Happy s’étant injecté un sérum qui va le rendre aussi fort que Hulk. Ensuite, en s’inspirant de la trame de Die Hard, auquel il reprend les scènes les plus iconiques (tout en le citant pour celles et ceux qui n’auraient pas compris les références), l’épisode s’engouffre dans une délicieuse parodie, rythmée et bon enfant, qui ne cherche rien de plus qu’à amuser tout en offrant un hommage au plus beau film de Noël. Difficile de résister !

  • Episode 04 : Et si… Iron Man avait rencontré le Grand Maître ?
  • Durée : 31 minutes

L’histoire tournant autour du Grand Maître, préparez-vous à un show non stop de Jeff Goldblum qui reprend ici son rôle en cabotinant comme jamais. Même en appréciant l’acteur, difficile de valider cet épisode à l’humour incroyablement poussif et peu recherché, la marque de fabrique de la plupart des Marvel en quelque sorte. Le scénario n’ayant quasiment rien à raconter, on devra donc se contenter de blagues déjà entendues avec un Tony Stark en roues libres, un rapport de force entre celui-ci et Gamora ou bien encore l’humour d’écolier de Korg. Notons tout de même une course, se situant entre celle des Pods de Star Wars et le jeu Rollcage, pour nous tenir éveillé bien qu’on soit très loin, sans mauvais jeu de mots, des sensations véhiculées par celles de l’excellent film Redline.

  • Episode 05 : Et si… Captain Carter avait combattu l’Écraseur d’Hydra ?
  • Durée : 30 minutes

Directement lié au premier épisode de la S01, l’épisode 05 de la S02 de What If.. remet en scène le Captain Carter aux côtés de Black Widow. Chacune d’entre elles va devoir affronter son passé répondant au nom d’Hydra. Très bien rythmé grâce à plusieurs scènes d’action très efficaces, l’épisode se montre moins ambitieux d’un point de vue scénaristique malgré le sacrifice de circonstance ou bien encore une fin ouverte afin de construire un fil rouge sur plusieurs épisodes. On en ressort donc plutôt satisfaits car si l’histoire aurait peut être gagné à mieux intégrer certains personnages à l’image de James «Buck» Barnes, l’ensemble s’avère complémentaire de l’épisode de la S01 en troquant l’esprit pulp pour une histoire d’amour tragique.

  • Episode 06 : Et si… Kahhori avait refait le monde ?
  • Durée : 32 minutes

Après Prey sorti en langue Comanche, What If… reprend cette idée en proposant un épisode entièrement doublé en langue Mohawk et en Espagnol. Prenant comme point de départ l’arrivée du Tesseract sur Terre dans un lac non loin d’un village indien, l’épisode se veut rafraîchissant en se présentant comme une sorte de What If… Pocahontas avait rencontré le MCU ? Cette fois, c’est la dénommée Kahhori qui, investie du pouvoir de l’objet, va affronter les envahisseurs espagnols. S’appuyant sur un aspect historique tout en jouant avec les légendes du peuple Mohawk, cette origin story est malheureusement très classique en renvoyant davantage à du Disney que du Marvel. Cependant, si la personnalité de Kahhori s’avère trop lisse, elle n’en reste pas moins un personnage plutôt réussi, digne représentante d’un peuple décidé à chasser l’ennemi de ses terres tout en prônant la paix.

  • Episode 07 : Et si… Hela avait trouvé les Dix Anneaux ?
  • Durée : 28 minutes

Après avoir été exilée sur Terre par Odin, Hela se retrouve en Chine où elle va rencontrer le possesseur des Dix Anneaux. Désirant s’affranchir de son père et retrouver sa liberté de choix, elle va passer par une quête initiatique afin de récupérer ses pouvoirs. Ici encore, un très bon épisode parfaitement équilibré. Mélangeant un léger côté spirituel à une action hollywoodienne (le combat final est excellent), ce segment met en avant la déesse de la mort, personnage malheureusement sous-exploité dans le MCU qui trouve ici une sorte de rédemption via de grandes ambitions.

  • Episode 08 : Et si… Les Avengers se rassemblaient en 1602 ?
  • Durée : 32 minutes

Suite de l’épisode 05, l’épisode 08 transporte les Avengers en 1602. Idée sympathique mais qui donne lieu à un épisode un peu brouillon quant aux motivations de certains, Thor notamment qui se rend compte du bien fondé de ce que fait Carter quelques secondes après l’avoir combattu. On passera également sur le non-sens voulant que Hogan se transforme à nouveau pour profiter de l’énergie de ce segment oscillant entre Robin des Bois et Le Masque de Fer, aussi joli qu’excitant grâce à son lot d’action profitant d’une réalisation à la hauteur ou bien encore de l’utilisation astucieuse de l’ensemble des protagonistes dans des rôles liés à leurs personnalités.

  • Episode 09 : Et si… Le Strange Suprême était intervenu ?
  • Durée : 31 minutes

Terminant l’histoire débutée dans la Saison 01 (en attendant la suite dans la déjà annoncée Saison 03), cette conclusion de saison est aussi spectaculaire que peu crédible, surtout lorsqu’on s’attarde sur la puissance des protagonistes qui n’a plus aucun sens. Mais qu’importe, l’épisode fait la part belle au face à face entre Carter et le Docteur Strange qui au fil des épisodes devient un personnage de plus en plus fascinant. Ponctuant ici aussi son épisode d’un énorme aspect fan service, Marvel ne surprend guère et mise sur la surenchère sans parvenir à développer convenablement le personnage de Kahhori faisant «simplement» office de sidekick de luxe à Carter.

Moins éclectique que la S01, la S02 de What If… parvient toutefois à retenir l’attention grâce à plusieurs épisodes de très bonne qualité. Affichant néanmoins un manque d’originalité dans les idées motrices et une frilosité dans l’utilisation de personnages moins connus du grand public, la série s’enferme d’elle-même dans une sorte de redite, guère aidée par une animation toujours rigide, ou la volonté de créer un fil rouge à travers les épisodes. On appréciera ou non et si la perspective de voir la série se transformer en sorte de Code Quantum a de quoi étonner, on pourra aussi se questionner sur les capacités de Marvel à réellement embrasser le concept d’anthologie qu’ils avaient pourtant eux-mêmes lancés à la fin des années 70.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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