Plutôt que de se réinventer, Scream préfère tracer sa route et poursuivre dans la voie qu’il avait emprunté avec le précédent volet en se reposant une fois encore sur la mythologie de Woodsborough sous couvert d’un aspect meta. Toutefois, cet opus troque le charme des petites villes américaines contre celui de la Big Apple. Une idée forcément excitante pour un résultat d’autant plus décevant.
Après cinq films et une série annulée au bout de trois saisons, la saga Scream se doit de voir plus loin, autant dans l’inventivité de ses meurtres que dans ce qu’elle raconte, condition sine qua none pour perdurer et éviter de lasser son public. Si Wes Craven avait réussi à faire évoluer ses personnages tout en se questionnant sur la notion de suites et le cinéma de genre, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett n’étaient pas parvenus avec Scream 5 à perpétuer cette tradition bien qu’accentuant davantage cette réflexion autour du slasher. La faute à des personnages agaçants (existants plus à travers les anciens personnages que par eux-mêmes), des dialogues pompeux et des meurtres certes plus sauvages mais manquant diablement d’inventivité. Scream VI avait donc la lourde tâche de s’inscrire dans la lignée des opus de Craven. Quoi de mieux pour ce faire qu’un tout nouvel environnement plus urbain, un nouveau cheptel de teenagers prêts à passer de vie à trépas en un claquement de doigts et une envie de repenser le slasher, ce que le premier épisode avait brillamment initié en 1996.
Le plus ironique est que l’introduction de Scream VI parvient à surprendre en se montrant terriblement originale surtout si on excepte les réactions, comme souvent, saugrenues des victimes toujours promptes à se jeter dans la gueule du loup. En effet, en choisissant sciemment de montrer dès le premier meurtre le visage du tueur, on pouvait penser que les scénaristes allaient redéfinir tout ce qui constituait la saga, quitte à marcher sur les plates-bandes de Columbo. Malheureusement, cette originalité va rapidement s’estomper au profit d’une structure des plus conventionnelles, le GhostFace démasqué se faisant prestement trucider par un autre tueur, celui-là même que vont devoir affronter notre groupe d’étudiants.
A partir de là, Scream VI ne quittera jamais ce chemin balisé par des meurtres manquant d’inventivité malgré l’environnement urbain qui aurait pourtant pu offrir cette bouffée d’air frais dont avait besoin la saga habituée à un cadre plus rural. Malheureusement, Scream VI ne semble jamais vraiment savoir comment mettre à profit New York même si le temps d’une séquence dans le métro en plein Halloween, on sent le potentiel du lieu. Cependant, au lieu de creuser la chose, Bettinelli-Olpin et Gillett préfèrent nous abreuver de dialogues meta ne parvenant même plus à alimenter de vraies réflexions tout en essayant vaguement d’expliquer l’absence de Sidney, écartée de cet opus pour cause de salaire jugé trop bas par Neve Campbell. On aura beau y retrouver Gale Weather, guère convaincante dans son traitement et peu aidé par l’interprétation de Courtney Cox semblant de moins en moins habitée par le rôle, ou le personnage de Sam plus que jamais hanté par son défunt père Billy Loomis (le Ghostface original), le scénario patine.
D’ailleurs, il y avait sans doute matière à approfondir cet aspect plutôt que de revenir une énième fois sur l’héritage de Woodsborough ici sacralisé par une sorte de musée macabre à la gloire des tueurs précédents. L’ironie de la chose est que cette volonté de vouloir raccrocher les wagons, de construire une gigantesque toile d’araignée afin de relier les motivations des tueurs joue contre ce sixième volet, finalement assez pataud en flanquant un Ghostface pas très débrouillard et toujours prompte à se prendre les pieds dans le tapis.
Manquant de tension (malgré une certaine sauvagerie) et d’enjeux, Scream VI se paye même le luxe de s’offrir une durée accrue (plus de deux heures) alors qu’il aurait été bien inspiré, au contraire, de faire l’inverse en se concentrant sur son rythme via des meurtres plus créatifs et une histoire davantage centrée sur ses personnages à commencer par Sam et Tara, campées par les convaincantes Melissa Barrera et Jenna Ortega. Au lieu de ça, cet épisode se complaît dans un flot de références tout en poursuivant le travail (médiocre) débuté dans Scream 5. Rien de nouveau ni de surprenant donc même si on aurait cette fois aimé être bousculés surtout après une entrée en matière aussi réussie.
Dans la droite lignée de Scream 5, Scream VI continue de travailler ses personnages sans pour autant le faire franchement et préfère une nouvelle fois abuser de la mythologie de Woodsborough alors qu’il n’y a définitivement plus rien à chercher de ce côté-là. Reste un épisode plus urbain, parfois sympathique (la scène du métro), souvent trop classique (la supérette, l’appartement) et n’arrivant jamais à concrétiser tout ce que son excellente introduction semblait promettre de terriblement excitant.