Sept ans que Resident Evil n’avait pas profité d’un film en CGI. Non pas que nous l’attendions comte tenu de la semi déception qu’avait été Vendetta mais entre Bienvenue à Raccoon City désarmant de médiocrité et les tentatives ratées de séries (live comme animée), Death Island pouvait a minima constituer une petite friandise entre la sortie de deux jeux. Malheureusement, il n’en est rien puisque Capcom semble vouloir rester dans du Z de plus en plus marqué en ne se préoccupant même plus de la cohérence de ses scénarios ni même de ses personnages vedettes.
Optant à nouveau pour un scénario des plus convenus, Death Island opte stratégiquement pour une histoire en forme de réunion de famille regroupant l’ensemble du cast des jeux, de Leon S. Kennedy, à Chris Redfield en passant par Claire, Jill et Rebecca Chambers, déjà présente dans Vendetta bien que totalement sous-exploitée. En 2015, Leon est chargé de sauver un certain docteur Antonio Taylor fraîchement kidnappé. Le bellâtre ayant l’habitude de ce type d’opération depuis Resident Evil 4, il s’en accommode avant d’être attaqué par une mystérieuse femme. De son côté, Chris Redfield (travaillant toujours pour le BSAA) enquête sur une épidémie de zombies à San Francisco. Après enquête, il découvre que toutes les victimes ont étrangement visitées l’ancien pénitencier d’Alcatraz. Marchant dans les pas de Nicolas Cage, Chris se rend alors sur l’île avec les membres de son équipe.
A partir de cette base classique (se déroulant entre les événements de Resident Evil 6 et ceux de Vendetta), les scénaristes, en totale roue libre, versent dans le Bis le plus décomplexé, qu’il soit ou non volontaire. Si on passera sur la pauvreté des dialogues, il est en revanche navrant que le bad guy de cet opus, Dylan, soit aussi effacé tant dans son charisme que ses ambitions reposant sur des drones programmés pour infecter des populations ciblées. Rien de bien neuf sous le soleil californien. Du coup, comme on comprend rapidement que ce n’est pas du côté du scénario qu’il faut attendre quelque chose de Death Island, on se dit que le film va a minima nous offrir, comme ses prédécesseurs, une action soutenue voire un peu plus originale de par le lieu de son intrigue, Alcatraz. Malheureusement, ce n’est ni le cas dans un sens comme dans l’autre.
Dans l’absolu, le tout débute gentiment par une course-poursuite à moto, totalement surréaliste et nous rappelant à quel point Leon est un surhomme intouchable à qui tout est désormais permis. Alors que la mise en scène privilégie les chorégraphies s’affranchissant de la pesanteur pour mettre en avant des gunfights improbables sur une bretelle d’autoroute et la plastique avantageuse de Maria (personnage, soit dit en passant, totalement loupé dont les motivations s’avèrent aussi classiques que le plan de Dylan), le reste du film se montre beaucoup plus posé en donnant l’impression de ne jamais savoir comment utiliser son espace cloisonné, et a fortiori l’ensemble de ses héros n’ayant finalement pour seule légitimité que celle de nourrir un fan service essayant de boucher les trous béants laissés par le scénario. Cela se traduit par un manque total d’ambition à l’image d’une scène entre Leon et Claire face à des Lickers modifiés (une fois de plus) dans des égouts ou la sempiternelle apparition de zombies foutant un bordel parmi les touristes encore présents sur le Rocher.
Le constat est encore plus alarmant quand on le compare aux récents jeux essayant de diversifier leur bestiaire quitte à aller piocher dans le folklore fantastique. Certes, cela ne sied pas nécessairement à un film comme Death Island mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’on nous fait miroiter le retour du requin Neptune ayant bien grandi depuis 1998, au point de faire jeu égal avec le squale de The Meg. On se prend alors à rêver à un face à face iconique, qui plus est contre la team originale réunie au grand complet (à l’exception de Barry), sauf qu’au final, il n’en sera rien, le requin servant simplement d’incubateur pour la transformation finale de Dylan synonyme d’une des créatures les plus hideuses (dans le mauvais sens du terme) jamais vues dans la saga et dont la base anatomique n’a que faire dudit Neptune. L’estocade finale serait-on tentés de dire et débouchant sur une ultime scène d’action découpée n’importe comment et abusant du slow motion pour mettre en avant les errances d’une mise en scène au rabais sabordant définitivement un film prenant l’eau de toute part.
Death Island aurait pu faire oublier les errances de Vendetta avec son casting 5 étoiles ou le lieu cloisonné de son action pour nous offrir quelque chose de plus anxiogène. Il n’en est rien, la médiocrité de l’ensemble (scénario, technique, réalisation) nous incitant presque à reconsidérer les qualités du précédent opus. Un film à vite oublier et à ranger aux côtés de l’exécrable série Infinite Darkness.