A travers ses deux premières saisons, Ted Lasso aura fait profiter ses proches de son écoute attentive et ses conseils avisés. En travaillant sur ses propres problèmes tout en motivant l’équipe fictive de l’AFC Richmond afin qu’elle atteigne les sommets de la Premier League, notre expatrié aura oeuvré sur les terrains et en dehors pour le bien de tous. Chantre du « Good Feeling », on imaginait Ted négocier cette troisième saison en suivant les mêmes préceptes mais pas nécessairement en prenant du recul pour laisser plus de place à son entourage qui aura composé son quotidien durant trois années. Une façon plutôt « originale » offrant à cette saison quelques-uns des meilleurs épisodes du show d’Apple TV +.
L’AFC Richmond parviendra à terminer premier du classement ? Ted guérira-t-il de ses crises d’angoisse ? Roy se remettra-t-il avec Keeley ? Des arcs narratifs, la Saison 03 de Ted Lasso n’en manque pas et se doit donc de les clore en l’espace de 12 épisodes un peu plus longs qu’à l’accoutumée. Alors que la Saison 02 avait amené quelques pistes intéressantes, à commencer par Nate promu entraîneur du club de Manchester tenu par Rupert Mannion, la série prônait toujours cette «positive attitude» en s’appuyant notamment sur un humour délectable construit autour de sa galerie de personnages.
Logique donc que chacun d’entre eux progresse sentimentalement afin de les amener vers une conclusion satisfaisante en fin de saison. Ceux possédant l’évolution la plus intéressante sont sans doute Jamie et Nate. Le premier passera ainsi de joueur prétentieux dans la S01 à une personne beaucoup plus à l’écoute des autres dans la S03 épaulé par le bougon Roy en qui il trouvera un coach personnel ainsi qu’un ami. Doutant de ses propres capacités, il ira même jusqu’à se réfugier dans les bras de sa mère pour trouver du réconfort lors d’un très bel épisode. Nate de son côté, malgré sa réussite fulgurante comme entraineur au sein de Manchester, ne pourra longtemps cacher un véritable manque affectif et essaiera de trouver un palliatif chez ses « collègues » puis chez Jade en qui il trouvera une oreille attentive et bien plus encore.
Si ces deux personnages ont bénéficié d’un soin particulier, Rebecca n’a pas eu droit au même traitement. Sortie d’une amourette à Amsterdam qui trouvera une conclusion expédiée en fin de saison, la sémillante propriétaire de l’AFC Richmond survolera cette saison jusqu’à un face à face réussi avec Rupert mais ici aussi traité prestement. Keely de son côté aura un peu plus de chance en s’affirmant de plus en plus comme une femme indépendante, autant dans ses choix professionnels que personnels mais malgré cette évolution intéressante, on regrettera son manque d’interactions avec le reste de l’équipe à commencer par Roy et Jamie. Tout en ne prenant pas toujours le temps de développer certains personnages principaux, les scénaristes en ont tout de même intégré un nouveau du nom de Zava (Maximilian Osinski), sorte de Zlatan Ibrahimovic oscillant entre la super star du ballon rond et le gourou spirituel. Si le personnage n’apparaît que le temps de quelques épisodes, il apportera néanmoins une sorte d’aura qui cimentera encore plus le groupe afin de le préparer aux matchs qui les attendent.
Sans véritable développement, le personnage de Zava n’en reste pas moins bien intégré dans le show, le but (dans tous les sens du terme) étant au final de créer une nouvelle alchimie entre les joueurs et de les pousser eux même à se dépasser ou à sortir de leur coquille. Le développement de Colin ira d’ailleurs dans ce sens, épaulé par Trent Crimm (passant de journaliste acerbe à biographe de l’AFC Richmond) avec qui il gagnera en complicité.
Dans sa globalité, la S03 de Ted Lasso n’oubliera quasiment personne en chemin en offrant à la plupart des membres de l’équipe son petit moment à l’image de la petite parenthèse nocturne avec Higgins et Will. Dans un sens, on pourra prétexter que la série semble tourner en rond, les histoires se faisant et se défaisant au grès des saisons, mais les conseils et l’empathie de Ted ravivant la flamme de la passion, sur le terrain et en dehors, cette bonne humeur communicative finira toujours par l’emporter même si on pourra reprocher une fin trop artificielle synonyme d’accroche de wagons un peu forcée.
A côté de ça, difficile de ne pas louer la qualité d’écriture globale du show, que ce soit dans son humour, subtile et délicieusement à propos, ou bien encore lorsqu’elle aborde certaines thématiques ou la sexualité de ses personnages. Au final, on fera fie de ses menus défauts pour principalement retenir de Ted Lasso ses immenses qualités et ce que chaque épisode nous aura apporté : de la bonne humeur, des rires et quelques larmes en laissant partir toute cette joyeuse bande qui aura égayé notre quotidien trois années durant.
Sans toujours prendre le temps de s’attarder convenablement sur l’histoire de tous ses protagonistes, la S03 de Ted Lasso n’en reste pas moins drôle, émouvante et très souvent juste dans son écriture. Si on aurait aimé que Rebecca profite d’un meilleur traitement ou que la fin n’essaie pas de rattacher tous les wagons quitte à jouer la carte de la facilité, cette ultime saison clôt l’histoire de Ted sur une touche d’humilité tout en prônant plus que jamais l’optimisme. Nous n’en attendions pas moins.