Quand on évoque Dead Island, on ne peut pas dire que les développeurs aient chômé. Ainsi, en l’espace de trois ans, pas moins de trois jeux ont vu le jour, dont un épisode 1.5 et le spin-off ici présent qui se situe entre Dead Island Riptide et le deuxième opus prévu pour 2015. Mélangeant action et infiltration, Escape Dead Island profite également d’un visuel atypique en cel-shading bien que l’histoire se déroule toujours sur l’île de Banoi. De prime abord, ce projet semble partir sur des bases et un concept intéressants mais qu’en est-il après quelques heures de jeu ?
Délaissant la vue FPS au profit d’une vue à la troisième personne, Escape Dead Island nous plonge directement dans l’action en nous faisant incarner une sorte de ninja à l’accent russe se trimbalant dans un laboratoire infesté de zombies. Evoluant au sein d’un bâtiment en flammes qui plus est en proie à de violentes secousses sismiques, notre avatar va devoir se montrer vif et létal pour avoir une chance de survivre. Se concluant sur un cliffhanger qui entend bien trouver écho dans la suite de l’aventure, ces premières minutes sont là pour nous familiariser avec le gameplay mais aussi et surtout pour mettre en place la narration construite autour de planches de BD animées. Si le titre fait la jonction entre les deux premiers épisodes, l’histoire s’avère quelque peu décevante en ressassant plusieurs éléments qu’on connaissait déjà plus ou moins, tout en forçant encore plus l’aspect conspirationniste de l’ensemble. Pour autant, le scénario a au moins le mérite de nous faire incarner des personnages inédits même si dans les faits, cet aspect n’apporte pas grand-chose. Cependant…
I’m Lost in the jungle
… L’aspect hallucinatoire dans lequel Cliff, le héros principal, semble plongé du début à la fin, apporte quelques idées visuelles intéressantes. Ainsi, on se retrouvera par moments dans un univers immaculé ou au contraire rouge sang reflétant la confusion mentale et l’état psychique du personnage. A d’autres moments, ce sont des containers qui tomberont du ciel en manquant de nous écraser alors que des dialogues étranges semblant provenir d’outre-tombe nous assailliront. Si l’idée des hallucinations est donc une bonne chose, on regrette finalement qu’elle ne serve pas plus le propos du jeu bien qu’elle nous incite à avancer pour connaître le fin mot de l’histoire. Du coup, si on se retrouvera par moments à, littéralement, marcher au plafond, ce parti pris du héros psychotique est le moyen pour les scénaristes de crier leur amour pour la série de JJ Abrams, Lost, référence évidente et exploitée jusqu’à plus soif. En effet, entre le bunker, la jungle ployant au loin sous l’effet du passage d’un monstre invisible ou bien encore le clin d’oeil à l’ours polaire, on ne sait plus où donner de la tête. Marrant d’autant que finalement, ces références injectent une bonne dose de fantastique à un jeu par ailleurs assez limité en termes de gameplay.
Discret comme le vent…
Le principal problème d’Escape Dead Island ne vient pas de son faible niveau technique ou de sa narration mais bel et bien de sa construction maladroite et de sa jouabilité sommaire. En effet, sachant qu’on aura écumé la totalité des lieux de Banoi après quelques heures de jeu, on devra par la suite faire d’incessants allers-retours pour aller chercher tel objet afin de l’utiliser à tel endroit. Très fatigant surtout lorsqu’on passe à côté des bunkers cités plus avant qui restent malheureusement inaccessibles ! Un peu rageant tout comme le panel de mouvements de Cliff des plus réduits. Dommage car de base, le jeu propose un mix intéressant entre approche furtive et combats. Ainsi, avant d’avoir de quoi réduire en charpie les zombies, il vaudra mieux faire preuve de discrétion en éliminant furtivement les macchabées grâce à un couteau bien placé, direct dans le cerveau. A ce sujet, l’aspect infiltration reste quelque peu simpliste, les zombies réagissant quoi qu’il arrive lorsque vous pénétrez dans un champ d’action délimité autour de la cible. Néanmoins, pas de panique puisque que vous soyez accroupi (pour une furtivité accrue) ou non, vous aurez généralement le temps d’assassiner votre cible, le zombie ne vous chargeant que lorsqu’il vous voit directement, un picto sous forme de point d’interrogation vous renseignant alors sur sur le niveau de détection.
… Lourd comme la massue
Bref, si vous pourrez rapidement troquer votre pic à glace au profit d’un couteau plus puissant et donc plus utile pour des assassinats rapides afin de ne pas vous faire détecter, il sera également question d’y aller franco en usant d’un flingue, d’un fusil à pompe, d’une hache ou bien d’un katana. Ainsi, le jeu alternera combats obligatoires et séquences laissées à l’appréciation des joueurs en mettant en avant divers types de zombies, du Cracheur au Bondisseur en passant par le Boucher, tous bien connus des fans de Dead Island. Malheureusement, même avec ces armes, les combats au corps-à-corps restent assez lourds à cause de l’inertie appuyée lorsque Cliff veut courir pour retrouver des forces ou du maniement pataud du perso. Certes, on peut esquiver des attaques ou profiter d’une vue épaule pour ajuster ses tirs mais même en prenant en compte ces possibilités, on tourne vite en rond dans la manière d’aborder les morts-vivants. Et c’est bien ça le problème car si Escape Dead Island n’est pas si mauvais que ça au final, il se limite de lui-même à cause de ses parti pris dommageables et de son contenu limité.
Bien qu’Escape Dead Island se montre plutôt sympathique lors des premières heures passées en sa compagnie, son intérêt s’étiole à mesure qu’on passe de plus en plus de temps avec lui. La faute à un concept incroyablement répétitif dû entre autres au peu de possibilités durant les phases d’action / infiltration et à une construction bâtie sur beaucoup d’allers-retours. Dommage car il y avait pas mal de bonnes idées (mélange de genres, l’intégration au sein de la mythologie Dead Island, les hallucinations du héros) qui auraient pu offrir au titre une dimension plus intéressante. Malheureusement, en l’état, il ne reste qu’un titre bancal montrant trop vite ses faiblesses malgré une première partie prometteuse.