Deuxième opus de The Dark Pictures Anthology, Little Hope s’aventure cette fois dans le domaine de la sorcellerie en mettant en avant Will Poulter (Detroit, Midsommar), son nouvel acteur vedette. Sans grandes surprises, et ce malgré quelques ajustements de gameplay, on retrouve les mêmes qualités et défauts que le précédent volet, Man of Medan.
S’ouvrant sur une introduction semblant savourer le confort d’un modeste foyer américain, Little Hope nous dépeint une famille composée de membres aussi étranges que tordus voués à passer de vie à trépas en une fraction de seconde. Brûlés, empalés, défenestrés, il ne faut pas longtemps à ce second épisode pour enchaîner les morts brutales en nous laissant à nouveau l’impression que la plupart des nos choix sont illusoires et ne servent finalement qu’à amener des scènes plus violentes les unes que les autres. Quoi qu’il en soit, passée cette ouverture, le jeu bifurque vers une ambiance «Silent Hillesque» en nous propulsant, à la manière de Silent Hill : Downpour, sur une route de campagne où l’on retrouve un bus scolaire. La route étant bloquée par un convoi de police, le chauffeur doit alors faire un détour, ce qui, vous l’imaginez bien, va les conduire, lui et ses passagers, droit en enfer. Evitant de justesse une fillette au milieu de la route, le bus fait une embardée avant de terminer sa course sur le flanc. Fort heureusement, les cinq protagonistes principaux s’en sortent indemnes et décident alors d’explorer les lieux pour retrouver la civilisation.
A l’instar de Man of Medan, Little Hope s’appuie sur un groupe disparate composé de personnages à la personnalité marquée. Cette fois, il y est question d’Andrew (Will Poulter), Angela, (Ellen David), Taylor (Caitlyn Sponheimer) et Daniel (Kyle Bailey), quatre étudiants accompagnés de John (Alex Ivanovici), leur professeur. Bien entendu, tout ce petit monde va devoir se serrer les coudes pour espérer sortir vivants de la sordide Little Hope, ville jumelée avec la Silent Hill de Konami. Le tableau étant dépeint, l’intrigue peut débuter…et rapidement décevoir. Sans surprises, et ce malgré les illustres références citées par les auteurs (The Witch, Projet Blair Witch, Hellraiser, It Follows, The Omen), Little Hope semble, tout comme son prédécesseur, totalement prisonnier de son format court (environ 4h pour terminer une run) et de ses multiples fins impactant vraisemblablement la cohérence du récit, la personnalité des personnages ou plus globalement la qualité de l’histoire.
Ainsi, autant dans leurs réactions face au danger ou lors de séquences plus banales, nombre d’entre elles sont peu crédibles et desservent complètement l’immersion et l’empathie pour les personnages. Difficile toutefois de dire si cela vient de l’écriture ou du jeu des acteurs (sûrement un peu des deux) devant également supporter à nouveau un important effet «uncanny valley» qui donne aux personnages des expressions involontairement drôles lorsqu’ils affichent des sentiments comme la colère ou le dédain. Même en faisant abstraction de ce constat, le scénario s’avère brouillon d’autant que deux temporalités (présent et passé) se confrontent. L’idée d’opposer les protagonistes à leurs doubles lors d’une chasse aux sorcières (influence, entre autres, de la pièce de théâtre The Crucible) aurait pu s’avérer être une bonne idée si Supermassive Games n’avait pas commis plusieurs erreurs.
La première d’entre-elle vient ni plus ni moins que du surplus de jump scares (une constante chez le studio depuis Until Dawn) servant 90% du temps à faire la passerelle entre les deux époques. Si le premier d’entre-eux peut surprendre, le tour de passe-passe perd de sa force à mesure qu’on avance au point de devenir un gimmick facile et irritant. La seconde erreur est de ne pas avoir véritablement réussi à imbriquer cette chasse aux sorcières au sein de l’histoire globale, même en connaissant le twist final. Problématique d’autant que la thématique est centrale et qu’elle nourrit le récit du début à la fin au point que les courses-poursuites (mollassonnes et sans intérêt malgré un système de QTE légèrement remanié) avec les croquemitaines de cet opus deviennent secondaires en ne servant qu’à dynamiser un chouilla une exploration de Little Hope subissant de plein fouet une mise en situation maladroite nous donnant l’impression de tourner en rond à cause d’un nombre restreint d’environnements. On reprochera également à ce volet de proposer des séquences parfois trop longues dont la réussite (ou non) des QTE n’impacte pas nécessairement la conclusion. Idiot tout comme le fait de nous laisser à certains moments le choix entre deux voies pour mieux nous faire comprendre qu’on va de toute façon devoir vivre (subir) l’option A puis l’option B. Une manière artificielle et maladroite pour rallonger la durée de vie.
S’embourbant à nouveau dans un niveau technique inégal, avec certes bien moins de freeze que dans Man of Medan mais comprenant toujours des hauts (certains décors, gestion des lumières) et des bas (l’effet uncanny valley décrit plus haut, des NPC d’arrière-plan sans visage et même pas animés lors des flash-back, de multiples soucis techniques -données corrompues, cinématiques ne se lançant pas, textures apparaissant tardivement…-), Little Hope se montre à ce point cousu de fil blanc que le joueur attentif pourra dès le départ glaner de gros indices sur le pourquoi du comment. Reste au final la possibilité de jouer avec quatre ami.e.s et de récupérer l’ensemble des collectibles pour profiter de quelques making-of et bonus intéressants. Un deuxième essai à peine plus intéressant que le premier donc qui n’arrive jamais à la hauteur de ses influences et qui aura bien du mal à surprendre si ce n’est dans sa propension à ne jamais réussir à imposer son ambiance (pourtant primordiale) ici parasitée par l’envie viscérale de nous faire sursauter à tout prix.
Bien que s’inspirant de Silent Hill et des classiques de la folk horror, Little Hope ne semble avoir rien retenu des erreurs de Man of Medan ni même avoir compris ses modèles. Cherchant à tout prix à caser les mêmes jump scares à intervalle régulier, au détriment de l’ambiance terrifiante et malsaine qui aurait dû résulter d’une telle histoire, le deuxième volet des Dark Pictures Anthology se montre aussi peu concluant que le précédent volet en ne parvenant jamais à trouver le juste milieu entre toutes ses influences, son envie de faire frémir et celle de raconter une bonne histoire.