Godzilla Vs Kong : Le choc des Titans !

Progressivement amené à travers Godzilla, Kong : Skull Island, puis Godzilla 2 : Roi des Monstres, Godzilla Vs Kong marque la rencontre entre les deux créatures. Déjà illustré en 1962 dans le King Kong Contre Godzilla de Ishiro Honda, le match entre les deux monstres entend cette fois nourrir le MonsterVerse de Warner qui devrait en toute logique accueillir d’autres bestioles dans les années à venir.

Faisant suite aux trois films pré-cités, Godzilla Vs Kong va droit au but et ne s’embarrasse nullement des préliminaires afin de contextualiser à outrance son histoire. L’idée est ici de vraiment offrir aux spectateurs ce qu’ils sont venus chercher : deux monstres de plusieurs mètres de haut s’envoyant de joyeux bourres-pifs. Sur ce point, autant dire que le spectacle s’avère aussi jouissif et régressif dans son action que peu ambitieux dans sa narration. En effet, la structure du film s’avère bancale à cause d’une absence totale de dramaturgie. Les personnages humains, pourtant omniprésents, ne sont jamais développés et l’affrontement entre les deux monstres n’étant pas vraiment vécu du point de vue des humains, tout ce qui entoure les deux créatures est la plupart du temps présenté comme autant de décors destructibles servant aux scènes certes grandioses mais ne prenant jamais en compte les dommages collatéraux et les pertes humaines.

Bien que son réalisateur, Adam Wingard (You’re Next, le remake de Blair Witch, Death Note) ait assumé ses choix en précisant que son film était vraiment centré sur ses deux monstres, on pourra toutefois trouver étrange d’avoir élaboré un cheminement pour ses personnages à travers trois films pour complètement les délaisser à l’arrivée. Cependant, si il pèche par son scénario évoquant le besoin de trouver un nouvel habitat pour Kong, ce qui ne manquera pas de le faire rencontrer Godzilla en chemin, attiré par un étrange signal, le long-métrage se montre par contre très convaincant dans son action. Autant dans l’impact des coups que dans la lisibilité de l’action, Wingard maîtrise son octogone urbain et aligne les affrontements pour notre plus grand plaisir. On en viendrait presque à oublier les différences initiales d’échelle entre Kong et Godzilla, expliquées par le réalisateur bien que moyennement crédibles.

D’un combat en pleine mer avec un Kong bondissant de porte-avion en porte-avion pour éviter les attaques de Godzilla à un fight nocturne à Hong-Kong, mettant habilement à profit les néons de la ville pour suivre les déplacements des créatures, le film use d’idées intéressantes pour mettre en avant ses deux vedettes. Sans être aussi imaginatif que le Pacific Rim de Del Toro, Godzilla Vs Kong parvient à maintenir une véritable énergie jusqu’à son impressionnant final voyant les deux monstres affronter un Mechagodzilla hors de contrôle, le véritable ennemi de ce long-métrage.

Bien entendu, avant d’en arriver là, Wingard saupoudre son film de moments se voulant dans la lignée plus aventureuse, des Kong originaux ou de Jules Verne. Malheureusement, si il nous emmène en Antarctique, sur l’île du Crâne ou bien encore la Terre Creuse, le tout n’est jamais véritablement mis en valeur autrement que par le biais de passages éclairs qui auraient mérité une exposition autrement plus importante pour offrir au film un souffle plus épique. Plus réussie, la relation entre Kong et Jia, une jeune fille muette, seule à même de calmer Kong, permet d’humaniser le grand singe à l’inverse de Godzilla davantage guidé par ses instincts animal. Caricatural oui mais utile pour bien marquer les personnalités des deux créatures.

Traînant de véritables soucis d’écriture quand il s’agit de traiter ses personnages humains, Godzilla Vs Kong s’agrippe néanmoins à son statut de blockbuster faisant de chaque joute entre les deux monstres un moment jouissif et régressif. Impressionnant et profitant d’un rythme soutenu, le film d’Adam Wingard se laisse suivre avec un plaisir coupable puisque sans atteindre la maîtrise d’un Pacific Rim, il enchaîne des scènes d’action aussi plaisantes que spectaculaires.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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