C’est en 2004 que sort pour la première fois le comics de Ashley Wood (dessinateur) et Kris Oprisko (scénariste). En 2005, il nous arrive en France chez les éditions Soleil. Un an plus tard, en 2006, il ressort sur PSP, sous l’appellation Metal Gear Solid : Digital Graphic Novel. Le concept est plutôt intéressant et permet de profiter de la BD avec une surcouche interactive demandant de débloquer des fragments de mémoire. Bien que Projet Rex ne soit pas tout jeune, il ressort néanmoins pour la toute première fois en album relié de presque 300 pages en France grâce aux éditions Mana Books. Une sympathique leçon de rattrapage pour savoir ce que donne cette adaptation du jeu culte d’Hideo Kojima.
Que celles et ceux cherchant de l’originalité passent leur chemin. En effet, le graphic novel de Wood et Oprisko reprend à l’identique la trame du jeu en l’expurgeant bien entendu de tous ses éléments qui brisaient avec délice le quatrième mur. Ne vous attendez donc pas à ce que Miller vous renvoie à la quatrième de couverture pour trouver un code ou que Psycho Mantis lise dans votre esprit en vous révélant ce que vous avez feuilleté récemment.
L’idée est ici de nous renvoyer à Shadow Moses sous couvert d’un visuel très marqué. Ashley Wood n’usant jamais de lignes claires, les planches semblent parfois perdues entre esquisses et cases nous donnant une impression d’inachevé, ce sentiment étant renforcé lors de certains plans où les personnages ont des allures de mannequins. Toutefois, à mesure qu’on avance dans le récit, le style fait mouche, notamment lors des scènes d’action bénéficiant d’un véritable dynamisme et d’une ambiance étrange, presque fantastique sciant plutôt bien à l’atmosphère de fin du monde régnant en ces lieux. Pour autant, comme toute œuvre non conventionnelle, il va de soit qu’elle divisera à l’image du remake de Metal Gear Solid chapeauté par Ryūhei Kitamura sorti sur GameCube et qui portait la marque indélébile du réalisateur japonais.
Si vous arrivez à accepter, voire à apprécier, le style du dessinateur, vous aurez alors le plaisir de replonger dans une intrigue d’espionnage (en surface) évoluant rapidement vers un complot dont les racines s’étendent jusque dans less années 60. Le scénario de Kojima n’a rien perdu de sa force évocatrice et peut toujours compter sur une incroyable galerie de personnages (de Revolver Ocelot à Vulcain Raven en passant par Sniper Wolf ou Gray Fox) portant à bout de bras un récit haletant. A ce propos, on remarquera tout de même que Kris Oprisko s’est permis quelques petits changements, via des dialogues saupoudrés d’humour, plus crus (la première rencontre avec Meryl) ou lors de certaines scènes cultes à l’image de l’affrontement contre Psycho Mantis notamment. Mentionnons d’ailleurs que la version d’Oprisko est toute aussi réjouissante que le combat original car usant de façon différente des capacités du personnage pour amener des idées qui auraient certainement donné quelque chose d’impressionnant en jeu vidéo.
Si le résultat est agréable, il faut tout de même avouer que malgré les 300 pages du graphic novel, l’intensité est moindre, le comic-book ne disposant pas de la même montée en puissance que le jeu qui pouvait compter sur une incroyable mise en scène, ce mélange d’action et d’infiltration et surtout l’intéractivité. Au final, la force de cette version de Metal Gear Solid de papier consiste à donner envie au lecteur (qu’il connaisse ou non le jeu original) de (re)découvrir ce très grand titre manette en mains. On aurait donc tort de se priver de ce petit plaisir, si tant est que vous ne soyez pas réfractaire au trait particulier de Ashley Wood.