Sorti initialement en 2018 au Japon pour fêter les 15 ans du survival-horror Forbidden Siren, le manga Siren Rebirth nous arrive aujourd’hui grâce à Mana Books. Se revendiquant de l’influence J-Horror, ce premier tome se complaît ainsi dans une ambiance macabre et étrange en évoquant pêle-mêle, Ring, Noroi : The Curse ou le récent Howling Village de Takashi Shimizu (Ju-On).
D’entrée de jeu, ce manga, composé de 8 tomes, reste donc relativement classique de par son pitch évoquant ses emprunts au cinéma de genre et bien entendu au jeu de SCE Japan Studio : 27 ans après le glissement de terrain ayant entraîné la disparition supposée du village d’Hanuda, la rumeur court que cet événement étrange cacherait en réalité une tuerie de masse et que ce village isolé serait victime d’une malédiction. Passionné par les légendes urbaines, Kyoya Suda décide d’enquêter sur cette histoire et se rend sur place.
Comme on peut le voir, tous les composants du récit horrifique sont là et ce n’est donc pas dans sa structure ou même ce qu’il raconte que ce premier volume vous étonnera. D’autant plus vrai qu’il reprend la plupart des éléments du jeu à commencer par divers personnages dont Kei Makino et Shiro Miyata. Cependant, si le scénario de Tsutomu Sakai semble un peu trop classique pour le moment, le trait de Yukai Asada (actuellement sur une adaptation de Sengoku Basara) apporte au récit une bonne atmosphère générale, que ce soit dans les scènes choc, celles plus centrées sur l’ambiance ou la représentation de la folie, notamment, grâce à des yeux très expressifs évoquant parfois le trait de Gou Tanabe. A ce titre, on sera d’ailleurs un peu étonné que le héros arbore des expressions évoquant l’aliénation qui ne sont pas toujours raccord avec ses réflexions du moment. Difficile de dire si ceci tient au chara design ou à la personnalité de Kyoya que le mangaka souhaite mettre en avant.
Toujours est-il que ce premier tome se lit sans déplaisir même s’il se montre très avare en dialogues, Sakai et Asada préférant s’attarder sur les rues désertes du village, les découvertes macabres ou certains personnages afin de dépeindre l’ambiance globale de leur histoire. Le tout fonctionne plutôt bien d’autant qu’on découvre rapidement que Kyoya est doté de La Vision, capacité lui permettant de voir à travers les yeux des créatures. Si le procédé était génial et central dans le jeu, il devient ici un simple gimmick au détour d’une scène d’action. Il faudra donc attendre de voir les prochains volumes pour savoir si ce pouvoir sera utilisé de manière plus judicieuse. De même, il nous tarde de voir comment les auteurs s’en sortiront pour dynamiser cette histoire jouant sur deux temporalités et tournant autour de cérémonies impies et de deux jumeaux que tout semble opposer. Pour l’heure, cette introduction reste donc relativement efficace, et ce, malgré un empressement dans les situations s’enchaînant rapidement et ne permettant pas toujours de créer une empathie suffisante pour le héros ou les autres personnages de l’aventure.
Précisons enfin que si l’univers de la série vous intéresse, ce premier volume propose une interview croisée entre Nobuaki Mitsuda (interprète de Kei Makino et Shiro Miyata) et le scénariste de la série Naoko Sato, recelant diverses anecdotes, notamment sur la difficulté extrêmement élevée du jeu.