Sorte d’écho science-fictionnel de la pandémie qui sévit depuis plus d’un an et du confinement qui en découle, Oxygène nous enferme avec Mélanie Laurent pendant 1h40. Un trip suffocant où la prestation de l’actrice française rayonne alors que la caméra d’Alexandre Aja (Haute Tension, La Colline a des Yeux) multiplie les points de vue afin de faire monter notre jauge d’anxiété.
Huis clos dans le prolongement de l’excellent Buried de Rodrigo Cortés, Oxygène entreprend le difficile exercice de maintenir un suspens dans un lieu exigu en variant autant que faire se peut les situations pour retenir l’attention du spectateur. A ce petit jeu, Alexandre Aja y arrive plutôt bien en usant au mieux de son environnement, que ce soit à travers une administration automatique de sédatif pouvant s’avérer létal, des écrans présentant à intervalle régulier le pourcentage d’oxygène restant ou bien encore l’enchevêtrement de câbles et autres éléments entravant les mouvements de Liz. Optant pour des angles de caméra astucieux et des rebondissements bien amenés, Oxygène déroule son intrigue, se passant plus ou moins en temps réel, sans que l’intérêt ne faiblisse vraiment.
Toutefois, à l’inverse de Buried où la libération de Ryan Reynolds était plus centrale que la façon dont il s’était retrouvé enterré vivant, le script d’Oxygène opte pour un traitement plus personnel. Sujet à une sorte d’amnésie et répondant au tout départ au nom d’Omicron 267, Liz désire savoir qui elle est, afin de trouver la meilleure façon de sortir au plus vite de prison. Pour se faire, elle trouvera une aide précieuse en «la personne» de MILO, IA dans la grande tradition du HAL 9000 de L’Odyssée de l’Espace et dont la voix monocorde et reposante de Mathieu Amalric tranche radicalement avec l’urgence de la situation. Un jeu de pistes va alors s’opérer à travers la consultation de documents vidéos mais aussi de flashbacks renvoyant à la vie passée de Liz. Une façon classique de sortir du caisson tout en apportant quelques indices au fur et à mesure du récit. Sur ce point, on pourra d’ailleurs trouver dommageable qu’Aja et sa scénariste, Christie LeBlanc, aient un peu trop rapidement griller quelques cartouches, à travers certains plans relativement explicites sur la progression de l’histoire, ainsi qu’une ou deux approximations ne minimisant pas pour autant l’impact de la conclusion.
On pourra également déplorer que le caisson médical soit beaucoup moins anxiogène que le cercueil de Buried (simplement illuminé au briquet), les écrans de contrôle, les dialogues constants avec MILO ou bien encore la possibilité de passer des appels offrant au scénario davantage d’expirations que d’inspirations.
Cependant, grâce à son double enjeu, Oxygène tient la longueur en offrant une progression maîtrisée et immersive grâce au jeu de Mélanie Laurent parvenant à synthétiser les nombreuses émotions liées au trauma qu’elle subit. Son personnage et sa quête de la vérité étant à ce point centraux, on fermera les yeux sur le manque d’informations quant à l’époque où l’intrigue se déroule, jamais clairement précisée mais finalement peu utile à cette histoire jouant autant sur l’intimité de Liz que sa survie.
Après les crocos de Crawl, Alexandre Aja renoue avec la tension à travers un script recelant quelques invraisemblances mais proposant un rôle de composition à une Mélanie Laurent impliquée. Moins anxiogène que Buried, distillant sans doute un peu trop rapidement ses indices, le film réussit malgré tout le pari de nous maintenir en haleine pendant 1h40, à l’intérieur de ce caisson de survie qui n’aura jamais aussi bien porté son nom. Profitant d’une réalisation astucieuse, d’un casting intelligent et de plusieurs enjeux enrichissant la narration, Oxygène se montre aussi attentif à son environnement qu’à son actrice en lui offrant un voyage non sans défauts mais des plus haletants.