Uniquement destinée à la VOD, la saga des films CGI de Resident Evil aura gagné ses galons à mesure qu’elle aura engendré des épisodes supplémentaires. Peu surprenant puisqu’en plus d’un niveau technique de plus en plus maîtrisé, Degeneration et Damnation étaient avant toute chose pensés pour les fans grâce à la présence de personnages iconiques, un rythme haletant et une mélange d’action et d’horreur puisé à la source de la saga vidéoludique. C’est donc fort logiquement que Resident Evil : Vendetta remet le couvert en misant exactement sur la même recette. Mais le résultat est-il aussi probant que celui de ses aînés ?
Si les deux précédents épisodes ne s’étaient pas vraiment embarrassés d’une histoire digne de ce nom, Vendetta essaie tant bien que mal de consolider le passé de ses personnages afin de les rendre plus humains. Toutefois, la façon de le faire est fort maladroite, les tentatives narratives se soldant souvent par des clichés frôlant le risible. Ainsi, si le fait d’offrir un passé douloureux à Arias pour tenter d’expliquer les raisons l’ayant poussé à concevoir un virus permettant de contrôler des zombies est louable, la mise en scène associée est pour le moins gênante. L’exemple le plus frappant tient sans doute à cette séquence de quelques minutes censée nous émouvoir en nous renvoyant quelques années en arrière, au moment du mariage d’Arias qui doit faire face à la mort de sa femme, suite à l’attaque surprise de l’Armée n’ayant rien trouvé de mieux que de lui balancer un missile téléguidé. Too much, le réalisateur enfonce le clou avec un plan nous montrant Arias criant sa colère vers le ciel suite au décès de sa compagne. Digne d’une scène de Scary Movie, la séquence se fait malheureusement l’écho d’un moment similaire voyant Chris hurler à la mort, avec un de ses camarades tombés dans les bras, sur fond d’explosion. Pas de doutes, autant Tsujimoto est doué lorsqu’il s’agit de chorégraphier des scènes d’action, autant il multiplie les clichés les plus obsolètes du genre.
Côté fan service, on ne sera pas trop étonné de retrouver la réplique quasi exacte de l’intro du premier Resident Evil avec un commando dirigé par Chris prenant d’assaut un manoir ressemblant comme deux gouttes d’eau à celui de Spencer. Un clin d’oeil appuyé à la mythique battisse qui après avoir élu domicile dans les montagnes d’Arklay, en Antarctique (Code Veronica) ou bien encore sous la mer (Revelations), se retrouve ici en pleine jungle d’Amérique du Sud. Malgré l’absence d’originalité dans la façon de procéder, cette introduction est l’occasion de poser les bases d’un film débutant habilement par le biais de l’horreur (et un gore très prononcé) pour très vite retomber dans une action non stop en provenance de l’autre côté de l’Atlantique.
Entre John Wick et Equilibrium
De fait, les deux derniers actes de Vendetta se déroulant en plein New-York infestée de zombies, le réalisateur se lâche complètement en multipliant des passages hérités du cinéma d’action américain de ces dix dernières années. Malheureusement, le budget ne permettant pas de rendre la Big Apple grouillante de vie, le tout prend parfois des allures de film un peu fauché ayant tout de même le mérite de nous proposer des séquences assez folles à l’image de la poursuite à moto entre Leon et deux Cerbères. Même son de cloches lorsque Leon et Chris usent de leurs capacités martiales pour venir à bout de plusieurs zombies. On sent d’ailleurs ici l’influence directe de John Wick et du moins connu, bien qu’excellent, Equilibrium, Leon misant, à l’instar de Keanu Reeves, sur des mouvements rapides pour faire de chaque tir un headshot pendant que Chris opte pour un style plus proche du gun-kata issu du film de Kurt Wimmer.
Au delà du côté jouissif de ces passages, on regrettera tout de même qu’ils suintent la testostérone, Rebecca Chambers ayant pour sa part un rôle beaucoup plus effacé voire caricatural de demoiselle en détresse. Dommage car la jeune femme, devenue professeur et travaillant sur un remède pour éradiquer les effets d’un nouveau virus transformant les gens en zombies, aurait pu tirer son épingle du jeu d’une toute autre façon. Malheureusement, il faut croire que les films de la saga ont du mal à faire évoluer leurs personnages féminins, souvent cantonnés à leur rôle initial sans autre possibilité de dévoiler d’autres facettes de leur personnalité.
Malgré ses défauts, Resident Evil : Vendetta se laisse voir ne serait-ce que grâce à sa réalisation maîtrisée magnifiant les séquences d’action ou son niveau technique. Un troisième épisode dans la droite lignée des précédents donc, moins dense et intense que Damnation et usant de ressorts scénaristiques réchauffés. On aimerait d’ailleurs que Capcom s’émancipe pour les prochains volets d’une construction connue de tous ne laissant la place à aucune surprise tant dans la narration que l’enchaînement des situations donnant l’impression que le film doit coûte que coûte se conclure de la même façon que les jeux. On a beau souvent jubiler et apprécier un certain fan service, nous ne serions pas contre un peu de fraîcheur.